Game of Thrones, c’est la zone (attention, spoilers)

Je sais que ce billet est tardif mais il m’a fallu un mois pour recoudre mon cœur qui saigne me remettre du dernier épisode de la saison 5 de Game of thrones (comment les scénaristes ont-ils pu nous faire ça ? Je suis quasiment sûr que c’est interdit par la Convention de Genève). Comme chaque année, David Benioff et D. B. Weiss ont réussi leur coup (médiatique), mais je ne sais pas trop quoi penser de cette saison. Je l’avoue volontiers, j’ai adoré la bataille avec les morts-vivants de l’épisode 8, les effets spéciaux toujours plus somptueux. C’est simple : jamais une série télévisée orientée fantasy n’a bénéficié d’autant de moyens. Il y a parfois de (rares) séquences plus contemplatives comme le voyage de Jorah et Tyrion. Durant cette scène aussi courte que frustrante, on assiste à un vrai moment de poésie mélancolique à mesure que se dévoilent les somptueuses ruines de Valyria, vestiges d’un monde perdu.

La fameuse séquence que j'aime tant

La fameuse scène contemplative que j’aime tant

Avec de tels atouts, et des acteurs si talentueux, les scénaristes étaient-il obligés d’avoir recours à une surenchère de violence gratuite, comme s’il fallait brutaliser régulièrement le spectateur pour maintenir son intérêt ? Souvent, on est pas loin du « torture porn », notamment dans l’abominable épisode 9, quand la fille de Stanis meurt brûlée vive sur le bucher. Vous allez me dire que ce n’est pas de la violence gratuite puisque cet acte barbare (filmé hors-champ) nous fait prendre conscience que Stanis est prêt à tout pour s’asseoir sur le trône de fer. Le problème, c’est que cette séquence, ainsi que le viol de Sansa, ne figurent pas dans les livres… Au fil des saisons, cette débauche de sexe et de sang va crescendo, comme on le constate avec Arya et le meurtre sadique de Meryn Trant : à vouloir choquer pour choquer, c’est bien la première fois qu’une scène aussi sanguinolente me laisse de marbre.

Les scénaristes vont plus loin que George R.R. Martin, mais l’écrivain cautionne complètement la démarche de David Benioff et D. B. Weiss, donnant l’impression que les trois auteurs ont sombré dans lhubris. Ils ont enfanté un véritable monstre de Frankenstein, mais cette créature est-elle viable ? George R.R. Martin écrit des pavés de plusieurs milliers de pages difficilement conciliables avec une série orientée adultes qui doit assurer un minimum de suspens entre chaque saison, voir entre chaque épisode… Au final, je ne sais plus quoi penser de Game of thrones : ai-je encore envie de continuer à la regarder après la disparition de Jon Snow ? Pas sûr… mais je me sens à présent comme un type paumé dans un quartier mal famé qui se voit contraint de le traverser, comme bon nombre de fans je suppose.

Game of thrones, c’est vraiment la zone.

D’autres avis : L’Oeil du Lémurien

Published in: on juillet 24, 2015 at 9:43  Comments (30)  
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