Les Gardiens de la Galaxie, Daredevil, Ant-Man… Les anti-héros Marvel prennent-ils le pouvoir ?

En tant que fan des Gardiens de la Galaxie, mon grand coup de coeur ciné de l’été 2014, j’ai toujours apprécié les anti-héros fragiles, bien plus que les personnages invincibles dotés de super pouvoirs façon Avengers. Autant dire que j’ai été emballé par le virage pris par Marvel ces derniers temps sur le petit et grand écran. Plus qu’un virage, c’est peut-être à une révolution de palais que nous sommes en train d’assister. Et si les anti-héros avaient pris le pouvoir ?

Avec Sense8, la (violente) série Daredevil est pour moi l’une des plus belles surprises télévisuelles des années 2010, grâce notamment à Mat Murdock, un avocat torturé qui n’a pas d’équivalent dans l’univers Marvel, et un ton adulte. Enfant, Murdock a perdu la vue lors d’un accident. Dans un épisode 2 particulièrement émouvant, on apprend qu’il a été élevé par un père boxeur irlandais catholique qui a connu des démêlés avec la pègre.

Mat Murdock et son père, une relation fusionnelle

Le jour, Murdock est un ténor du barreau, mais la nuit il est Daredevil, un justicier  capable de s’orienter et de se battre grâce à l’authentique technique de l’écholocalisation. Cette double vie est pour lui source de stress, puisqu’il est obligé de cacher à ses proches son activité afin de les protéger. Au fil de la saison 1, Murdock confesse à un prêtre ses angoisses sur les rapports qu’entretiennent justice, morale et éthique. Peut-on épargner un caïd malfaisant quand celui-ci brise les vies de  nombreux innocents et qu’il corrompt toutes les institutions ? À quoi bon se battre contre le crime si cette lutte provoque des dommages collatéraux ? L’ambiance de la série est résolument cynique : dans une séquence mémorable, les malfrats discutent de la chute du prix de l’immobilier depuis la destruction de New York par les aliens Chitauri, et reconnaissent qu’ils sont bien chanceux d’être protégés par les Avengers ! Dans ce climat de corruption généralisé, les plus pauvres n’ont aucune chance d’être sauvés par Iron Man, Thor, Hulk ou Capitaine America, trop occupés à combattre des ennemis de plus grande envergure, ce qui rend la lutte quotidienne de Murdock d’autant plus désespérée.

Hanté par des questions morales, Daredevil symbolise la justice aveugle. Il respecte la vie… au sens strict. Lorsqu’un personnage lui reproche d’avoir jeté un malfrat du haut d’un immeuble, le plongeant dans le coma, Murdock a une réponse laconique : « il est vivant ». À vouloir suivre, de mauvaise grâce, les commandements de la Bible (« Tu ne tueras point »), Murdock se retrouve dans des situations périlleuses car il affronte à armes inégales des criminels dénués de scrupules. Lors de combats au dénouement incertain (mention spéciale au fabuleux plan séquence de l’épisode 2, du jamais vu sur le petit écran), on tremble pour le justicier. Aveuglé par sa morale judéo-chrétienne, il se prend régulièrement des raclées car dans le sinistre quartier de Hell’s Kitchen, faire preuve d’humanité constitue une faiblesse. New York est un personnage à part entière, un environnement sombre très influencé par les comics de Franck Miller. Les rares héros qui osent s’élever contre les injustices sont impitoyablement broyés par la police corrompue du magnat des affaires Wilson Fisk, sans doute le méchant le plus charismatique des films/séries Marvel. Un monstre à visage humain superbement interprété par Vincent D’Onofrio, l’ombre parfaite de Daredevil.

Wilson Fisk s’apprête à commettre un meurtre terrifiant

Capable de commettre des violences inédites dans une oeuvre Marvel (on parle quand même d’une décapitation à l’aide d’une portière de voiture…), Fisk est fragile, émotionnellement parlant. Ce géant aux pieds d’argile a connu une enfance traumatisante et s’est retrouvé contraint de tuer pour survivre dans la jungle urbaine et gagner une respectabilité de façade.

À terme, les scénaristes ont prévu pour les saisons futures que Daredevil rencontre le Punisher, un autre anti-héro atypique… à l’image d’Ant-Man.

Dans ce film de cambriolage, Scott Lang n’est au départ qu’une petite frappe qui, à sa sortie de prison, se voit offrir une seconde chance par le docteur Hank Pym. Ce savant a élaboré un costume capable de faire rétrécir son possesseur et ainsi combattre n’importe quelle menace.

Autant dire qu’on est clairement dans une comédie, avec de surprenantes séquences un peu gores : le méchant prend un malin plaisir à réduire ses victimes à l’état cellulaire avant de les écrabouiller ! Un humour noir familial qu’on avait pas vu depuis les Gremlins de Joe Dante. Puisqu’on parle des années 80, le personnage le plus intéressant ici est celui interprété par Michael Douglas, Hank Pym, un Ant-Man de la Guerre Froide qui cherche un héritier. Cette passation de pouvoir est une belle mise en abyme du Marvel d’aujourd’hui, entre respect du mythe et modernisation avec des effets spéciaux hallucinants, une relecture jouissive du cultissime Chérie j’ai rétréci les gosses. Les scènes d’action sont bourrées d’humour avec un duel au sommet d’anthologie qui se déroule… dans une chambre d’enfants remplie de jouets.

Si les deux premiers volets des Avengers ne font pas partie de mes films préférés pour les raisons évoquées au début de l’article, je suis en revanche enthousiasmé par le fait que ce monde imaginaire ne cesse de se développer, avec des crossovers et des personnages décalés largement inspirés des années 80. Qu’ils soient drôles ou tourmentés, Rocket Raccon, Daredevil et Ant-Man sont des anti-héros modernes qui amènent un brin de subversion au cinéma et à la télévision et laissent espérer des histoires plus excitantes que les insipides remakes hollywoodiens des blockbusters Total Recall, Robocop et autres Mad Max (du moins insipides à mes yeux). Anecdote amusante, James Gunn, réalisateur des Gardiens de la Galaxie, a adoré Ant-Man comme il le dit lui-même sur sa page Facebook :

“Honnêtement, le film est une bombe totale ! J’étais tellement heureux après l’avoir vu. Ce n’est pas ennuyant une seule seconde, et c’est drôle et chaleureux tout au long. Il ne reste pas que dans la science-fiction comme beaucoup de films ces derniers temps, il est simple et élégant. Il fait partie de l’univers Marvel sans en suivre les règles. »

« Ne pas suivre les règles »… Quand je vous disais qu’une révolution couvait chez Marvel !

« Les Gardiens de la Galaxie est la version sale et barrée d’Avengers », aurait dit James Gunn…

Published in: on juillet 16, 2015 at 10:00  Comments (8)  
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8 commentairesLaisser un commentaire

  1. Ant-Man me laissait dubitative (je ne suis pas très super-héros, Batman étant mon exception, mais j’avais aimé Les Gardiens de la Galaxie ^^), mais vu ton commentaire, je pense que je vais me laisser tenter ! (de l’humour ? Je veux ! :)) Merci pour l’info !

    • De rien 😉 Oui, pas mal d’humour dans Ant-Man, moins que dans les Gardiens de la Galaxie, mais tout de même !

  2. Je serais peut-être plus mitigé sur le Marvel moderne. J’ai trouvé Daredevil bien, mais pas extraordinaire cette série qui ne m’a pas marqué outre mesure. Dans le genre, j’ai préféré Gotham et notamment le traitement qui a été donné au Penguin, personnage qui m’est d’habitude assez antipathique mais qui est là très réussi.

    Tout comme les gardiens: c’est un bon film, avec des moments assez drôles, mais jamais je n’ai été pleinement conquis. En fait, depuis Iron Man Premier du nom, Marvel n’a fait que de créer de petites déceptions, à l’exception peut-être de avengers (celui de 2012). C’est rarement mauvais, mais je ne ressors jamais de la salle avec des étoiles dans les yeux.

    Par contre, tu cites Mad Max Fury Road, un film qui m’a marqué au plus haut point et dont je ne saurais tarir d’éloges.

  3. Tu me donnes envie de regarder Gotham 🙂 Si tu as vu les deux séries, ça pourrait donner un bel article comparatif sur ton blog 😉

    • Ah pourquoi pas en effet! Gotham n’est pas une série parfaite, mais j’ai aimé et je conseille, pourvu que l’on apprécie la chauve-souris

  4. Je suis une fan totale de DD. Je ne connaissais pas les BD avant (si, j’avais lu Elektra de Franck Miller, mais je ne me souviens plus si elle rencontrais DD dans ces tomes) mais je suis bluffée par la qualité d’écriture et le coté fragile de ces héros. La distribution est excellente, tous les acteurs sont parfaits. J’espère juste que ça va continuer aussi bien dans la saison 2. Pas vu Antman pour l’instant, mais ça va venir. Avec un mari fan de comics, je n’échappe pas à grand chose !^^ Joli billet, au passage !

    • Merci ! 😀 Heureux que tu aimes également Daredevil, j’ai également été sensible au coté fragile des personnages qui ne luttent pas à armes égales, attachants au possible.

      J’espère qu’Ant-Man te plaira. C’est peu moins fun que les Gardiens de la Galaxie, mais tout de même rafraichissant. Et puis ça fait du bien de rire ! 🙂 Les univers sombres c’est super, mais écrire des choses plus légères et divertir, ce n’est pas donné à tous les scénaristes, je pense sincèrement qu’il est plus difficile de faire rire que pleurer.

  5. […] ces deux expériences radicales. Après les réussites que sont House of cards, Stranger Things, Dardevil et The Get Down, Netflix rattrape le HBO de la grande époque, avec des séries originales plus […]


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