Seul sur Mars – le roman

Cette semaine, je chronique un roman Bragelonne. Bon, je vous voir venir, vous êtes en train de vous dire qu’il est publié chez mon éditeur et que du coup je ne peux pas être objectif, mais là il s’agit du fameux Seul sur Mars dont tout le monde parle, bientôt adapté au cinéma par Ridley Scott en personne !

Le pitch, entièrement résumé dans le titre, est tout bonnement génial : au cours d’une mission sur Mars, l’astronaute Mark Watney est laissé pour mort par son équipage qui retourne sur Terre. Privé de moyens de communication, ce Robinson Crusoé des temps modernes ne peut désormais compter que sur lui-même.

Mark Watney (interprété par Mat Damon), en très mauvaise posture

J’ai dévoré ce bouquin en un week-end, captivé par ce récit de survie réaliste. Bien que Andy Weir soit un écrivain de hard SF rigoureux, jamais il n’abuse des détails scientifiques. C’est la grande force du livre : susciter l’empathie du lecteur avec un personnage accessible, Mark Watney, un astronaute plein d’humour qui écrit un journal de bord pour ne pas devenir fou. Watney lutte quotidiennement dans un environnement plus qu’hostile : son seul refuge est un module doté de 31 jours d’autonomie. Sa vie ne tient qu’à un oxygénateur et un recycleur d’eau, sachant que la prochaine mission arrivera sur Mars dans… quatre ans.

La tension est telle qu’on ne s’ennuie jamais. À un moment donné, l’auteur a l’intelligence de changer de point de vue pour nous donner celui des scientifiques de la NASA, insufflant au récit une sacrée dose d’ironie dramatique, puisqu’on connait alors tous les enjeux. Le fait d’avoir une longueur d’avance sur Witney est d’autant plus stressant. Andy Weir aurait pu céder à la facilité en inventant des « méchants » au sein de la NASA ou de l’équipage qui a laissé Watney, mais le seul antagoniste, c’est la planète rouge et son climat extrême.

Jusqu’à la fin de l’intrigue, l’auteur ne cesse de surprendre son lectorat avec des péripéties angoissantes. Seul bémol, j’ai regretté que le protagoniste principal ne confie pas plus ses sentiments dans son journal de bord, notamment dans les moments de découragement. À mon sens, un peu de mélo n’aurait pas fait de mal, même si un astronaute est par définition un surhomme peu enclin à se plaindre. Dans le même ordre d’idée, je trouve le dénouement un peu rapide, un épilogue n’aurait pas été de trop. C’est à peu près tout ce que je peux reprocher à ce récit qui prend aux tripes. Pour tout vous dire, j’admire Andy Weir, surtout quand on sait comment il a été publié : à la base, Seul sur Mars était disponible gratuitement sur son site Web (!), jusqu’au jour où les lecteurs ont réclamé une version Kindle à 99 centimes (!!). Le roman a ensuite trouvé un éditeur, et le voilà maintenant adapté au cinéma par Ridley Scott (!!!). Au-delà de ce beau conte de fée, je retrouve dans Seul sur Mars ce qui m’avait plus dans Silo : l’envie irrépressible de poursuivre ma lecture dès les premières pages. Est-ce un hasard si Andy Weir et Hugh Howey sont passés par la case Amazon avant de connaitre l’édition traditionnelle ? Je ne sais pas si la concurrence féroce qui règne sur cette plateforme numérique favorise l’émergence de véritables page turners, mais je suis sûr d’une chose : pour moi, Seul sur Mars est désormais la référence des années 2010 en matière de hard SF.

PS : ne regardez surtout pas la bande-annonce du film, comme d’habitude le trailer révèle tout…

D’autres avis : Lorhkan, GromovarA.C. de Haenne,

Published in: on juillet 2, 2015 at 11:12  Comments (13)  
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13 commentairesLaisser un commentaire

  1. Le début a été un peu compliqué pour moi, avec cette avalanche de termes techniques et de calculs pour savoir comment l’astronaute doit faire pour survivre. Je me suis dit que si tout le roman est sur cette ligne, ça n’allait pas le faire.
    Et puis l’auteur a la bonne idée de varier les points de vue, ce qui ajoute de la variété, et de la tension aussi puisque le lecteur est omniscient mais pas les personnages, évidemment… 😉

    Et du coup je l’ai dévoré. Ce roman a tout le potentiel qu’il faut pour s’exprimer pleinement au cinéma, mais ceux qui ne connaissent pas l’histoire ne doivent effectivement pas regarder le trailer…

    • Aux Imaginales, je discutais de l’adaptation avec Stéphane Marsan, il me disait que l’histoire était tellement géniale que Ridley Scott ne pouvait la foirer. Je croise les doigts… 🙂

      • Ridley Scott n’est pas forcément une assurance tout-risque pour moi, mais je croise les doigts également. 😉

        • Prometheus, Cartel, Exodus… C’est clair que depuis Gladiator, Ridley Scott a de nouveau perdu le feu sacré ! Espérons que ce film lui permette de revenir en force ! 🙂

          • Y’a eu robin des bois aussi…

            Merci pour l’avis, ça a en effet l’air pas mal du tout.

            • De rien ! Oh oui Robin des bois, je l’avais oublié… Ridley Scott, le réalisateur capable du meilleur comme du pire.

  2. Il faut que je le lise ! ^^ Merci pour l’article !

    • De rien Fred ! Effectivement, pour moi c’est déjà un classique parmi les classiques ! 🙂

  3. J’ai aussi passé un très bon moment avec ce Robinson sur la planète rouge. Il y a aussi un petit côté odyssée à la Ulysse où notre héros tente par tous les moyens de rentrer chez lui. En revanche, tu parles d’un roman de Hard SF ultra-réaliste. Pour ma part, même si je trouve ça très prenant, je n’ai pas trouvé très réaliste justement le côté survival. Pas ce qui est le plus réussi parce que, justement, pas très détaillé.

    Et merci pour le partage et je m’empresse de te rendre la pareille !

    A.C.

  4. De rien 😉 Je suis bien d’accord avec ton beau parallèle sur Ulysse ! Pour l’aspect ultra-réaliste, je vois ce que tu veux dire. En fait, même si je suis d’accord sur le fait que le texte manque parfois de descriptions, j’ai aimé les réflexions intéressantes plutôt crédibles sur les ressources en oxygène, provisions etc. Après, je ne suis peut-être pas objectif étant donné que d’habitude je lis de la Fantasy 😀

  5. […] aux Imaginales et à Nice Fictions. 2015 aura également été l’année de la sortie de Seul sur Mars, un roman qui m’a fait vibrer, ainsi que de l’excellent Ex […]

  6. […] y est, je l’ai enfin vu ! Ceux qui me connaissent un peu le savent, je voue un véritable culte au roman d’Andy Weir. Aux Imaginales, Stéphane Marsan m’avait dit que le livre était tellement génial que […]

  7. […] a fini en deux jours. C’est ce qui m’est arrivé ces dernières années avec Silo, Seul sur Mars, la Voie de la colère ou Le septième Guerrier-Mage. Bien qu’il n’y ait pas de […]


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