Pourquoi je n’aime pas Mad Max Fury Road

« Joe le taxi, c’est sa vie »

Il est rare que j’écrive des articles à charge contre un film. J’ai déjà laissé pas mal de commentaires sur ce long-métrage que la plupart d’entre vous ont adoré. Après avoir pris un peu de recul, je ne réalise seulement que maintenant à quel point George Miller m’a déçu. J’ai beaucoup réfléchi avant de rédiger ce billet. Je voulais éviter de troller sous le coup de l’émotion, être le plus pertinent possible, surtout après un succès critique aussi dithyrambique : à ma grande surprise, les journalistes ont encensé cette oeuvre dans des articles tous plus élogieux les uns que les autres. Je suis peut-être sûrement à côté de la plaque, mais comme toujours, ce billet cathartique n’engage que moi.

Je reconnais volontiers que cette oeuvre a des qualités esthétiques : les poursuites en voitures sont rythmées, la chorégraphie des combats est travaillée, les véhicules sont impressionnants… Pourtant, jamais je n’ai réussi à rentrer dans ce film, moi, l’enfant des années 80 qui a grandi avec George Miller, un comble. Après le succès de Braveheart, j’ai vainement espéré un quatrième opus avec Mel Gibson. Quand j’ai appris qu’un reboot de Mad Max allait voir le jour avec un nouvel acteur, j’avoue avoir été un peu consterné, jusqu’au moment où la bande-annonce m’a paru prometteuse. Impatient, je suis allé au cinéma…

Les vingt premières minutes furent une douche froide.

Vingt minutes, c’est le temps qu’a mis George Miller pour tuer son propre mythe. Premier crime capital : avoir choisi une voix off lourdingue pour raconter le passé de Max, au lieu de faire vivre ce drame crucial au spectateur, l’impliquer. Le réalisateur australien utilise par la suite de misérables flashbacks dans un montage épileptique hideux… et c’est tout. On n’en saura pas plus sur le trauma de l’ancien policier. Du coup, jamais Tom Hardy n’est en mesure de transmettre de l’émotion, la faute à des scénaristes incapables de caractériser son personnage et ses enjeux. Second crime capital, encore plus grave : ridiculiser Max. Attaché au capot d’une voiture, cette image pathétique flingue complètement son charisme et sa crédibilité.

« Em-me-nez-moi, au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles, Il me semble que la misère, serait moins pénible au soleil »

Pendant le reste de l’intrigue, il demeure un personnage secondaire, burlesque au possible, dont je me désintéresse totalement. Les défenseurs du long-métrage diront que le vrai protagoniste principal est Furiosa…. et ils auront raison. Je suis prêt à le reconnaître, l’interprétation de Charlize Theron est une réussite. Hélas, le film n’en est que plus déséquilibré. Quitte à se reposer sur un personnage charismatique, pourquoi ne pas avoir lancé une nouvelle franchise basée sur cette rebelle et assumer jusqu’au bout un discours qui se veut féministe ? Dans une oeuvre bicéphale telle que Fury Road, difficile de s’attacher à Max ou Furiosa, des personnages aux objectifs flous qui se cannibalisent constamment : l’intrigue est si mince qu’il n’y a pas de place pour deux antihéros. En choisissant de ne pas choisir, le cinéaste australien les affaiblit. Plus le film avance, plus la comparaison avec la trilogie originelle devient cruelle.

Le premier Mad Max est l’histoire d’une vengeance, un drame aux antipodes du manichéisme de Fury Road, suscitant le malaise. Dans ce volet, on assiste à la descente aux enfers d’un policier qui se métamorphose en ange exterminateur. Comment oublier le regard bouleversant de Mel Gibson ? La mort de sa femme et de son fils ?

La femme de Max tente de fuir une bande de motards…


… Le meurtre se déroule hors champ. On ne voit que les chaussures du bébé rouler sur le bitume. Ce qui rend la séquence d’autant plus dérangeante.

Dans une scène qui a marqué au fer rouge toute une génération de cinéphiles, Max attache l’un des meurtriers à une voiture sur le point d’exploser. L’assassin a le choix entre tenter de scier la paire de menottes en acier en dix minutes, ou se sectionner rapidement la cheville…

La force de ce grand moment de cinéma, c’est de laisser la violence hors champ. On entend juste une explosion, il n’y a pas une seule goutte de sang. On ne saura jamais quel a été le choix de l’assassin, mais en imaginant ses derniers moments, le malaise est décuplé. La victime qu’est Max se transforme en bourreau psychotique. Dans Fury Road, jamais je n’ai été choqué par une séquence, un climax, ou impressionné par la mise en scène.

Le deuxième volet, outrancier, est a priori radicalement différent. Une ambiance post-apocalyptique, des combats épiques… En dépit des apparences, cette suite est pourtant bien plus qu’un film d’action, elle est dans la continuité de l’opus précédent. Max n’est plus qu’une loque humaine, un chien sauvage qui se méfie des hommes qui l’ont meurtri.

Mad Max II et son épilogue surprenant

Le convoi qu’il escorte constituera sa rédemption. Dans un final absolument incroyable, on découvre que le camion citerne transporte non pas de l’essence, mais du sable. Des personnages aux spectateurs, tout le monde a été mené en bateau, le convoi n’était qu’un prétexte pour rassembler les derniers représentants de la civilisation. La conclusion de Mad Max II est une belle leçon d’écriture, avec un climax hallucinant de vacuité, assumé comme tel. Dans Fury Road, la fin ne m’inspire aucune émotion, aucune surprise. J’ai assisté au périple de personnages qui vont d’un point A à un point B, avant de revenir à leur position initiale sans avoir changé.

Le troisième volet est le moins populaire parce qu’il s’agit d’un film d’aventure familial. En aidant les enfants sauvages d’une tribu pratiquant le culte du cargo, Max sauve son humanité, mais se retrouve condamné à errer dans le désert, tel un Moïse des temps modernes. L’épilogue, mélancolique, laisse entendre qu’il finira sa vie en ermite. Les enfants qu’il a sauvés bâtiront un monde nouveau et leurs descendants célébreront, bien après la mort de Max, sa mémoire.

La fin de Mad Max III

La fin biblique de Mad Max III

Qu’on aime ou qu’on déteste cette conclusion, force est de constater que tout au long de cette trilogie le personnage principal est émouvant, grâce à un Mel Gibson extraordinaire de justesse. Les êtres grotesques que rencontre Max sont surtout là pour alimenter son conflit moral : comment ne pas devenir un monstre quand on doit survivre dans un univers où règne la loi du plus fort ? Dans Fury Road, les antagonistes ne sont pas seulement grotesques, ils sont également ridicules. Si le guitariste au lance-flammes est une idée décalée que j’apprécie, que dire d’Immortam Joe ?

Le Hellfest, ça devient vraiment n’importe quoi

Difficile de prendre au sérieux son masque de Skeletor en plastique, tout droit sorti d’un mauvais épisode des Maître de l’Univers. Il est clairement un Darth Vader du pauvre qui n’inspire aucune crainte. Pour tout vous dire, ce papy me fait de la peine quand il tente de courir avec son armure sur le dos… Alors que les punks de Mad Max II violent des innocents avant de les assassiner à l’arbalète et manient l’humour noir (cf. la mythique scène du boomerang), les stupides warboys et warlords de Fury Road font rire à leurs dépens, constamment trahis par des dialogues involontairement drôles. On ignore si on est dans une série Z ou un épisode mal doublé de Ken le Survivant. Sans méchants à la hauteur, ce long-métrage vain tombe complètement à plat : le fils d’Immortam Joe boit du lait maternel dans une séquence parodique digne d’une publicité TF1 pour les produits laitiers.

Du coup, on ne sait comment prendre les moments censés être graves, lorsque le cinéaste enfonce les portes ouvertes dans des messages politico-philosophiques d’une platitude extrême : l’esclavage sexuel, c’est pas bien, détruire la nature, c’est mal. Euh… on parle bien d’un film subversif éloigné des clichés manichéens ? Parce que là, je ne vois rien absolument rien de féroce de la part de ce réalisateur qui a saccagé le désert namibien. Pire, si j’étais une femme, je me sentirais insultée par ce film qui exploite des sujets sérieux (« our babies will not be warlords », « who kill the world ? », « we are not things » clament des graffitis) pour se donner bonne conscience, un porno soft fétichiste qui fait jouir les amateurs de grosses cylindrées bruyantes. Ce Mad Max est au mieux un plaisir coupable inoffensif, consensuel (héroïsme, culte de la vitesse, jolies filles dénudées, tout y est), qui caresse dans le sens du poil le spectateur, le MacDonald’s du post apocalyptique : on bouffe de la merde en sachant très bien que ces jeux du cirque à la gloire du courant futuriste sont à des années lumières d’oeuvres comme la Route, les Fils de l’Homme ou même le méconnu Livre d’Eli.

Fury Road est un long-métrage que j’aurais vraiment aimé adorer. Malheureusement, il est la synthèse de tout ce qui m’irrite dans Hollywood, à savoir l’obsession du remake/reboot/suite ad nauseam. Au lieu de consacrer un film à Furiosa, George Miller a choisi la facilité et le compromis pour rentrer dans le rang, comme Peter Jackson avant lui. Pour obtenir 100 millions de budget, le cinéaste a sacrifié sur l’autel du divertissement l’émotion et la subversion, tout ce qui faisait l’âme de la trilogje.

En 1985, on visionnait un Mad Max avec un gout de sang et de bitume dans la bouche. En 2015, Fury Road n’est à mes yeux qu’un blockbuster de plus, qui ne m’inspire rien…

Mel Gibson for ever !

EDIT : en bonus, le trailer honnête de Mad Max Fury Road…

Published in: on août 21, 2015 at 9:50  Comments (34)  
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34 commentairesLaisser un commentaire

  1. Bigre ! Féroce critique. Je n’ai pas vu le film en question. Je n’aime pas en effet cette manie de l’industrie du cinéma de décalquer sans cesse les mêmes histoires, les mêmes films. Et donc en général, je m’abstiens. Et là, je n’ai donc pas d’avis sur ce film, mais j’adore ta critique ! D’autant plus qu’elle n’est pas juste à charge. Elle est argumentée et c’est ce qui en fait la force…

  2. Merci l’ami ! 🙂 Quand un film a énormément de succès et qu’il fait l’unanimité, je pense qu’il est toujours intéressant de donner un avis à contre-courant, surtout si cette critique est sincère.

  3. Je te rassure, non, tu n’es pas seul à ne pas avoir aimé ce film! Et je te félicite pour cette critique très juste à mes yeux.
    J’ai vu le film en question, c’est un sous produit, une blague, un pseudo ersatz…Bref, juste un blockbuster de plus qui essaie de jouer sur la nostalgie des films de notre jeunesse, pour au final, rapporter surement beaucoup d’argent dans un Hollywood en manque d’inspiration, nous livrer un gros n’importe quoi sans intérêt.

  4. Dans mes bras ! 😀 Tu vois, pour nous qui adorons tous les deux le Metal, c’est d’autant plus frustrant… Il y avait vraiment mieux à faire avec ces 100 millions de dollars, scénaristiquement parlant… 😦

  5. J’ai été très frustré aussi par le non-scénario, dommage car visuellement c’est superbe, mais même pour les films d’action j’aime bien un minimum d’histoire et là ce n’est pas le cas.

    • Voilà c’est ça…

      • Quand j’entends la presse crier au chef d’œuvre ultime ou au film du siècle. Ça me fait marrer, c’est pas des cascades du cirque du soleil ou des bimbos qui prennent la douche dans le désert qui me font crier au chef d’œuvre. Miller avait dit que tout était vrai sauf la tempête de sable, sur ce coup là c’est un gros mytho des fonds vert y’en a de partout et pas qu’un peut.

  6. Mel c’est le meilleur! Reviens mec!

    • C’est clair ! 😀 Avec la magie du numérique, un jour, qui sait ?

      • Oui haha mais j’aimerai bien avoir une histoire avec un Max vieillissant!

        • Il me semble que dans les années 90, la rumeur parlait d’un script qui finissait avec un Max vieillissant, crucifié par des punks… Je n’ai jamais su si cette rumeur était fondée ou pas, mais je suis d’accord avec toi sur l’idée qu’un Mel Gibson vieillissant aurait eu de la gueule !

          • Un 4eme opus avec un Mad Max vieillissant, c’est ce qu’il fallait faire mais Miller voulait pas faire un Mad Max crépusculaire (cf Impitoyable de Clint Eastwood). » Ben c’est con car il aurait fait un bon film. Pffff

            • C’est clair ! 😦

  7. J’ai donc vu ce film sans avoir vu les originaux, je ne sais pas si c’est un blasphème pour les amateurs du genre. Personnellement je n’ai jamais comprit ni spécialement apprécier les films apocalyptiques, à la violence gratuite, qui n’amène rien hormis un goût de sang dans la bouche. J’ai regardé ce film par curiosité et franchement le début m’a parut prometteur, mais très vite je n’ai même plus eut besoin du son, car le visuel se suffisait à lui même. Je m’explique, dialogue inexistants, aucun charisme des personnages, et non plus de la part de Charlyse théron désolé si j’écorche son nom, mais franchement je ne voit pas ce qu’ont lui trouve. J’aime les femmes au crâne un peu rasé, mais ça s’arrête la, si vous voulez voir une vraie actrice dans le genre décalé et un peu révolté, je vous conseille vivement de regarder V avec Nathalie Portman.

    Les méchants ne sont aucunement méchant, mais cherchent juste à trouver leurs places dans un scénario qui aurait put être écrit par un enfant de 5ans. C’est le résultat d’une époque de facilité sans recherche! Ils partent d’un point A pour aller au point B, super! C’est la seule ligne logique du film, qui ne trouve aucune sortie réelles, ni de rebondissement; d’inspiration. Ce film es à l’image de beaucoup d’autres aujourd’hui, plat et non pas furieux, mais éteint! Le soucis c’est qu’ils n’en ont pas conscience. Ils persistent et s’enfonce dans la gratuité et la débauche d’effet visuel, pour satisfaire leurs propres vanités.

  8. Ah, un fan de V pour Vendetta, quel grand film, je l’adore ! 😉

    Je suis bien d’accord Jérôme : un scénario et des personnages aux abonnés absents, quand le premier volet était un drame poignant. C’est vrai que la violence doit servir le propos d’un film, et ne pas être gratuite. Là je dois dire que je n’ai même pas été choqué par celle de « Fury Road »… alors que les deux premiers Mad Max étaient autrement plus sanguinolents, et amenaient une belle réflexion sur le thème « l’Homme est un loup pour l’Homme ».

  9. C’est avec Mel Gibson qu’ il aurait fallu faire le film. Même vieux il aurait été crédible. Je pense que Miller est jaloux que Gibson ait eu une meilleure carrière que lui. Niveau mise en scène Gibson lui met la nique sans problème. Pas de Gibson pas de Mad Max, Miller a bien baissé son froc. La presse criait au chef d’œuvre avant de voir le film. Tous des vendus.

    • Je pense qu’avec un excellent scénariste, il y avait effectivement moyen de livrer une histoire extraordinaire dans la lignée du premier volet, intimiste, pourquoi pas contemplative : un vieux Max au crépuscule de sa vie, affaibli, qu’on retrouve une dernière fois… Pas besoin de 100 millions de dollars ou de l’action non stop pour livrer de l’émotion. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Stallone avec les derniers volets de « Rambo » et « Rocky » : assumer un personnage vieillissant. En plus, dans la vraie vie Mel Gibson a connu la dépression et l’alcoolisme, il a beaucoup changé physiquement, son jeu d’acteur aurait été parfait pour amener cette émotion qui fait tant défaut dans « Fury Road ».

  10. Papier bien écrit et bien présenté, mais qui sombre malheureusement dans un certain cynisme et une certaine mauvaise foi (malgré cette mention de « prise de recul » que je ne vois pas vraiment).
    Reprocher une voix off lourdingue qui n’est présente que 30 secondes à l’intro du film et qui doit se résumer à 5-6 phrases, c’est un peu abusé…

    Idem pour les dialogues « débiles » des WarBoys (alors que le film ne comporte que très très peu de dialogues), aucun recul à ce niveau : Il s’agit d’un monde futuriste, bien éloigné du nôtre, où la folie et le chaos prédominent, forcément, le langage s’en trouve changé.
    Reprocher le ridicule d’Immortan Joe, alors que tous les personnages gravitant autour de Max (surtout dans la première trilogie) ont toujours eu cet aspect cartoon, à la lisière du kitsch et du ridicule (le maquillage émo de Hugh Keays Byrnes dans le premier, le look punk/homo de Vernon Wells dans le 2 – cabotinant d’ailleurs comme un dégénéré – ou le look kitschouille de Tina Turner dans le 3), cette esthétique provient d’ailleurs de la principale source d’influence des Mad Max : Les BD françaises « Metal Hurlant » (et « Fury Road » n’aura jamais aussi bien représenté cet univers par l’image)
    Mais la plus grosse maladresse est de faire des comparaisons avec la première trilogie : « Fury Road » reprend autant l’intrigue du 2 que l’aspect mythologique du 3 jusqu’à la violence suggérée par moments (mais d’autant plus forte) que le 1er ! « Fury Road » va même plus loin en présentant un univers bien plus dense que toute la première trilogie : Entre le fanatisme religieux conditionnant un peuple survivant avec difficulté dans un monte dévasté à la manière dont sont produites les ressources vitales permettant à cette humanité dégénérée de survivre (le lait de maman, même les filles porteuses !), jusqu’au sursis de 90% des personnages qui sont quasi tous condamnés à mourir de cancers, tumeurs ou autres maladies dégueus (ce qui explique aussi pourquoi les WarBoys utilisent des « Blood Bags » pour transfuser le sang).

    Et finalement, il n’y a qu’une chose, sans doute la véritable note d’intention du film dont vous faites vaguement allusion et qui pourtant fait de « Fury Road » le fameux chef d’oeuvre dont tout le monde parle : Sa mise en scène.

    Au détour d’un, ou d’une succession de plans, « Fury Road » raconte bien plus qu’un long film verbeux comme « Man of Steel » par exemple. S’il n’y a que peu de dialogues, c’est que tout est raconté à l’image (et tout raconter par dessus finit par être de la redite et devient alors lourdaud), c’est l’essence même du Cinéma que de raconter une histoire par l’image, sans avoir recours aux dialogues (comme à l’époque des films muets). Le Cinéma est un langage, et rarement un film comme « Fury Road » n’aura utilisé cette grammaire cinématographique pour raconter une histoire (simple, oui, et il est où le problème là dedans ?).

    Ce langage est notamment utilisé de manière particulièrement subtile avec la caractérisation du personnage de Max : Non, il n’est pas secondaire ! Mais il est caractérisé de la même manière que Furiosa ! Les deux personnages se complètent et sont donc traités à égalité, quel intérêt de répéter deux fois la même chose alors qu’une simple succession de plans suffit pour tout comprendre ? Nous, spectateurs, sommes-nous si stupides que le réalisateur ait besoin de tout nous expliquer ?

    Enfin, j’aimerais terminer avec la déconstruction du personnage de Max : Il s’agit de la volonté même du réalisateur de créer un Max différent (donc toutes les groupies du vieux papy Mel – qui devrait rester à la réal vu sa participation dans des films post 2000’s franchement médiocres – peuvent rester dans leur nostalgie stérile des 80’s-90’s), plus animal… et ce n’est pas un hasard s’il ne dévoile son nom aux personnages du film qu’à la fin ! Tout « Fury Road » raconte l’histoire du vrai « Mad Max » (d’où les flash backs un peu nébuleux), s’il ne s’en prenait pas plein la gueule pendant une bonne moitié de film, il ne deviendrait pas ce personnage iconique à la fin (qui se conclue de la même manière que « Thunderdome » !)

    Pour conclure cette contre-critique, je conseille fortement aux gens de vivre un film à l’instinct, avec les tripes, en se laissant porter par ses émotions… et arrêter de penser ! Je n’aime pas cette expression « d’éteindre son cerveau », mais en vrai un film ne se vie pas dans la tête, mais dans les tripes ! Et peut être que là, vous comprendrez pourquoi tout le monde s’est extasié devant « Fury Road » (car ça ne relève pas du hasard).

    Je tiens à préciser que je ne juge pas les gens qui n’ont pas aimé ce film, aucun film ne peut mettre tout le monde d’accord (j’ai moi même pas du tout aimé « Django Unchained » pour des raisons qui me regarde, et j’ai d’ailleurs la sensation que ce film a bien plus fait l’unanimité (sans doute aussi parce que Tarantino))

    PS : Par contre certains commentaires sont franchement affligeants… C’est cool internet, on a la liberté d’expression et tout, mais on lit aussi vraiment du gros n’importe quoi !

  11. Bonjour Veedarr,

    Merci pour votre commentaire argumenté, à défaut de vous convaincre je suis content que cet article suscite un débat intéressant 😉 Comme vous pourrez le constater sur les autres billets de ce blog, j’essaie d’amener des échanges respectueux sans troller. Polémiquer n’est pas du tout mon intention, les légendes décalées des photos et des GIFS sont des clins d’oeil à une revue que j’adore, Mad Movies.

    Pour la voix off, je reproche moins son utilisation que l’idée d’une introduction du personnage sous la forme d’un passage en force : en gros, le passé de Max se résume à cette fameuse voix et des flashbacks fugitifs, pour moi, ça ne fonctionne pas.

    Au niveau du « ridicule », là je pense que ça sera difficile de débattre, on rentre dans le subjectif (j’adore aussi « Metal Hurlant »). La frontière entre ridicule et grotesque est toujours délicate : c’est vrai que Mad Max II était excessif, je suis d’accord, mais les méchants n’en demeuraient pas moins effrayants (Cf. les scènes de viols). Je n’ai pas été une seule seconde effrayé par Immortan Joe, qui m’a vraiment fait éclater de rire dans la salle de cinéma… sans vouloir vous provoquer 🙂 Pour moi, il y a un déséquilibre humour noir – tension, je n’ai pas eu peur pour les personnages (vu que Tom Hardy m’a agacé d’entrée).

    L’univers est fouillé, vous avez raison, je n’ai rien à lui reprocher, en plus j’ai eu la chance de travailler en Jordanie lors de fouilles archéologiques près de Pétra, je suis un amoureux des paysages désertiques. Comme je l’ai dit, j’aime les véhicules, et les perches d’abordage (je ne suis pas un pirate pour rien…). En revanche, pour moi la mise en scène tombe complètement à plat : je ne sais pas si le réalisateur me raconte l’histoire de Furiosa ou de Max (passif pendant les vingt premières minutes), il y a un protagoniste de trop, je n’ai pas vibré… La faute à cette fameuse caractérisation dont je parlais au début de ce commentaire (et de l’article). Pourtant, je suis d’accord avec vous sur l’idée qu’un film « tantrique », pour reprendre les mots d’un journaliste, doit aussi se vivre à l’instinct, avec les tripes. C’est pour cette raison que j’ai adoré « Apocalypse Now », « Requiem for a dream », »Cloud Atlas », « les Gardiens de la Galaxie »(pour son humour), « Pi », « The Fountain », « Snowpiercer », « 2001 » ou même le controversé « Gravity ». Mais justement vous évoquez l’émotion, c’est précisément le carburant dont j’ai manqué avec « Fury Road », calant dès les premières minutes de cette course folle… hélas. Comme je le disais dans le commentaire précédent, il n’y avait pas besoin de cent millions de dollars et d’action non-stop pour revenir aux sources du premier volet. George Miller aurait pu livrer une histoire simple avec un Mel Gibson vieillissant et crépusculaire. Un Max affaibli mais toujours tenace aurait été parfait tant Gibson sait transmettre de l’émotion, c’est un écorché vif qui fait polémique dans la vraie vie… (coïncidence malheureuse, j’apprends ce matin qu’il a visiblement eu une violente altercation avec une journaliste).

    En tout cas merci pour votre visite, ainsi que pour votre patience, c’est sympa de venir défendre un long-métrage qu’on adore, je le respecte complètement 😉

  12. Bonjour,

    Merci pour cette critique qui me fait sentir un peu moins seul face aux adorateurs de ce « fury road » !
    Vous avez tout dit et merci à votre riche vocabulaire qui permet de mettre des mots sur mon ressenti !
    Je suis bon public et accroc aux trois premiers mad max mais ce « fury road » m’a donné envie de sortir de la salle bien avant la fin du film.
    Tant mieux si une grande partie du public s’est régalée, pour moi, ce film est à la limite du nanard.

    Revoir max et sa ford falcon a été une vraie joie mais lorsque elle finit en morceaux 30 secondes plus tard, ce moment a été le début de ma déception. Faire apparaître ce véhicule mythique si peu de temps n’était destiné qu’à alimenter les bandes annonces et appâter les fans des anciens mad max comme moi dans les salles.
    Ce film n’est pour moi qu’une grosse déception même si je ne m’attendais pas à un chef d’œuvre.
    Ce film sans suspense se résume a un aller retour dans le désert avec des véhicules disproportionnés à la limite du ridicule…
    Et quel manque d’imagination que de nous remettre un camion citerne…et ajouter un 2e moteur à ce camion ne rendra pas le film 2 fois plus époustouflant que madmax 2.

    Fury road n’est qu’un film pour ados dont le cerveau n’est pas encore développé et je classerai ce film dans la même catégorie que aliens vs predator requiem.

    Et merci de parler du très bon « livre d’éli » que j’ai vu plusieurs fois, je trouve ce film très bien ficelé et se rapprochant bien plus de l’univers mad max que fury road.

    Bonne continuation…

  13. Bonjour Jim,

    Merci à vous pour votre commentaire sympathique, moi aussi je me sens moins seul du coup 😀 Ce que vous dites sur la Ford Falcon est pertinent, j’ai ressenti exactement la même déception quand la voiture a été réduite en morceaux. Vous avez raison de souligner le côté surenchère de ce film. Ce que je vais dire est un cliché, mais 100 millions de dollars ne remplaceront jamais un bon scénario, ainsi que des personnages bien écrits. Je suis d’autant plus sévère avec George Miller que depuis 1985, il a largement eu le temps de travailler sur son script, en plus c’est le même personnage… Je suis bien d’accord sur l’idée que certains films post-apocalyptiques sont désormais plus dans l’esprit « Mad Max » que Fury Road lui-même. « Tempus fugit » diraient les Romains 🙂

    Merci pour votre passage, bonne continuation 😉

    • Ça me fait marrer d’entendre dire que Tom Hardy (qui a ete désagréable sur le tournage selon les dires de Charlize Theron) est bestial. Il fait rien de tout le film, on dirait un abruti sorti tout droit de la guerre du feu (à part grogner sans arrêt, il fait quoi ?), Mel, il en a encore sous le capot, suffit de regarder le making of de Blood Father sur Youtube, Max c’est Gibson, tout comme Rambo c’est Stallone. Pour rejoindre Jim Said, en plus de l’explosion de l’interceptor, ya aussi le fusil à canon scié qui ne sert à rien, alors que c’est son arme de prédilection, juste là pour faire un clin d’oeil au deux. Le reste du film Max a un pistolet à la con qu’on a vu 20 fois ailleurs. En fin bref, Miller a baissé son froc.

  14. Ah oui, le canon scié… (soupir).

  15. J’ai visionné ce film avec une réelle impatience et la scène du lait a anéanti en un clin d’œil toute idée de retrouver l’atmosphère de l’original.
    On s’étonne, en effet, de constater que des films comme Le fils de l’homme ou le livre d’Eli restent aux oubliettes alors qu’ils traitent admirablement le même sujet.

  16. Il est clair que je ne comprends pas trop l’argument qui voudrait qu’un post apocalyptique soit nécessairement un film qui nécessite qu’on se « débranche le cerveau ». Il y a avait beaucoup de finesse, de satire et de second degré dans la trilogie originale. Les fils de l’Homme, la Route et le livre d’Eli montrent que le grand écart entre divertissement et réflexion est possible dans une oeuvre post-apocalyptique.

  17. Honest trailer! \o/
    C’est exactement ça!!

    • 😀

  18. Quelle joie de tomber sur ce blog ! merci pour ce débat qui réjouit le quarantenaire nostalgique (mais pas à tout prix) que je suis. avec un ami cinéphile c’est devenu notre gros débat de fin de soirée: pour ou contre cet opus de Miller ? mon pote argumente que « papy Miller » fait la leçon à tous les réalisateurs de film d’action, les renvoyant dans la médiocrité du main stream Olywoodien – bon OK il y a de ça – c’est vrai qu’il faut reconnaitre l’audace et la patate qu’il nous envoie en pleine figure. mais pour moi qui y suis allé en convainquant ma femme (et ce fut dur) de venir avec moi, j’ai essuyé deux revers en un: celui d’une trahison scénaristique qui a piétiné mes souvenirs jubilatoires et la honte d’imposer un nanar à ma femme!
    en sortant de la salle, elle m’a fait sketch sur sketch à propos du machisme (niveau calendrier de camionneur) de la fameuse scène avec les bombasses qui se douchent en plein dessert. en mimant le truc avec un tuyau d’arrosage fictif et un air de pétasse (qu’elle imite à merveille) elle m’a fait ravaler ma honte de lui avoir rebattu les oreilles avec ce chef d’œuvre de mon adolescence ! et là, toute honte bue, qu’est-ce qu’on a ri, mais ri !…

    merci pour ce bon moment – après coup – mr Miller !

    • Ta femme a clairement rien compris à la scène de la douche et toi aussi par là même occasion vu que Miller réutilise les codes MTV allant jusqu’à prendre des mannequins de Victoria Secret pour mieux dénoncer ces codes de camionneurs justement que tu n’as pas compris :). Le problème vient peut-être de toi et pas du film…

      • est-ce bien raisonnable de faire des attaques personnelles cher ami? c’était donc fait exprès… très bien…je veux bien le croire si cela peut m’éviter qu’on s’imagine que j’ai un soucis avec les jolies filles, voire que je suis un homo refoulé, je ne vois pas bien à quel problème personnel ma critique m’expose mais bon.

        reste qu’entre l’intension de Miller (fut-elle louable) et sa mise en forme, il y a un gros malentendu qui s’est glissé.

        je sais reconnaitre le second degré quand j’en vois
        mais là…c’est free style comme message

  19. Hahaha 😀 A moi de te remercier pour cette anecdote hilarante 😉 C’est vrai que Miller a de l’audace, le résultat final est d’autant plus frustrant… J’ai 38 ans et je me demande si, au fond, ce film n’était pas plutôt adressé à un nouveau public, plus jeune. Peut-être que nous n’étions pas la cible visée, tout simplement !

    • Juste un avis hors film (que je n’ai toujours pas vu depuis mon commentaire), depuis des années les « blockbuster » hollywoodiens sont calibrés pour un public qui a moins de 30 ans, voire moins de 25 ans. Ce qui nous donne des films sans temps morts, sans moments de réflexion et encore moins de contemplation. Sans même parler d’une violence totalement irréaliste qui ne vise que le spectaculaire. Bref, mon ami, 38 ans, t’es bon pour les films de Bergman ! en noir et blanc et à la limite du muet ! 🙂

      • Hahahaha 😀 Bon, c’est décidé, je ne regarde plus que les films « Un certain regard » du festival de Cannes… La transition va être rude !

        • oui comme « La fontaine des femmes » – un film féministe qui se hisse péniblement à la cheville de l’indépassable parabole féministe qui nous occupe ici avec  » fast and Furiosa ».
          deux façons bien différentes d’emmener des femmes vers un point d’eau…
          quelle rigolade tout de même ;D


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