La Bataille des Cinq Armées

Ce n’est pas un secret : j’entretiens une relation compliquée avec Peter Jackson (qui jusqu’à présent le vit bien). Je fais partie des gens qui ont idolâtré le Seigneur des Anneaux à sa sortie et qui ne jurent que par les versions longues. J’ai aimé un voyage inattendu, hurlé de joie quand le cinéaste néo-zélandais a annoncé qu’il voulait réaliser une trilogie. À l’époque, j’avais cru, à tort, que Jackson allait adapter le conte de mon enfance en deux films et nous livrer un troisième opus totalement original servant de lien entre le Hobbit et le Seigneur des Anneaux. Du coup, l’année dernière j’ai conspué la désolation de Smaug dans cet article incendiaire qui a longtemps été le plus lu de mon blog. Pour résumer : j’avais détesté l’histoire d’amour entre une elfe et un nain, l’abus d’effets numériques, les multiples trahisons vis à vis de l’œuvre originale, la fin en queue de poisson… J’étais si déçu qu’il n’était même pas question de regarder les sacro-saintes versions longues de cette nouvelle trilogie.

Quand la bataille des cinq armées est sorti, je me suis juré de ne pas le voir, déversant mon fiel sur les articles de mes (patients) amis blogueurs.

Mon état d'esprit à la sortie de "la Désolation de Smaug"

Mon état d’esprit à la sortie de « la Désolation de Smaug »

Mardi soir, étant donné que j’avais visionné tous les films de mon cinéma, c’est la mort dans l’âme que je suis allé voir le dernier Peter Jackson, persuadé d’être à nouveau trahi et… hum… comment dire…

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Est-ce que cela signifie que j’ai brutalement retourné ma veste ? Pour être franc, les défauts que je redoutais sont bien là : le numérique à outrance, les libertés avec le conte original, l’histoire d’amour, le trop plein d’action… mais, je dois le reconnaître, ces problèmes sont bien moindres que ce que j’imaginais. Vous l’avez deviné, j’ai aimé ce troisième volet des aventures de Bilbo. Peut-être par ce que j’ai fait le deuil de l’adaptation dont je rêvais ? Ou parce que je savais que c’était le dernier long-métrage consacré à la Terre du Milieu ? Toujours est-il que j’ai beaucoup apprécié l’interprétation pleine d’émotion de certains acteurs : Richard Armitage en roi fou, Martin Freeman dans la peau d’un Hobbit héroïque. J’aurais d’ailleurs souhaité plus de scènes les réunissant, car le film est un écho intéressant, quasi psychanalytique, du premier opus : un souverain qui reproduit les erreurs de son grand-père à travers la quête de cette montagne, véritable tombeau malédiction familiale. J’ai aimé l’idée, pour le coup pas très manichéenne, qu’après avoir triomphé Thorin risque de devenir à son tour un dragon assoiffé de richesses. Comment ne pas percevoir dans le destin de ce roi un funeste prélude au Seigneur des Anneaux ? Sans unité, les peuples de la Terre du Milieu sont au bord du gouffre. L’avidité, la tentation du pouvoir, autant de thématiques importantes dans l’œuvre de Tolkien et que Peter Jackson traite, une fois de plus, comme un drame shakespearien à la manière des Deux Tours et du Retour du Roi : il y a beaucoup de Theoden et de Denethor dans le personnage du souverain Thorin.

Thorin, le charismatique roi des nains

Bien sûr, ce ressenti ne peut faire oublier les nombreux défauts du long-métrage. La séquence fan service à Dol Guldur est, avec celle de Legolas en skate-board dans les Deux Tours, la scène la plus embarrassante des six films : Gandalf, Galadriel, Elrond et Saroumane combattent des Nazgûl ninjas numériques commandés par un Sauron qui manque cruellement d’envergure. Les incohérences sont légion : entre les trolls qui ne craignent plus la lumière du jour, la géographie de la Terre du Milieu pas toujours respectée, on a l’impression que Peter Jackson souhaite davantage mettre en scène une histoire épique bourrée d’action qu’un conte poétique. Mais passé ce constat, j’ai aussi eu le sentiment que les pièces d’un puzzle se mettaient en place, et pour cause : après le Seigneur des Anneaux, Tolkien lui-même a tenté, sans succès, de réécrire l’enfantin Bilbo le Hobbit pour assurer une meilleure cohérence avec sa trilogie. Le réalisateur néo-zélandais a décidé de procéder de même : s’éloigner du livre en essayant de ne pas trahir son esprit. Autant dire qu’il s’agit d’un grand écart impossible (Bilbo a été pensé comme un conte naïf), mais qui n’est pas dénué de légitimité quand on sait que Tolkien lui-même était gêné par certaines, osons le mot, incohérences inhérentes à son œuvre de jeunesse. Voilà pourquoi, avec le recul, j’ai réalisé que je ne pouvais qu’être déçu par l’un des trois films (pour info, je n’avais pas aimé la version courte des Deux Tours).

Si, pour moi, le Seigneur des Anneaux restera à jamais la trilogie phare de Peter Jackson, je suis forcé de reconnaître que la saga du Hobbit n’est pas dénuée de qualité. Mardi soir, le barbu de Wellington m’a offert un beau cadeau de Noël : un ultime voyage dans la Terre du Milieu. Merci Monsieur Jackson, j’ai hâte de découvrir vos versions longues !

D’autres avis : Lorhkan, Traqueur Stellaire, Le Bibliocosme, Sardequin

Published in: on janvier 2, 2015 at 10:40  Comments (23)  
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23 commentairesLaisser un commentaire

  1. Je me souviens parfaitement de ton article sur le deuxième opus et j’avais été comme toi, déçue et même énervée par ce film. J’avais quand même envie de voir le troisième volet et ça me rassure un peu de découvrir ton avis. Ca ne pouvait pas être pire de toute façon !
    Et au fait, bonne année pirate !

    • Merci Manihola, bonne année également !

      J’ai hâte d’avoir ton avis sur ce film qui, je pense, sera meilleur en version longue. A la différence de pas mal de spectateurs j’aime la longue fin du Retour du Roi et je pense que Peter Jackson va rallonger celle de la Bataille des Cinq Armées. Peut-être l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’Arkenston et ce qui se passe après la bataille ?

  2. Il y a de bonnes choses dans ce film, la conclusion par exemple, bien que courte, boucle joliment la boucle. C’est également toujours aussi spectaculaire et fort joli.

    Mais l’accumulation de petits trucs énervants m’ont vraiment fatigué. Ils étaient sans doute déjà présents dans les opus précédents, mais là c’est la goutte d’eau…
    Les cabrioles de Legolas, les incohérences géographiques (Legolas et Tauriel voyagent plus vite que la lumière !), la fin du mystère sur le pouvoir de certains personnages qui aurait dû rester mystérieux, un maniérisme lourdingue dans la réalisation, etc… Ça m’a saoulé !

    Je suis content d’avoir vu cette trilogie malgré tout, mais il est grand temps que ça se termine…

    • C’est amusant car l’année dernière j’avais le sentiment d’être, au sein de la blogosphère, l’un des pires détracteurs de « la Désolation de Smaug » et là, pour le coup, je me sens moins virulent que toi et d’autres blogueurs 🙂 C’est vrai que trop de Legolas tue Legolas ! Mais cette année, j’ai moins été choqué car à la fin du second volet j’ai fait le deuil d’une adaptation extrêmement fidèle. Je te rejoins sur l’idée qu’une trilogie n’était vraiment pas le format idéal pour cette adaptation, Peter Jackson aime se compliquer la vie 😀

    • Le souci du cliffhanger final c’est qu’il force à considérer le Hobbit comme une simple préquelle, c’est pratique pour Peter Jackson mais ça force l’adaptation du roman dans une direction qui ne lui était pas propre au départ…

      • C’est ça ! En fait l’adaptation commence à diverger avec Tauriel et Legolas dans « Smaug », c’est à ce moment là que tu es contraint d’accepter que les films partent dans une autre direction (ce que j’avais refusé en bloc à l’époque). C’est un peu la même remarque pour Dol Guldur : Jackson a voulu amener du liant avec Sauron, impliquer Smaug dans une vaste machination sur fond de retour du Mal en Terre du Milieu. Cela avait fonctionné avec le Seigneur des Anneaux (Saroumane n’était qu’un pantin de Sauron), mais là cette refonte était peut-être un peu trop ambitieuse ! 🙂

  3. […] critiques : Ameni (Le blog d’Ameni), Escroc-Griffe (Les Pirates de l’Escroc-Griffe), Le Hulk (L’Ecran miroir), MissG (Le Monde de MissG), Nico (L’Écran miroir) et Un Odieux […]

  4. Comme quoi, il faut toujours faire son propre avis !

    • Tout à fait ! 😀

      • En relisant ton article, je retrouve aussi certaines de mes réserves. Les incohérences parfois du récit ne masquent pas à mon sens les autres qualités de ce film et de la trilogie en général. Pour moi, elle était mal partie (je n’avais pas vraiment aimé le premier volet), avant, toujours pour moi de retrouver quelque chose dans le second et maintenant avec ce dernier. Peut-être que les versions longues (je n’ai pas vu celles du premier et second film, si elles existent) que je vais attendre avant d’acheter les DVD corrigeront certains défauts.
        En attendant, entre le SDA et le Hobbit, je crois que Peter Jackson a vraiment construit une œuvre… Qu’elle nous plaise ou non.

        Aller, bonne année 2015 de toute manière 😉

        • J’ai hâte d’avoir ton avis final avec les versions longues 🙂 Bonne année !

  5. Il y a de trés belles choses dans ce film, et c’est ça qui fait mal, il aurait put être fabuleux si bien adapté.

    C’est un bon film d’héroic fantasy, qui a du séduire des millions de lambda, mais PJ à perdu les fans dans cette « aventure ».

    Damned… quand je repense aux vers des sables « de Dune »… (Ils faisaient 50m de plus, rentraient dans la montagne et puis c’était fini au moins…) quel horreur.

    Et depuis quand les orcs sont ils si disciplinés ? En rang serré et en full plaque ? … de jour ? Arggg… Damned.

    • Ce qui est un peu embarrassant avec ces vers, c’est que visiblement il y a un malentendu : Tolkien employait volontiers le terme « vers » pour désigner des dragons. J’avais lu sur un site spécialisé que ces vers étaient plus des sortes de dragons chinois sans ailes que les monstres qu’on voit à l’écran… En ce qui me concerne, c’est plus la séquence de Dol Guldur qui m’a gêné !

  6. Je ne me permettrai pas de juger le film car je ne l’ai pas vu, ni le 2ème d’ailleurs tellement le 1er m’a déçu. Je suis juste content de savoir que tu as passé un bon moment cinématographique et bravo pour ce bel article bien argumenté comme toujours !

  7. Merci Fred ! Effectivement, si tu n’as pas aimé le premier volet, je pense que tu risques de ne pas du tout apprécier la suite… J’ai regardé hier soir la version longue d’un voyage inattendu : les nouvelles séquences sont amusantes, mais je crois qu’elles ne suffiront pas à te réconcilier avec le film.

  8. Je t’envoie, moi je me suis ennuyée tout le long du 2e volet, et le 3e ça a été pareil (sauf les elfes qui m’ont fait mourir de rire à deux ou trois moments, heureusement qu’il y avait ça !).

  9. Je suis vraiment contente de te lire. Et même si je conçois la déception qui peut habiter les ardents défenseurs du Hobbit originel (et je comprends fort bien le point sur le fait d’avoir fait trois films, ça me semble aussi évident), je ne comprends pas toutes les attaques dont il fait l’objet. Tolkien n’étant plus là pour le dire, je nous trouve tous finalement très égoïstes de dire que cela ne nous convient pas ou que cela ne colle pas à la réalité du livre. Et je prends pour exemple aussi des tas d’autres adaptations où parfois les écrivains eux-mêmes ont participé à l’élaboration des scénarios car il fallait adapter certains aspects de leurs récits non retranscriptibles à la télévision ou au cinéma. Au final, ce n’est pas l’adaptation pure et simple du roman qu’il faut voir mais l’entièreté de la conception du monde, l’esprit de la Terre du milieu et même s’il est vrai que Jackson s’en est éloigné, moi je trouve que l’esprit est là. C’est un peu comme une allégorie tolkenienne. Une sorte d’hommage au génie du personnage (relativement décrié cela dit, surtout pour toutes les histoires de la Terre du Milieu et les idées qu’elles véhiculent souvent bien malgré l’auteur). C’est une oeuvre de Jackson inspirée de Tolkien et lui rendant hommage à grande échelle. Sans doute un peu trop, pour les trois films, mais indubitablement lyrique et plaisante. Cela étant, je suis contente que cela t’ait plu quand même 😉

    • Le problème n’est pas vraiment dans la liberté d’adaptation d’une oeuvre, mais dans le traitement de Peter Jackson; son mauvais point de départ reste qu’il ne voulait pas réaliser cette trilogie, or comme Del Toro avait jeté l’éponge, il a du s’y coller, mais il n’avait pas grand chose à apporter de nouveau. Alors il a fait du SdA dans le Hobbit, ce qui est un contresens même dans une adaptation personnelle de l’oeuvre.

      • Plus j’y pense, et plus ce débat me fait penser à celui de Dune, adapté par David Lynch : je me souviens qu’à l’époque la polémique était encore plus importante ! Pour moi, ça reste un très bon film de SF malgré ses « trahisons magnifiques » (Franck Herbert ne parle pas de « module étrange » dans les deux tomes). Je pense que Lynch s’est un peu retrouvé dans la même situation que Peter Jackson : une adaptation rigoureuse ne l’intéressait pas, il voulait se réapproprier le roman pour développer des thématiques propres à son univers (ce n’est pas un hasard si les Harkonens sont réussis, Lynch est passionné par les monstres…).

        Finalement, je trouve la genèse de la trilogie du Hobbit de plus en plus fascinante, il n’y a qu’à voir tous vos commentaires : il y a beaucoup de choses à dire ! 🙂

        • On est d’accord mais n’oublions pas que Lynch a vécu une situation différente que Jackson lors de leurs réalisations respectives ! Là où Lynch a été bridé, Jackson n’a plus de souffle après le SdA où il a tout donné, tout dit.

          • C’est vrai que David Lynch n’a pas eu le director’s cut 😦 Dire qu’il a failli réaliser le Retour du Jedi ! Je pense que sa vision des Ewoks aurait été, comment dire, intéressante 😀

  10. Coucou Earane, c’est vrai que dans chaque adaptation il y a une forme de trahison 🙂

    Pour répondre à ta question concernant les attaques virulentes sur le Hobbit, je pense que les fans (dont je fais partie) aiment brûler ce qu’il ont aimé : Peter Jackson a mis la barre tellement haut dans le Seigneur des Anneaux qu’on ne pouvait qu’être déçus par l’un ou l’autre volet, hélas. En ce qui me concerne, ça n’a pas loupé avec la version courte de la Désolation de Smaug. Avec le recul, je pense que les innovations des scénaristes sur le Seigneur des Anneaux étaient peut-être plus pertinentes, respectueuses, et rigoureuses, alors que sur la trilogie du Hobbit je pense que tout le monde conviendra que l’histoire d’amour n’apporte pas grand chose. La voyage inattendu a beau être mon épisode préféré de la nouvelle trilogie, je reste extrêmement sévère en ce qui concerne la profusion du numérique. D’ailleurs, Viggo Mortensen, l’interprète d’Aragorn, a été encore plus virulent que moi à ce propos en critiquant ouvertement les choix de Jackson : http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Viggo-Mortensen-critique-Le-Hobbit-de-Peter-Jackson-trop-d-effets-speciaux-numeriques-3999162

    Dans les bonus Blu-ray du premier Hobbit, tu apprends que les studios WETA avaient créé des vrais masques de gobelins en latex. Peter Jackson les a remplacés par du numérique, et a beaucoup utilisé de fond vert, mais du coup on perd largement en authenticité. Il n’y a qu’à revoir la Communauté de l’Anneau pour s’en rendre compte, avec la dernière demi-heure. Quand tu vois les orques dans la forêt, tu sens que ce n’est pas du numérique, ils sont vraiment effrayants, notamment lorsque Aragorn se retrouve tout seul face à eux. Pour l’anecdote, Viggo Mortensen racontait qu’il était carrément effrayé par les figurants en costume, il a d’ailleurs perdu une dent dans les combats…

    Il y a beaucoup plus d’argent sur le Hobbit que sur le Seigneur des Anneaux, mais le côté « artisanal » est nettement moins présent, comme si Peter Jackson, l’auteur de Bad Taste et Brain Dead, était rentré dans le rang. Ce manque de folie, c’est un constat qui vaut pour tout le cinéma hollywoodien en général, d’ailleurs…

    Tout ça pour dire que j’ai aimé ce troisième et dernier volet, j’ai retrouvé la Terre du Milieu. Mais je comprends complètement les fans qui ont pu être déçus, je ne peux pas leur jeter la pierre car j’étais exactement dans la même situation avec Smaug l’année dernière…

  11. Pour info, j’ai enfin vu les versions longues des deux premiers volets : celle du Voyage inattendu est sympathique, le premier film est encore meilleur qu’il ne l’est. J’ai apprécié certains éléments de la version longue de la Désolation de Smaug, ne serait-ce que Beorn, beaucoup plus présent à l’écran. Malheureusement, j’ai toujours cette impression que la Désolation de Smaug est le volet le plus faible : jusqu’à la séquence des tonneaux, la première moitié du long-métrage est excellente, mais ensuite je trouve que l’arrivée de Tauriel et Legolas dans l’intrigue amène une narration hachée : on quitte régulièrement les nains à cause de la blessure de Kili, du faux suspens autour du poison, de l’histoire d’amour. Lorsque Smaug apparait, c’est impressionnant, mais ensuite on sombre dans la dialoguite avec un dragon qui passe son temps à menacer les nains au lieu de les massacrer…

    J’ai hâte de voir la version longue de la Bataille des Cinq Armées, même si le voyage inattendu demeure de loin mon film préféré dans cette trilogie 🙂


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