Apple, Amazon, les éditeurs : la guerre du livre numérique a bien eu lieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai lu en deux heures l’excellent bouquin d’Andrew Richard Albanese : 9,99$, La Guerre du livre numérique. Il faut dire que le geek que je suis était particulièrement concerné par le sujet : j’ai acheté l’iPad dès sa sortie en 2010, et plus tard j’ai basculé du côté obscur de la Force avec un Kindle, sans pour autant renier l’iPad, qui me sert à lire des comics en couleurs. Andrew Richard Albanese a parfaitement résumé la courte (mais tumultueuse) histoire de l’ebook. Depuis 2010, ce ne sont pas quatre années, mais plutôt quatre siècles qui se sont écoulés ! Les liseuses, les tablettes et les smartphones sont partout. Et pourtant en France, le marché des livres numérique se développe lentement. La technologie a beau être mature, le monde de l’édition n’a pas forcément pris la mesure de cette révolution qu’est la dématérialisation, une lame de fond qui a failli emporter l’industrie musicale à la fin des années 90. Le livre d’Albanese se résume à une seule problématique.

Le prix d’un ebook est le nerf de l’éditeur, euh, de la guerre

Alors que le monde du livre connait une crise sans précédent, quel prix faut-il fixer à un ouvrage numérique ? Cette question a priori toute simple a fait couler beaucoup d’encre (et usé pas mal de touches). Je me rappelle encore de ma réaction ahurie lorsque j’ai voulu acheter mon premier ebook.

À la sortie de l’iPad, un Stephen King valait au moins 15 euros ! Les ebooks étaient vendus non pas au prix des livres de poche, mais comme des grands formats… Aujourd’hui la situation a évolué : on peut acquérir sur son iPad ou son Kindle le premier tome du Trône de Fer pour 8,99 euros. C’est un peu plus cher que la version poche (7,70 euros), mais bien moins qu’un grand format (21,19 euros). Alors, quel est le prix idéal d’un ebook ? La question est plus complexe qu’elle en a l’air, car elle concerne la valeur qu’on attribue à un livre. Je reconnais que si les éditeurs s’amusaient à vendre leurs romans 99 centimes, ces ouvrages perdraient beaucoup de valeur. D’ailleurs, combien de gens ont téléchargé gratuitement des livres numériques qu’ils n’ont ensuite jamais lus ?

Le problème, c’est que le lecteur est face à un nouveau paradigme, un peu comme nos ancêtres lorsque l’imprimerie est apparue à la fin du Moyen-Âge. Avant cette invention, chaque livre était un objet d’art unique, mais sa lente conception coûtait horriblement cher. Lorsque Gutenberg a inventé ses célèbres caractères mobiles en plomb, une partie de l’élite intellectuelle a regretté que la culture du manuscrit ait été terrassée par des artisans équipés de presses à imprimer. Avec la désacralisation du livre, l’impensable était pourtant arrivé : acheter un ouvrage n’était plus un luxe réservé à une minorité. Le bénéfice était si immense, qu’à l’exception des moines-copistes, tout le monde était d’accord sur l’idée que cette industrialisation était une évolution nécessaire. Je ne vais pas être hypocrite : si j’avais la possibilité de choisir entre l’ebook de la Vie des douze Césars de Suétone, et une version médiévale écrite sur du parchemin, j’opterais bien évidemment pour le magnifique ouvrage de n’importe quel moine-copiste. Mais qui oserait aujourd’hui soutenir que l’imprimerie de Gutenberg n’a pas été un progrès fondamental pour l’Humanité ? Au fil des siècles, cette désacralisation du livre, qui est avant tout une démocratisation de la culture, n’a cessé de s’accentuer avec, par exemple, la reliure industrielle au XIXe siècle, la naissance du pulp, l’édition de poche au XXe siècle et… l’ebook.

Mais en France, les lecteurs considèrent que cette dématérialisation devrait permettre une baisse de prix beaucoup plus conséquente, c’est d’ailleurs l’un des facteurs qui explique pourquoi le livre numérique s’implante plus lentement dans notre pays.

Un facteur culturel

Le débat fait rage entre les défenseurs du noble objet-livre et les partisans du numérique, accusés de le désacraliser. Ironie du sort, on pourrait intenter le même procès à nos imprimeurs car l’encre de nos livres actuels aura bien du mal à traverser les siècles… contrairement à celle utilisée par les moines-copistes ! Certains rétorqueront, avec raison, qu’il n’est pas impossible qu’au fil des décennies ces fichiers deviennent obsolètes. Pour ces allergiques au numérique, un ebook à 99 centimes sera toujours trop cher, étant donné qu’il n’est pas « garanti à vie ». En y réfléchissant bien, l’argument du manque de fiabilité qui a été reproché au numérique peut se retourner contre le papier, avec des livres susceptibles d’être perdus lors d’une inondation ou durant un déménagement (j’en sais quelque chose, snif). Avec la dématérialisation, et de nouveaux modèles économiques, une telle perte devient virtuellement impossible. C’est là où, à mon humble avis, la polémique du numérique est à côté de la plaque : beaucoup de gens redoutent que ce format ne se substitue au papier, comme jadis l’imprimerie le fit pour le manuscrit. Mais c’est oublier que les deux supports sont complémentaires, et vont encore cohabiter très longtemps. Pourquoi faudrait-il choisir ? On ne le répétera jamais assez, rien ne remplacera un livre papier. Mais à côté de ça, quel bonheur de transporter dans la poche sa bibliothèque idéale à l’autre bout du monde ! De lire durant la nuit dans son lit sans déranger sa moitié ! Et de savoir que même si votre liseuse rend l’âme, tout votre collection est sauvegardée dans le cloud.

Le numérique amène de nouveaux paradigmes comme Youbox, le « Spotify » de l’ebook. Un autre modèle économique est encore plus révolutionnaire : le projet Bradbury. L’auteur Neil Jomunsi, alias Julien Simon, s’est fixé le pari fou d’écrire 52 nouvelles en un an, soit une par semaine. On peut acheter une nouvelle en numérique à l’unité pour 1 euro, ou bien s’abonner pour soutenir sa démarche créative. Pour moi, ce sont des innovations de ce genre qui imposeront le livre numérique, en donnant la possibilité au lecteur de découvrir autrement des univers… et des écrivains.

Dernier paradoxe, et non des moindres : pendant qu’on débat du juste prix d’un ebook, le livre papier continue d’évoluer ! L’impression à la demande permet désormais d’obtenir de beaux ouvrages. C’est un nouveau modèle économique qui se met en place pour les éditeurs et les libraires : non seulement il n’y a plus besoin de stockage, mais les invendus ne partent plus au pilon. Les écrivains en profitent également, puisque la rupture de stock appartient au passé. Leurs livres ne seront donc jamais épuisés. Ironie du sort, cette technologie rappelle furieusement l’époque du moine qui recopiait un livre pour honorer la commande d’un client ! Je suis convaincu que dans les prochaines décennies, les progrès de l’impression 3D autoriseront une révolution encore plus merveilleuse : l’impression à la demande d’objets-livres !

EDIT : on commence à aller vers cette direction, comme le montre ce reportage

Et vous, combien d’euros êtes-vous prêts à investir dans un ebook ?

Des moines-copistes à la demande dans l’Écume des Jours

Published in: on avril 11, 2014 at 11:15  Comments (28)  
Tags: , , ,

The URI to TrackBack this entry is: https://escroc-griffe.com/2014/04/11/apple-amazon-les-editeurs-la-guerre-du-livre-numerique-a-bien-eu-lieu/trackback/

RSS feed for comments on this post.

28 commentairesLaisser un commentaire

  1. Je vais répondre à ta dernière question. Pour le moment, je n’ai pas envie d’investir dans un ebook ! Pourquoi ? Avant, pour en revenir au fond de ton article, je suis plutôt d’accord, voire même tout a fait d’accord. C’est vrai que c’est séduisant d’imaginer avoir toute sa bibliothèque dans sa poche. J’imagine mes quelques 1000 bouquins dans mon petit sac à dos… Un rêve. Bon, petit bémol, pas certain que certains d’entre eux existent au format numérique.
    Et comme tu le dis, le risque de les perdre est tout aussi grand que celui de voir ses livres papiers partir en fumée. Bref, je reconnais l’intérêt du livre numérique. Il me semble qu’on en a déjà débattu rapidement, non ? 😉
    Mais alors, pourquoi ne pas y succomber ?
    Déjà par une certaine forme de conservatisme, c’est sur ! Déjà que je préfère le disque vinyle au CD et encore plus au mp3 (même si j’en ai sur mon iPhone), c’est le même conservatisme que j’éprouve pour le livre papier. Et conservatisme n’est pas péjoratif sous mes doigts…

    Ensuite, pour paraphraser les guignols de l’info, c’est une révolution, il faut tout racheter ! 🙂 Et à quel prix ? Et vais-je retrouver, par exemple, attends, je me lève, je regarde dans la première bibliothèque à ma gauche, le livre de John Atkins – Les mémoires du futur, paru au éditions Denoël en Présence du Futur ? Pas sur.
    Bon, en même temps, j’ai lu ce livre il y a bien plus de 20 ans, et peut-être que la nécessité de le racheter n’est pas urgente… Peut-être… ou pas !
    Au fait, pourquoi j’ai choisi ce titre entre les 300 qui s’entassent sur la bibliothèque à gauche de mon bureau ?
    —————————————-
    Le Pitch :

    À travers le récit de son héros – un homme de 3750 qui découvre une bibliothèque perdue et entreprend une histoire du monde depuis le XX° siècle – John Atkins s’est attaché à coordonner les informations jusqu’ici éparses dans les œuvres de Wells, d’Huxley, d’Orwell, de Bradbury, de Van Vogt…
    LES MÉMOIRES DU FUTUR, qui nous relatent les guerres atomiques, les invasions venues d’Outre-espace, la conquête des galaxies, la naissance et l’agonie des civilisations…

    —————————————-
    En plein dans le sujet non ? Que restera-t-il des livres numériques ? Quels formats pour les lire ? Bonnes questions non ?

    Et pour finir, je reste encore attaché à mon libraire. l’odeur du papier, prendre un livre en main, le manipuler, feuilleter les pages, lire la fin, non, non, pas lire la fin 🙂 et discuter avec le libraire, ses coup de cœur, ses réticences… Ça m’est encore indispensable. Et si en plus ton libraire, celui qui s’occupe du rayon SF/Fantasy de la Librairie Goulard d’Aix en Provence, s’appelle Philippe Monot, écrivain de Fantasy, c’est pas mal.

    Voilà, une longue réponse à ton article !

    Mais peut-être qu’un jour, j’y viendrais, au livre numérique, si je peux aller l’acheter chez mon libraire !

  2. Merci pour ta réponse qui m’intéresse beaucoup ! Il y a un bien évidemment beaucoup d’affectif dans ton approche du papier, et je te rassure tout de suite : c’est aussi le cas pour moi 😉 Après, je ne pense pas que le numérique soit incompatible avec le fait de fréquenter un libraire, heureusement d’ailleurs ! Tu as de la chance d’en connaître un bon, c’est génial. Mais je pense que la percée du numérique va contribuer à redéfinir le métier de libraire : certains n’hésitent pas à organiser des ateliers d’écriture, des séances de dédicaces, à installer des chaises pour que les lecteurs puissent s’asseoir de manière conviviale et lire avant d’acheter, bref à recréer ce lien social qui fait parfois défaut dans certaines librairies austères. Cette crise de l’édition est à mon humble avis une opportunité énorme pour les libraires de se démarquer, et de retrouver une place importante dans la chaîne du libraire. A la fin du Moyen-Âge, l’imprimeur était aussi un correcteur, qui connaissait le grec et le latin, bref un artisan humaniste. Un libraire ne l’est-il pas à sa manière ? 😉

    • C’est vrai, c’est aux libraires de s’adapter et de proposer une nouvelle expérience. C’est vrai qu’à Aix en Provence, les librairies ont bien résisté à l’arrivée de la fnac il y a quelques années déjà. Mais elles ont du s’adapter. Elle devront le faire pour le numérique.

  3. Toutafédakor, Capitaine !

    Et même que parallèlement à l’évolution du livre papier, le livre numérique évolue lui aussi. Pour le moment, sauf erreur de ma part, les liseuses ne supportent pas les formats audio, mais d’ici peu, il sera possible d’avoir des e-book comportant de la musique.
    Et je suppose que l’arborescence/sommaire du livre lui-même devrait pouvoir être maniable sous peu, comme c’est déjà le cas dans certains webzines ou œuvres en ligne.

    Pour répondre à ta question de fin : je ne mettrai pas plus ou autant dans un e-book que dans un livre (même si je suis ignare concernant le coût d’édition & diffusion d’un livre numérique).

    Le livre numérique présente de nombreux avantages : la place, le poids, l’usure sont évités (on peut emmener autant de titres que l’on veut en voyage ou même dans les transports en commun !), tu l’as déjà souligné.
    Et il est possible d’acheter des nouvelles à l’unité, au lieu de devoir prendre l’anthologie ou le recueil en entier.
    On peut triturer ses fichiers sans remords. Parce qu’une annotation sur un PDF ou un ePub, ça s’efface. Le stabilo sur un livre, non. Quant au crayon à papier, contrairement à ce que tout le monde pense, c’est ce qui tient le mieux (et les pelures de gomme sont fatales à long terme au papier).

    Bref, à bas le pilon ! Et oui à tout : aux vieux livres qui puent, aux beaux livres-objets, aux e-books et aux liseuses. Le plus important, au final, reste la lecture et le plaisir qu’on y prend 😀

    (et parce que c’est gentiment ironique et drôle : http://youtu.be/Q_uaI28LGJk)

  4. « Bref, à bas le pilon ! Et oui à tout : aux vieux livres qui puent, aux beaux livres-objets, aux e-books et aux liseuses. Le plus important, au final, reste la lecture et le plaisir qu’on y prend »

    Dans mes bras ! 😀 Pour la vidéo, j’avoue avoir longuement hésité entre celle-ci et celle que j’ai mise dans l’article, elle est vraiment très drôle 😉 Merci pour ta contribution, à laquelle j’adhère sans réserve 😉

  5. Sur le sujet des évolutions des supports de lecture, j’adore aussi celle-ci : https://www.youtube.com/watch?v=pQHX-SjgQvQ
    À la fin, c’est de l’impression à la demande dont tu parles, non ? C’est vrai que ça change la donne pour les éditeurs, mais pas forcément à l’avantage financier du lecteur puisqu’il n’y a plus d’économie d’échelle.
    Pour le numérique, tu sais que je suis un lecteur converti de longue date. Pour le prix, j’ai encore du mal à dépasser les 5 ou 6 € pour un roman. Mais je reconnais que le prix du titre à 9,99€ est psychologiquement celui qui évite le blocage à l’achat, notamment pour les nouveautés.
    Et pour faire écho au passage sur l’accumulation, j’ai des tonnes de titres de Brage qui m’attendent dans ma liseuse et ma tablette. On se demande bien quelles promos sont passées par-là…

  6. J’en ai des tonnes aussi suite aux fameuses promotions de ces dernières années 😉 J’ai également un peu de mal quand le prix dépasse les 5 euros, je pense que 4,99 euros est un bon compromis !

  7. Au-delà du problème du prix, se pose celui de la répartition du dit prix entre les intervenants de la Chaîne. Une fois les frais fixes (maquettage, illustration, corrections) amortis, la reproduction d’un ebook est gratuite (ou d’un prix négligeable).
    Tous les prix sont donc praticables. C’est une question de choix de politique économique. Vaut-il mieux vendre 1000 ebook à 10 €, ou les mettre à 1 € et espérer en vendre plus de 10 000 ?

    La seconde question qui se pose, c’est la répartition des gains entre les intervenants de la chaîne.
    Aujourd’hui les gros éditeurs font la même erreur que les maisons de disque à l’époque. Ces maisons, tenus par des gents d’un âge trop avancé pour avoir accompagné la révolution numérique sont incapables de repenser un modèle économique basé sur autre chose que les bases offre/demande et prix de vente minimum guidé par un prix de fabrication. Ils veulent garder leur marge, leurs certitudes et espèrent même profiter du numérique pour gagner davantage (c’est hallucinant de voir des ebook à 18€ quand me grand format papier est à 19,90 €..)
    Seules les petites maisons, jeunes et ouvertes sur la réalité du XXIème siècle se lancent dans l’aventure avec des modèles de prix cohérents.

    Allez, je pousse dans le politiquement incorrect : pour parler numérique, on devrait interdire toute personne qui a plus de 40 ans (à moins qu’elle travaille dans le monde de l’informatique…)

    • Je vais donc me taire ! 😀

      • Sardequin : ah non alors ! Pas d’auto-censure ici 😀 Ca serait un comble étant donné que tu es la personne qui commente le plus sur ce blog ^^

    • Tycho Dragu : Tu poses beaucoup de questions intéressantes !

      « Vaut-il mieux vendre 1000 ebook à 10 €, ou les mettre à 1 € et espérer en vendre plus de 10 000 ?

      C’est effectivement la réflexion de bon nombre de maisons d’édition en ce qui concerne les séries : le premier épisode est gratuit pour donner envie de télécharger les épisodes payants. Ce modèle économique connait un vrai succès, il n’y a qu’à voir la popularité de Walrus ou bien encore les Foulards Rouges chez Bragelonne… Je pense que c’est l’avenir, un peu comme pour les feuilletons de Dumas au XIXe siècle !

      « C’est hallucinant de voir des ebooks à 18€ quand le grand format papier est à 19,90 € »

      C’est clair ! Même s’il y a eu des efforts effectués depuis maintenant 4 ans (encore heureux !)

      « Allez, je pousse dans le politiquement incorrect : pour parler numérique, on devrait interdire toute personne qui a plus de 40 ans (à moins qu’elle travaille dans le monde de l’informatique…) »

      Je vais te surprendre : tu sais quel type de lecteur a imposé le Kindle aux Etats-Unis en l’achetant massivement ? Les personnes âgées 😀
      Je pense sincèrement que ce stéréotype du retraité réfractaire aux nouvelles technologies est en train de voler en éclats, car je connais pas mal de jeunes hostiles aux liseuses 😉 Je ne suis pas devin, mais je reste persuadé que dans les 5 prochaines années le numérique va s’imposer… si les maisons d’édition jouent le jeu. Aux Etats-Unis, le marché du livre numérique marche fort. Il n’y a pas de raison qu’en France il ne connaisse pas une évolution similaire, à condition bien évidemment que les prix des ebooks baissent, on est d’accord…

  8. Je ne me mets que lentement au numérique personnellement. J’avoue une nette préférence pour le papier. Je réserve donc la liseuse aux pure players et aux ouvrages libres de droits que je récupère gratuitement (et ne lit pas faute de temps. ^^).
    Sinon, bah je m’efforce de ne pas faire l’écureuil justement, si je lis pas dans la foulée, je télécharge pas. J’ai fait un tri récemment d’ailleurs, d’ouvrages récupérés par brassés pour la thèse, j’aime n’avoir que des « Lus » ou « A lire bientot » dans ma liseuse. ^^
    Du coup, pour le prix, bah faut que ça reste raisonnable, avec le coup d’achat de l’outil de base, il faut savoir s’adapter au marché.
    Et je trouve que sur ce point, les éditeurs de SFFF s’en sortent mieux que ceux de blanche qui restent coincés sur le papier. 🙂

    • Vestrit :

      « Et je trouve que sur ce point, les éditeurs de SFFF s’en sortent mieux que ceux de blanche qui restent coincés sur le papier »

      C’est vrai qu’on a de la chance ! 😀

  9. Pour moi également, le prix idéal d’un livre numérique se situe sous la barre des 5 €. Il me parait tellement aberrant de payer plus cher qu’un livre de poche pour un fichier au coût d’impression nul. Il parait logique que les économies réalisées se répercutent sur le consommateur, non ? D’autant plus quand celui-ci est prêt à renoncer au plaisir d’avoir un objet concret entre les mains.

    • Realsupercopter : en plus je pense vraiment que les maisons d’édition trouveraient leur compte. Je crois que Bragelonne a vendu plus de 500.000 ebooks grâce en partie à ses opérations ponctuelles ! C’est vraiment encourageant, car cela signifie que non seulement il existe une vraie demande pour les livres numériques (contrairement à ce que disent certains médias), mais qu’en plus tout le monde peut s’y retrouver financièrement. D’ailleurs, la collection Snark est un laboratoire idéal à ce niveau avec des titres à 4,99 euros. Non seulement je suis convaincu qu’un succès comme « Silo » est possible en France, mais en plus je suis persuadé qu’un best-seller numérique lancera une mode, et fera découvrir au grand public ce format.

  10. Bon article !

    Je lis sur numérique depuis 2 ans. D’abord sur kobo et maintenant sur Ipad (la luminosité de l’écran ne me gêne pas, au contraire, et je garde le kobo pour lire sur la plage l’été). Mon rappport aux livres a pas mal évolué depuis : j’attachais beaucoup d’importance à ma bibliothèque personnelle. Je me rend compte que c’est de moins en moins le cas : je suis en train de revendre tous les livres papier que je peux avoir en numérique, et lorsque j’ai le choix au moment de l’achat, j’opte pour le numérique. Si je n’ai pas le choix ça m’enerve et je me rabats parfois sur des solutions illégales (je l’avoue) ou sur une édition originale si c’est un livre étranger (le format numérique semble beaucoup plus répandu chez les anglo-saxons)

    Il y a quand même un vrai danger avec le numérique, c’est d’être au final captif d’une logique de l’accès, d’une logique d’abonnement, de ne plus être prorpiétaire de ses livres, et au final d’être impuissant face à une explosion des prix ou à toute autre décision arbitraire de l’éditeur. Contrairement au grand public, dans le monde scientifique, l’édition numérique est devenue incontournable, et les éditeurs en ont évidément profité pour prendre les bibliothèques universitaires à la gorge en fourgant des bouquets extrêmement chers, en imposant des conditions d’utilisation inacceptables, etc.

    Pour en revenir au grand public et au papier. En lisant ton article, j’ai envie d’ajouter que ce n’est pas que le livre electroniqe qui coûte cher, c’est aussi le cas du livre papier. plus de 20 euros pour une liasse de papier ça fait beaucoup quand même, c’est un prix qui ne correspond ni à la matière première, ni aux coûts de stockage/transport, ni à la valeur du contenu immatériel (selon moi). Je reconnais que mon point de vue est peut-être un peu biaisé parce que j’ai la chance d’habiter dans une grande ville (paris) avec de très grandes librairies (comme Gibert) où on trouve tous les livres d’occasion une semaine après leur sortie.

    (Sinon, un détail : j’ai eu un peu de mal à comprendre ton dernier paragraphe, je pense qu’il manque un mot et que tu parles d’impression « à la demande »)

    • Merci ! C’est vrai qu’on peut se retrouver piégé par un écosystème, que ce soit chez Apple ou Amazon. Mais j’ose espérer qu’il y aura un contrôle, une régulation au niveau de l’Etat En ce qui concerne le prix du papier, je ne suis pas forcément d’accord au sens où, à la différence du numérique, l’éditeur et les libraires prennent vraiment des risques. De manière générale, il faut compter aussi (et là ça vaut aussi pour le numérique) le travail de l’illustrateur, du lecteur-correcteur… et de l’auteur. L’écrivain peut travailler pendant des années sur un roman, et pourtant il est trop souvent la dernière roue du carrosse au niveau des rétributions : un écrivain qui touche 15% de droits d’auteur sur le papier, c’est Byzance. Le numérique devrait être le support idéal pour amener plus d’équilibre au niveau des bénéfices… Enfin bon, on disait la même chose lorsque le CD est sorti ! 😉

      (Merci pour la remarque, c’est corrigé !)

    • Se retrouver captif, et surtout être seulement « locataire » ! Quand on voit ce qui s’est passé lorsque Amazon a effacé de manière unilatérale un livre « acheté » et payé par ses clients, il y a de quoi être inquiet. Une histoire de droits parait-il !

      • Le pire, c’est qu’il s’agissait de « 1984 », ça ne pouvait pas plus mal tomber pour Amazon ^^

        • Le hasard fait très bien les choses !

  11. Excellent article, Amiral, comme toujours ! Pour ma part, c’est le développement de la publication en numérique seul qui a motivé l’achat de ma liseuse. Je garde l’achat papier pour la majorité de mes lectures, parce que je suis la seule à la maison avec une liseuse (pour l’instant) et surtout dans une logique de transmission. Mes livres papier, je les laisserai à mes gosses quand je casserai ma pipe. Ils font partie de ma vie, ont accompagné mon évolution, j’y ai puisé tant de choses et d’idées que j’ai envie que mes gamins puissent un jour tomber là dedans en se disant « Ah oui, maman avait adoré ce bouquin ». C’est du patrimoine pour moi. Je n’ai guère espoir, hélas, de pouvoir en faire autant avec mes livres numériques, qui ne sont pourtant pas de moindre qualité.

  12. Merci, tu soulignes un point essentiel en ce qui concerne le commerce d’oeuvres artistiques numériques. Aux Etats-Unis, Bruce Willis a attaqué Apple pour pouvoir léguer sa bibliothèque iTunes à ses filles ! En fait, le souci c’est que dans certains modèles économiques, on est dans une logique de service qui s’éteint donc, logiquement, à la mort du propriétaire (snif)… Je crois que c’est aussi ce qui explique en partie, dans l’édition comme dans bien des domaines, le succès du piratage : les gens veulent vraiment s’approprier des fichiers. C’est pour cette raison qu’on parle de plus en plus dans les publicités de téléchargement « définitif », je pense que cette évolution est une bonne chose ! Il faut rassurer les consommateurs, et tout faire pour que le numérique soit une opportunité, et non une cage dorée…

  13. Sardequin : Effectivement ! 😀

  14. Coucou !
    Pour moi, l’e-book est un objet soit « pratique » soit pas cher.
    Par exemple, j’ai acheté l’e-book d’un auteur dont je reçois la newsletter parce qu’il en faisait une promo à moins de 5€.
    Ou un autre e-book parce qu’il était 1) pas cher lui aussi et 2) plein de conseils pratiques pour les sites web, d’où la praticité de l’avoir en ligne tandis que je pouvais appliquer ses conseils.

    Mais rien ne vaut le plaisir de tourner les pages, de manipuler cet objet-livre, je n’ai pas autant de plaisir à lire les e-books.

    A moins qu’il ne s’agisse, et il me semble que c’est toi qui m’a présenté le concept, de ces ebooks illustrés, décorés, animés, bref, assortis d’un véritable « plus »… Ca, j’avoue que c’est une idée qui me plaît vraiment… et que j’aimerais creuser… Par exemple, en arrivant sur « et les oiseaux s’envolèrent, majestueux, dans la lumière chaude du soir », on pourrait entendre le bruit des ailes…
    Sur certains persos, une image pourrait surgir en cliquant sur le nom…

    Bon, j’arrête de délirer… :-p

    • Non, tu ne délires pas, ce sont les fameux ebooks enrichis dont nous avions parlé dans un article 😀
      C’est vrai que ce sont de beaux livres numériques. Leur seul défaut, c’est qu’ils représentent un certain coût pour l’éditeur, mais tous ceux que j’ai achetés sur iPad sont magnifiques. Je pense surtout à l’Homme-Volcan, l’Herbier des fées…

  15. Pour revenir sur ce que tu as dit sur le passage du livre écrit à la main au livre imprimé: le plus gros argument contre le bouquin imprimé à l’époque, était non pas leur valeur esthétique, mais le controle de l’information! N’importe quel péquin pouvait s’acheter n’importe quel bouquin empli de thèses hérétiques, subversives etc… C’est ainsi que le métier d’imprimeur a été sévèrement surveillé dans certains pays.

    Pour le livre numérique, ça peut potentiellement aller dans les deux sens. Ma plus grosse utilisation de ce genre d’ouvrage, c’est pour les manuels techniques. S’il est bien ,il se répand partout, y compris en version piratée et on peut difficilement reprocher à certains pays du 1/3monde de s’en servir largement. S’il y a une erreur dedans, elle se répand tout aussi vite. Quand aux « mises à jour » du texte suivant la politique du moment, on verra ce que ça donne…

  16. C’est vrai que les livres imprimés étaient considérés comme subversifs ! 😀 On retrouve d’ailleurs un peu cette subversion dans le numérique, surtout quand on considère que dans les pays asiatiques beaucoup de gens lisent sur leurs smartphones, comme tu le dis, ça peut aller très vite… Peut-être qu’un jour, un ebook changera le monde ? 😉

  17. […] y a deux ans, je concluais cet article sur les ebooks en imaginant une impression à la demande d’objets-livres dans les décennies à venir. Depuis […]


Répondre à Escrocgriffe Annuler la réponse.

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :