Avant de donner sa chance à ce film, je ne me faisais guère d’illusions sur les Animaux Fantastiques car, d’une part, je ne suis pas trop fan de David Yates. Je trouve que les meilleurs Harry Potter sont les trois premiers, surtout Azkaban, un vrai petit bijou d’Alfonso Cuarón. Passé ce troisième chapitre, pour moi la mise en scène des derniers volets s’appauvrit. D’autre part, je redoutais ce que j’appelle le syndrome Star Wars, à savoir la pratique qui consiste à gagner le plus d’argent possible en usant jusqu’à la corde une franchise mythique.
C’est pour cette raison que je suis allé voir les Animaux Fantastiques l’esprit vierge, sans visionner auparavant la bande-annonce, le fléau du XXI siècle. J’avoue avoir de suite frissonné en entendant les premières notes du fameux thème musical de John Williams. Passé des scènes d’exposition assez lentes, j’ai peu à peu été happé par ce long-métrage, je n’avais jamais vu ça sur un grand écran. Imaginez un film historique qui se situe en 1926, avec énormément de costumes et de décors réalistes, puis ajoutez un univers parallèle avec un bestiaire délirant d’une extrême richesse (ah, le niffleur !).

Niffleur for ever
Vous obtenez de l’urban fantasy assez jouissive, un background absolument incroyable, mais aussi une mise en abyme vertigineuse quand on sait que l’action se déroule dans le même univers que celui d’Harry Potter ! Les clins d’oeil n’en sont que plus savoureux.
Avec une telle recette, le film aurait déjà été une sympathique réussite, mais c’était sans compter les personnages qui m’ont touché, mention spéciale à l’ordinaire Jacob Kowalski, qui m’a ému aux larmes. En choisissant une nouvelle génération d’acteurs bourrée de talents, David Yates a donné une autre dimension au monde d’Harry Potter, comme si le film s’adressait à des jeunes adultes désenchantés… les anciens lecteurs de J.K. Rowling qui ont grandi ? De part son physique androgyne, le génial Eddie « Danish Girl » Redmayne constituait le choix idéal pour incarner ce personnage d’écologiste naïf au coeur meurtri, confronté à un monde sur le point de connaître la pire crise économique de l’Histoire… et les affres du fascisme. L’ambiance du film est à ce titre lourd de sens avec les discours populistes et autres chasses aux sorcières perpétrés dans les rues de New York. Les personnages féminins ne sont pas en reste avec notamment une Katherine Waterston méconnaissable. Une protagoniste extrêmement moderne, fragile, et mal dans ses pompes, limite « vieille fille », qui ne manque pas de ressources… et qui m’a bouleversé. Comme ça fait du bien de voir un si beau portrait de femme au cinéma ! Vous l’aurez compris, on est face à un film surprenant, mélancolique, peuplé de sorciers capables de réparer les dégâts causés sur la ville et la population : comment ne pas rêver à de tels pouvoirs quand on pense à notre triste actualité ? Avec cette fin résolument douce-amère, crépusculaire, mais aussi pleine d’espoir, David Yates m’a plus impressionné qu’avec ses quatre derniers Harry Potter. Au risque de passer pour un hérétique, j’ai même été d’avantage séduit par ce film que par la Chambre des Secrets.
Vivement la suite !