La semaine dernière, je vous ai proposé un article assez délirant (mais pas tant que ça) sur la théorie scientifique d’un univers vivant, mais faute de place, je ne vous ai pas parlé d’un animal qui me passionne, le tardigrade. Je suis tellement fan de ce « marcheur lent » (du latin tardigradus) qu’en 2009 j’ai même acheté un microscope pour l’étudier ! Et je n’ai pas pu m’empêcher d’en caser un dans le tome 3 des Pirates de l’Escroc-Griffe… Bon, quel rapport avec mon billet précédent ?
À la fin des années 90, je suis tombé sur un article scientifique hallucinant : des chercheurs ont extrait par hasard de la glace des tardigrades congelés surnommés «oursons d’eau», des animaux à huit pattes qui mesurent jusqu’à 1,5 millimètres de diamètre. Les scientifiques étaient persuadés qu’ils étaient morts, mais à leur grande surprise, les tardigrades ont repris vie après un long sommeil ! En cas de stress physique, ces petites bêtes qui ne vivent habituellement que quelques mois rentrent en cryptobiose : elles rétractent leurs huit pattes pour perdre 99% de leur eau, et la remplacent par un antigel de synthèse. Dans cet état, même avec des capteurs ultra-sophistiqués, il est impossible de déterminer si ces créatures sont vivantes ou mortes !
Les tardigrades sont omniprésents : on les trouve dans les mousses et lichens de nos forêts, au sommet de l’Himalaya, dans les régions polaires, et même dans les océans à 4000 mètres de profondeur ! Il faut dire que ces bestioles disposent de propriétés étonnantes. Elles peuvent encaisser des doses de rayons X mortelles pour l’homme, résister à une température de -272°C (un degré du zéro absolu), ou de 150 ° pendant quelques minutes. Plus incroyable encore, les oursons d’eau peuvent supporter 60.000 mètres de fond ! Étrange quand on sait que la fosse des Mariannes, le point le plus profond de la planète, fait « seulement » 11.000 mètres de profondeur… Pourquoi ces animaux sont-ils suradaptés à notre environnement ? En 2007, je n’étais pas au bout de mes surprises : cette année-là, une fusée russe a emmené dans l’espace des tardigrades pendant 12 jours. À ma grande stupéfaction, la plupart des « marcheurs lents » ont résisté au vide. Malgré les rayonnements ultra-violets, connus pour abimer les chromosomes, les tardigrades survivants ont pu se reproduire à leur retour, ce qui laisse entendre que ces créatures répareraient leur ADN !
Pour résumer, ces animaux sont capables de survivre dans le vide spatial, de supporter des pressions et des températures inconnues sur Terre, ont résisté à cinq extinctions majeures d’espèces sur plusieurs centaines de millions d’années, ainsi qu’à bien d’autres environnements extrêmes… Ces organismes suradaptés ont-ils voyagé dans des météorites avant d’atteindre notre belle planète bleue ? La panspermie est-elle possible ? L’éternel rêveur que je suis n’a pu s’empêcher de songer à ces questions, sans imaginer un seul instant que des biologistes américains et russes allaient se pencher dessus également ! Le but de la mission LIFE (Living Interplanetary Flight Experiment) était d’envoyer durant trois ans dans l’espace des organismes extremophiles tels que des bactéries, des mousses, et des tardigrades. Le voyage devait les amener jusqu’à la lune martienne de Phobos, avant leur retour sur Terre. Malheureusement, le module s’est écrasé dans l’océan Pacifique.
Il y a fort à parier que dans les années à venir, d’autres tardigrades seront envoyés dans l’espace. Peut-être qu’un jour les scientifiques arriveront à prouver que la vie dans l’univers est un phénomène courant, sinon banal…
EDIT : il y a peut-être des milliers de tardigrades en vie sur la Lune
Bestiole étonnante !
Oui, un sacré survivant ! 😀
UN bien bel animal en effet.
L’astronaute idéal ? 🙂
Si on pouvait les motiver.
Je vais en toucher deux mots à la NASA !
Incroyable ! Si on pouvait les faire parler, ils nous raconteraient l’histoire de notre planète ?
Pour l’instant, à ma connaissance les plus anciens spécimens ont été retrouvés dans de l’ambre du crétacé, donc cela signifie qu’ils ont au moins connu le tyrannosaure rex ! 🙂
Impressionnant ! Je comprends que tu en aies glissé un dans ton bestiaire ! 🙂
Oui, j’adore ces animaux ! 🙂
Haha, l’homme n’est que bien peu de choses par rapport à ces bestioles qui nous survivront sans aucun problème !
Oui, quelque part c’est rassurant ! 😉
Quand l’extinction humaine sera faite, ce sera le temps non pas des orcs, mais des tardigrades (j’ai cru qu’il y avait un rapport avec le Tardis. A part la longévité, je ne vois rien d’autre comme point commun :-))
Hihi pas faux 😀 En fait, le TARDIS est l’acronyme de Time and Relative Dimension in Space, donc il n’y a rien de commun 😉
Je viens de découvrir qu’ils ont des concurrents sérieux !!
http://fish-dont-exist.blogspot.fr/2014/05/bdelloides-vedettes-dechues-dans-lombre.html
Enorme ! Merci beaucoup pour cette belle découverte ! 😉
[…] notamment de la catégorie "Humeur", qui évoquent le Japon, les biopunks, les tardigrades, les univers vivants, les pulps, les Daleks, les dystopies, la Jordanie, ou même la république […]
Hey ! J’adore les tardigrades ! Ce sont des bestioles absolument exceptionnelles, et d’ailleurs c’est dommage que les légendes leurs prêtent des supers pouvoirs qu’ils n’ont pas, alors qu’ils sont déjà fichtrement intéressant dans la vraie réalité 🙂 Du coup, obligée de préciser : c’est de la pure fiction un retour à la vie après des milliers d’années. Un scientifique aurait observé un fifrelin d’activité (suivi par un silence radio) chez un spécimen congelé depuis… 20 ans ! Et il n’est même pas certain que c’était pas un pet de ses instruments de mesure. Mais pas d’observations de pépères millénaires. D’ailleurs, il y a un bon article scientifique qui démêle le faux du vrai (« Facts and fiction about long-term survival in tardigrades »). Les radiations, les vide inter sidérale, les températures extrêmes, tout ça tout ça c’est déjà bien impressionnant (bon ce n’est pas tout le monde qui survit, mais quand même !!)
Par contre, l’article cité plus haut dans les commentaires (d’ailleurs c’est grâce à cette personne qui a commenté que j’ai atterris là 🙂 ) parle d’une bestiole plus extraordinaire encore que les tardi : les bdélloïdes ! Dommage qu’ils ne soient pas aussi mignons, du coup ils sont moins connus alors que côté super pouvoirs, ils n’ont rien à envier aux tardigrades 🙂
Enfin reste que les tardi, au microscope, c’est juste un bonheur de tomber dessus, avec leurs petites patounes qui s’agitent dans tous les sens 😀
Merci Sophie pour ta précision extrêmement intéressante, je corrigerai l’article ! On sent ta passion pour la bestiole 😉 Je suis bien d’accord sur le fait qu’il y a plein d’animaux extraordinaires, Dame Nature n’a pas fini de nous surprendre ! Merci pour ta visite 😉
Merci pour cet article très intéressant sur ces petits animaux que vous nous invitez sans le dire à considérer comme nos ancêtres !
Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la réalité de la panspermie, la vie ne peut être vue comme banale. Tellement étonnant de voir ces êtres si primaires dotés de mouvements et déplacements apparemment intentionnels
Merci pour les images
Merci à vous pour ce commentaire ! Oui, la vie est plus complexe qu’on ne l’imagine, il y a d’ailleurs eu récemment une découverte scientifiques absolument incroyable :
https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/geologie/microbes-des-milliards-d-inconnus-sous-terre_130128
Visiblement, la vie « intra-terrestre » foisonne très loin sous la surface de la Terre… et peut-être d’autres planètes du système solaire ? Suite au prochain épisode… 😉
[…] étrange : aussi incroyable que cela puisse paraître, elle était peu intéressée par les tardigrades, l’archéologie romaine en Afrique proconsulaire, la peinture de jeux de figurines ou le […]