Pour moi, il y a trois fautes qu’un jeune auteur ne devrait jamais commettre :
– écrire pour devenir riche et célèbre
– envoyer un premier jet à des éditeurs
– commencer par une trilogie
Que les choses soient claires, si vous n’avez jamais été publié, écrire une trilogie est aussi facile qu’apprendre l’alpinisme sur la face nord de l’Everest. Un one shot (autrement dit, un bouquin qui se suffit à lui-même) c’est déjà assez compliqué comme ça, mais commencer par une trilogie… Pourquoi diable une trilogie ?

Même Gandalf est de mon avis
Je sais qu’en vous mettant en garde, j’ai l’air d’une vieille marâtre aigrie qui tente de briser votre rêve, mais croyez-moi, je sais de quoi je parle. Quoi ? Oui, j’ai écrit une… une… trilogie, mais on s’écarte du…. euh, oui, elle a été publiée, et alors ?… Bon, je vous vois venir. Vous voulez quand même l’écrire, votre saga, et rien ne vous fera changer d’avis, hein ? (soupir). Ok. Mais vous devez savoir dans quoi vous vous embarquez, et comment vous préparer à ce terrible combat. Montons sur le ring.
Avant de s’atteler à cette lourde tâche, il faut se poser pas mal de questions. Les premières sont naturellement « pourquoi écrire une trilogie » et surtout « pourquoi les trilogies fascinent tant de lecteurs et d’auteurs (dont votre serviteur) ? »
En fait, il y a une explication historique, enfin, je crois. Artistiquement parlant, écrire une histoire en trois volets est ancré dans notre culture occidentale : déjà à l’époque d’Eschyle, il existait des tragédies grecques prestigieuses en trois actes comme par exemple L’Orestie. Inconsciemment, on associe ce découpage à de l’élégance dialectique (thèse, antithèse, synthèse). La littérature comporte bon nombre d’exemples tels que les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, ou encore la Trilogie cosmique de C.S. Lewis, mais bien évidemment l’oeuvre qui a marqué la littérature mondiale, c’est le Seigneur des Anneaux. Ironie du sort, J.R.R. Tolkien n’avait pas prévu de diviser son épopée, c’était une décision de l’éditeur motivée par le prix du papier ! Toujours est-il que cette histoire épique a profondément influencé des générations de lecteurs et d’écrivains, peut-être parce que le Seigneur des Anneaux représente un idéal de la littérature de l’imaginaire : honnêtement, qui n’a pas poussé un soupir en tournant la dernière page de cette oeuvre phare du XXe siècle ? On a passé tellement de temps avec ces personnages qu’on a l’impression de les connaître depuis toujours. À la fin de l’histoire, je me souviens que je n’avais aucune envie de quitter Frodon et Sam, au point de lire les appendices, et je crois que cette expérience de lecture hors-normes a marqué les esprits. Ce qui rend ces longues sagas si attrayantes, c’est le fait qu’on a le temps de nouer une complicité avec des héros qui deviennent des amis.
Depuis les années 50, les trilogies ont envahi la littérature de l’imaginaire avec les Guerriers du Silence, la Trilogie de Mars, la Trilogie de l’elfe noir, la croisade noire du Jedi fou, À la Croisée des Mondes, Hunger Games, la Trilogie du Vide mais aussi le cinéma avec les Bronzés Star Wars.
Mais si vous reconnaissez qu’il existe un grand nombre de trilogies, c’est que ce n’est pas si compliqué à écrire, non ?
En fait, ce qu’il faut savoir, c’est qu’un changement majeur dans votre tome 1 (personnage, intrigue, univers…) a des répercussions sur les suites. En gros, vous travaillez sur trois chantiers en même temps, et c’est en partie pour cette raison qu’en matière d’écriture je suis plutôt « architecte », j’utilise un plan, contrairement à certains amis « jardiniers » que j’admire et qui écrivent à l’instinct. D’ailleurs, vous devez absolument savoir si vous êtes architecte ou jardinier, mais ceci est une autre histoire. Le problème avec ces trois chantiers, c’est qu’en tant que jeune écrivain, vous allez en permanence vous améliorer : quand vous aurez terminé votre tome 3, vous ne pourrez plus voir en peinture votre tome 1. Vous ferez donc des corrections sur votre premier roman… et lorsque vous aurez fini, votre tome 2 vous paraitra terriblement maladroit. Vous le corrigerez, et ainsi de suite… Écrire c’est se transformer en Sisyphe, même quand vous avez eu la chance d’être publié : je peux vous assurer que si je devais reprendre mon premier bouquin aujourd’hui, presque un an après sa publication, il serait différent*
Plus tard, quand vous aurez terminé, relu et longuement corrigé votre tome 1, vous allez être confronté à un dilemme : faut-il avoir tout écrit avant de soumettre votre bébé à des maisons d’édition ? Pas simple de répondre à cette question… Dans un monde idéal, je dirais que oui : en accouchant de vos tomes 2 et 3, vous vous évitez une future pression éditoriale quand votre premier opus sera publié et qu’on vous demandera quelques mois plus tard si la suite est prête, ce qui n’est pas négligeable. Des grands auteurs comme Stephen King ou George R.R. Martin ont subi ce stress, et il y a de bonnes chances que ce soit le cas pour vous.
Écrire tout d’une traite vous permet également d’échapper à des incohérences majeures, étant donné que votre éditeur aura une vue privilégiée sur l’intégralité de votre oeuvre. Il aura assez de recul pour vous faire remarquer que Jean-Paul le Hobbit, le gentil fermier qui sauve Gore le barbare à la fin de votre tome 3, a passé l’arme à gauche au milieu du tome 1. Il suffit alors de ressusciter Jean-Paul pendant les corrections éditoriales. Naturellement, cette modification est impossible à effectuer lorsque le tome 1 est déjà publié : Jean-Paul est mort pour de bon. En écrivant votre tome 3, vous réalisez avec douleur combien ce bon vieux JP était essentiel à l’intrigue, mais vous êtes obligé de trouver une autre solution, avec plus ou moins de finesse, si vous voulez sauver Gore le barbare**. De manière plus positive, écrire tout d’une traite vous permet aussi de mettre plus de liant dans l’histoire : c’est toujours extrêmement gratifiant pour le lecteur de découvrir à la fin d’un cycle que, dès les premières pages, l’auteur savait où il allait. Et pour l’écrivain, il n’y a rien de plus jouissif que de s’amuser à dissimuler des détails a priori anodins qui prennent une importance capitale dans le tome 3.
Bien sûr, le drame dans tout ça, c’est que vous avez autant de bonnes raisons de ne pas écrire toute votre oeuvre d’un coup et pour cause : lorsque vous soumettez votre tome 1, au bout de quelques mois vous vous demandez si vous n’avez pas passé des années à écrire une trilogie pour rien (même s’il reste l’option de l’auto-édition). Si votre tome 1 est publié mais que les lecteurs ne sont pas au rendez-vous, il se peut que votre éditeur vous annonce avec regret la fin de l’aventure. Ça ne fait pas de lui un monstre : depuis la crise de 2008, de nombreuses maisons d’édition ont disparu et votre éditeur joue sa vie à chaque sortie, hélas. À vrai dire, les séries inachevées sont monnaie courante : il faut savoir que les lecteurs d’aujourd’hui sont moins fidèles que par le passé, ce qui est compréhensible. À quoi bon lire la suite si on n’accroche pas au tome 1, alors qu’il y a toujours plus de livres à découvrir ? Lors d’un salon, un ami éditeur m’expliquait qu’il n’était pas contre une trilogie dans le même univers, mais à condition que les romans soient indépendants, avec des personnages différents.

Impossible de me rappeler pourquoi j’ai inséré ce GIF du dernier Tarantino…
En ce qui me concerne, au moment de soumettre mon premier bouquin j’avais déjà écrit le tome 2, et le tome 3 dans les grandes lignes (ce qui explique pourquoi j’ai été contraint de reprendre en profondeur le dernier volet, étant donné que les tomes 1 et 2 avaient muri lors des corrections éditoriales). Avec le recul, je pense que c’était le bon choix, mais chaque auteur a sa propre façon de travailer : certains estiment qu’il est insensé d’investir autant de temps et d’énergie sur des tomes 2 et 3 pour une publication incertaine. Personne n’a raison ou tort, vous seul pouvez trancher.
Bon, maintenant que vous savez dans quoi vous vous embarquez, je vais vous dire pourquoi écrire une trilogie est la plus belle chose qui soit. Ne me regardez pas avec cette mine étonnée. Oui, vous avez gagné, je l’avoue, écrire une trilogie, c’est grisant, merveilleux, gratifiant et délicieusement terrifiant. Ca vaut vraiment le coup… mais quand l’histoire s’y prête. Ce constat vaut pour tous les médias, y compris le cinéma. Il n’y a rien de pire qu’une saga comme la Vérité si je mens, non pas parce que j’ai horreur des comédies françaises. Ce que je veux dire, c’est que ces suites sont faites pour de mauvaises raisons (au hasard, l’argent…) alors qu’une trilogie devrait au contraire être pensée comme telle, dès l’écriture des premières lignes. Un peu comme à la télévision avec Six feet under, The Wire, les Soprano ou Breaking Bad… des séries différentes, mais qui bénéficient d’une vraie fin satisfaisante, contrairement au Lost de Jean-Jacque Abrams (oui, pour moi il s’appelle Jean-Jacque).
Un exemple tout simple : le premier Rambo, un chef d’oeuvre du cinéma américain. Ne ricanez pas, je suis très sérieux. Ce film raconte l’histoire d’un vétéran du Vietnam qui rentre traumatisé au pays, dans la misère la plus totale. Alors qu’il s’attendait à être accueilli en héros, le voilà désormais SDF, en pleine errance. Humilié et torturé par la police d’un shérif sadique, cette victime redevient une machine à tuer. À l’origine, le film devait se terminer par la mort du personnage de Sylvester Stallone (la scène avait même été tournée), mais au final, dans les années 80 on a eu droit à deux suites consternantes… alors que le premier opus se suffisait à lui-même. On pourrait dresser le même bilan avec d’autres sagas comme Robocop.
On ne le dira jamais assez, une trilogie n’a rien à voir avec une démarche commerciale, les suites ne peuvent être du réchauffé. Une trilogie doit être légitime, c’est-à-dire que le dernier volet doit susciter une intense réflexion chez le lecteur/spectateur, et bien évidemment de l’émotion. Mieux : dans la mesure du possible, l’ultime chapitre est pensé dès le début de l’écriture. Voici selon moi les meilleures trilogies de tous les temps, tous médias confondus. Des histoires qui ont marqué l’inconscient collectif. (Je ne reviens pas sur le Seigneur des Anneaux, j’ai dit tout le bien que je pensais du chef d’oeuvre de Tolkien dans cet article. Même constat pour Hunger Games).
Le Parrain
Le Parrain est pour moi l’exemple même de la trilogie réussie. Un premier chapitre novateur, un deuxième volet original (Francis Ford Coppola eut la merveilleuse idée d’adopter une structure risquée en flashbacks, et de faire appel à Robert De Niro pour incarner Vito Corleone jeune, le père d’Al Pacino), et un dernier acte au goût amer, avec cette magnifique question philosophique : qu’est-ce que le pouvoir ? Le dénominateur commun de ces trois films, c’est la famille, celle des Corleone, mais aussi celle de Coppola qui apparait régulièrement à l’écran dans une vertigineuse et émouvante mise en abyme : le bébé baptisé du premier volet n’est autre que Sofia Coppola, qu’on retrouve des années plus tard dans le dernier chapitre. La boucle est bouclée dans cette trilogie que vous ne pouvez pas refuser…
Ça (EDIT : trois tomes… mais seulement dans l’édition française J’ai lu)
Pour moi, Ça est peut-être ce que Stephen King a écrit de mieux avec le Fléau (une autre belle trilogie) et la Tour Sombre. Imaginez un clown tueur de gosses qui sévit aux Etats-Unis, des protagonistes qui sont encore enfants, et deux lignes temporelles (1954/1984) qui ne forment qu’une seule et même histoire… Ce cocktail donne une trilogie haletante qui se lit d’une traite. Le King approche de l’excellence car je serais bien en peine de vous dire quel tome j’ai préféré, signe que l’ensemble est homogène. C’est une vraie trilogie dans le sens noble du terme, avec une fin qui procure des frissons, mais surtout beaucoup de nostalgie et de tendresse façon Stand by me : 25 ans après l’avoir lue, je me souviens encore des sept jeunes héros du Club des Ratés.
La Guerre des Étoiles (la vraie trilogie)
Même si le Retour du Jedi ne bénéficie pas d’un scénario extraordinaire, les épisodes IV, V et VI forment un cycle relativement cohérent, grâce notamment à un deuxième acte dramatique à souhait (la capture de Han Solo, la fameuse révélation de Darth Vader). Détail incroyable, durant le tournage de l’épisode IV, Lucas n’était pas sûr que Vador soit le père de Luke.
Le cinéaste a failli écrire la trilogie parfaite, on ne peut d’ailleurs que regretter le départ du producteur Gary Kurtz après l’Empire Contre-Attaque, pour cause de divergence artistique avec Lucas sur ce qui s’appelait encore la Revanche du Jedi. Dans ce long dossier de Star Wars Universe, Gary Kurtz livre un témoignage passionnant teinté d’amertume :
L’idée originale était que Han Solo soit récupéré au début de l’histoire et qu’il meure ensuite au milieu de l’histoire, durant un raid sur une base impériale.
Le fil de l’histoire qui a été totalement jeté par la fenêtre, et qui était vraiment important à mes yeux, était celui de Vador tentant de convaincre Luke de le rejoindre pour renverser l’Empereur. Car ensemble, ils avaient assez de pouvoir pour le faire. Il ne devait pas dire qu’il voulait dominer le monde et être le chef maléfique. C’était une transition. Vador devait se dire : « J’observe à nouveau ce que j’ai accompli, le chemin qu’a pris ma vie et la personne que je sers », et dans la tradition samouraï, « si je peux unir mes forces avec mon fils, qui est aussi fort que moi, peut-être pourrai-je réparer certains de mes torts. » Tout cela devait être développé dans Le Retour du Jedi. L’histoire était donc plus poignante, et la fin était le couronnement de Leia qui devenait la reine de ce qui restait de son peuple, assumant le symbole royal. Cela signifiait qu’elle était désormais isolée des autres, et Luke s’en allait seul. C’était essentiellement une fin douce-amère. Elle n’était pas sa soeur qui se révélait juste pour tout conclure parfaitement. Sa soeur était à l’autre bout de la galaxie et elle ne devait pas débarquer avant l’épisode suivant. Ca aurait été assez triste, mais également poignant et optimiste car ils auraient gagné une bataille. Mais l’idée d’un autre assaut sur une autre Etoile de la Mort n’était pas présente du tout… Ca a finalement été du réchauffé de La Guerre des Etoiles, avec de meilleurs effets spéciaux. Et il n’y avait pas d’Ewoks… C’était entièrement différent. L’histoire était également plus adulte et plus simple.
Une soeur cachée de Luke devait donc apparaître dans les films ultérieurs à la trilogie. D’autres notes de Lucas pour L’Empire Contre-Attaque précisaient qu’elle suivait une formation de Jedi en même temps que Luke, dans une autre partie de la galaxie. Mis à part cet élément, Kurtz prétend que l’intrigue des suites « était très vague. C’était le périple de Luke pour devenir un Chevalier Jedi de premier plan dans le moule d’Obi-Wan Kenobi, et son ultime confrontation avec l’Empereur. C’étaient les grandes lignes et il n’y avait rien d’autre ».
Il semble donc que Lucas, peu satisfait du ton pessimiste de l’Empire Contre-Attaque, ait décidé de tout miser sur une happy end. Si pour le gosse des années 80 qui demeure en moi, le Retour du Jedi soutient la comparaison avec les épisodes IV et V (nostalgie oblige) l’adulte que je suis ne peut s’empêcher d’imaginer ce que la vision de Gary Kurtz aurait donné. On aurait évité une incohérence majeure entre la Revanche des Sith et le Retour du Jedi, quand cette mythomane de Léïa dit à Luke qu’elle se souvient du visage de sa mère (pfff, j’te jure), et on aurait peut-être eu un chef d’oeuvre du calibre de l’Empire Contre-Attaque…
Evil Dead

« Chez Prix Bas les prix sont bas ! »
L’une des trilogies les plus drôles de l’histoire du cinéma. Un film d’horreur, une suite burlesque, et un épilogue qui se déroule au temps des chevaliers de la Table Ronde (et du Nécronomicon !), le tout porté par le talent inouï de Bruce Campbell, alias « Ash », l’homme à la tronçonneuse, exterminateur de morts-vivants… Une satire au vitriol de l’american way of life par Sam Raimi.***
Retour vers le Futur
Que peut-on dire de plus sur cette trilogie loufoque mille fois saluée par la critique ? Faut-il rappeler que c’est l’une des plus intelligentes sagas temporelle jamais réalisées ? Les détails sont soignés, et l’ironie toujours présente : Mac Fly retourne dans les années 50, rencontre sa mère… qui tombe amoureuse de lui. De l’humour, de l’émotion, une véritable pépite des années 80.
Les Fourmis
Les Fourmis, c’est pour moi l’oeuvre phare de Bernard Werber (avec les Thanatonautes). Je suis fan de ses premiers livres (et uniquement des premiers). Cet auteur a subi des attaques féroces, parfois justifiées (je pense notamment au très décevant Papillon des Étoiles), mais quoi qu’il en soit, cette trilogie reste un monument de la littérature de l’imaginaire. Fable philosophique, roman scientifique, enquête policière, les Fourmis, c’est un peu tout ça à la fois. Et l’auteur accomplit l’exploit de mettre du liant avec des personnages qui n’ont, a priori, rien à voir.
Dead or Alive (DOA)

La plus longue ligne de coke de l’Histoire du Cinéma (Dead or Alive I)
La trilogie extrême du cinéaste surdoué japonais Takashi Miike, interdite aux moins de 77 ans. Le seul rapport entre les trois volets, ce sont les deux acteurs principaux ! Le premier DOA est un film de yakuzas ultra-violent qui se termine par un duel au bazooka (!!). Le deuxième chapitre, contemplatif et mélancolique (!!!), se déroule dans une province japonaise au charme désuet, tandis que le troisième long-métrage est orienté SF cyberpunk… Seul un réalisateur de la trempe de Takashi Miike pouvait faire preuve d’un tel culot, pour un résultat what the fuck absolument jouissif. Le cinéaste fait voler en éclats tous les principes que j’ai énumérés dans mon article, mais s’affranchir de toutes les règles, n’est-ce pas là la marque du génie ? 🙂
Merci de nous parler de cinéma japonais, mais où voulez-vous en venir exactement ?
Pardon, je m’égare. En bref, si vous êtes un jeune auteur comme moi, je vous déconseille fortement de commencer par une trilogie, mais si c’est votre rêve, et que votre projet nécessite impérativement ce format très particulier, alors il faut vous lancer et éviter de douter par la suite. « Fais-le ou ne le fais-pas, il n’y a pas d’essai » expliquait ce bon vieux Yoda. Écrire une trilogie, c’est un peu comme être dans la peau d’un boxeur qui prépare les championnats du monde.
Vous êtes un écrivain, ce qui revient à dire que vous êtes votre pire ennemi, donc n’oubliez pas de prendre soin de vous. Et puis, tant qu’à faire, arrêtez de lire cet article un peu déprimant. Je vous ai parlé de combat quotidien à travers des métaphores sportives comme la boxe ou l’alpinisme, d’accord, mais il ne faut jamais perdre de vue qu’écrire doit rester, autant que faire se peut, un plaisir avant tout.
Alors courage pour votre future trilogie et, surtout, amusez-vous bien !
* Ce constat est le même pour tous les auteurs. En 2003, Stephen King a repris le Pistolero qu’il avait écrit à la fin des années 70.
** Sans que ce ne soit non plus dramatique, j’ai été confronté à ce cas de figure en terminant les corrections éditoriales de mon tome 2. J’ai eu envie de mieux introduire une caractéristique propre à un personnage, mais bien sûr le tome 1 était déjà publié. Tant pis, c’est la vie.
*** J’ai longtemps hésité à mettre la trilogie Spider-Man du même réalisateur dans mon classement (j’avais beaucoup aimé les deux premiers), mais de l’avis même de Sam Raimi, Spider-Man 3 « ne fonctionne pas très bien ».
^^ Super article… je suis sûre que tu avais raison d’écrire ta trilogie, hein. Bon, hum, et un diptyque, c’est grave, à ton avis ? Je crois que c’est un format inhabituel, en fait…
Merci Domi ❤ Oh ce n'est pas si inhabituel, un diptyque. Il y en a un qui est extraordinaire en SF : Dune ! Je me souviens que la fin du premier tome se termine par une tempête de sable terrible…. Je trouve que c'est un format "rassurant", tant pour l'auteur que d'un point de vue créatif. Le diptyque est peut-être même plus légitime si tu veux terminer le premier opus avec une fin à suspens…
Ah oui, Dune, en effet… lu il y a longtemps, une méga claque. J’aimerais m’en trouver une belle édition, d’ailleurs. Ce texte mériterait un grand format relié. Du reste, d’accord avec toi sur les Fourmis et les Thanatonautes (qu’est ce que j’ai aimé ce bouquin!) ; j’ai juste trouvé les personnages des Fourmis un brin archétypaux, autrement c’est passionnant.
Attention attention…
Dune I et II n’existent qu’en version française, si je ne m’abuse. Là aussi, des choix éditoriaux, toussa. A la base, il n’y avait qu’un seul « Dune ». Puis « Le Messie de Dune ». Puis toutes les suites qui pour moi, forment vraiment un tout.
Mais c’est un autre sujet ^^
Le diptyque, c’est très bien aussi.
Merci pour la précision ! 😉
Article encore une fois très intéressant 🙂 (je commente pas toujours car c’est pas facile du smartphone mais je te lis !) c’est certain qu’il vaut mieux savoir où l’on va quand on s’engage dans ce genre de projet, ça me fait rire car en effet la scène finale (avant l’épilogue) de mon projet je l’ai écrite dès le début. Dans mon cas je pense qu’un dyptique est le plus adapté même si je crains le changement de ton (le deuxième est plus sombre, le premier fait presque cucul en comparaison !) et la différence de taille (le deuxième est bien plus fourni), mais bon c’est que le premier jet je verrai bien comment je le reprendrai quand je m’y remettrai !
Sinon bien d’accord avec les fourmis, son côté anticipation m’avait fasciné et je trouve dommage que ce qu’il ai pu faire ensuite lui ai nuit comme ça au niveau réputation. Ça fait parti pour moi des oeuvres classés « litt blanche » qui sont en fait de la sf. Ça me donne envie de ressortir lencyclo du savoir relatif et absolu….
Merci Lael ❤ C'est clair que l'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu était passionnante 🙂 C'est chouette que tu aies écrit dès le début ta scène finale ! Mélanie Fazzi m'avait dit que connaître la fin était un bon moyen d'écrire une nouvelle, et je suppose que c'est une force de savoir comment une histoire se termine (du moins, pour certains auteurs architectes comme nous). Pour moi, ton changement de ton n'est pas forcément un souci si c'est bien amené.
Complètement d'accord pour le classement des "Fourmis". Le plus dingue dans tout ça, c'est que Werber revendique d'appartenir à la littérature de l'imaginaire, mais je crois qu'en France, depuis Jules Verne au moins, on a un souci avec cette étiquette…
Au tout début, lorsque j’ai commencé à écrire, bien avant de publier (ou même d’essayer !) des nouvelles, je me suis lancée dans une grande épopée en « jardinière ». Au bout de 100 pages, je me suis rendue compte qu’il fallait que je structure tout ça avant d’aller plus loin, sinon ça allait être le foutoir et moi-même ne m’y retrouverais plus. Vu l’ampleur de la chose, je sentais bien l’histoire se développer jusqu’à une trilogie.
Alors j’ai abandonné.
J’ai tenté le format court, les nouvelles. Je n’ai publié que cela jusqu’à présent.
Oh j’ai bien un projet de roman one-shot sur le côté que je prévois d’écrire un jour. Et mon tout premier projet, cette trilogie, elle reste là à flotter au milieu des bribes d’autres idées. Je la contemple parfois, nostalgique de ces personnages auxquelles je me suis attachée et que j’aimerais faire renaître.
Mais pas tout de suite. Je n’ai pas encore les épaules pour ça.
Je trouve ça génial que tu n’aies pas renoncé à écrire ta trilogie. C’est sage de pouvoir se dire « pas tout de suite » 🙂 Vivement que tu écrives ton one-shot 😉
Très sympathique article ! 🙂
C’est drôle, moi qui ne me voyais pas écrire une trilogie (encore moins un roman one-shot) voilà que je m’achemine lentement mais sûrement vers ce format ^^ »
Comme quoi… ne jamais dire jamais ! 😉
Mais il est vrai que démarrer direct par là me semble très ambitieux. Après, si on a tout de suite la matière, pourquoi pas, mais en effet, mieux vaut se préparer à beaucoup de travail, de sueur, de sang et de larmes pour parvenir à ses fins ! 😉
Bravo en tout cas t’être lancé dans un tel format dès le départ, je te tire mon chapeau ! 🙂
Merci Lullaby 🙂 Comme tu l’as compris, le titre de l’article était volontairement ironique, et je suis heureux d’apprendre que tu vas franchir le pas 🙂 C’est vrai que c’est du boulot, mais ça en vaut la peine 😉 Bon courage à toi !
Déjà, ton post là, tu aurais pu en faire une trilogie, c’est un peu long en une fois ! 😉
Désolé ! 🙂
Article super intéressant ! Curieusement, moi c’est le contraire : je n’arrive pas à écrire des romans à plusieurs tomes. Je suis toujours dans le one shot, peut-être parce que je fonctionne comme quand j’écris des nouvelles ou alors parce que je n’écris pas de la fantasy (genre plus propice aux trilogies). Je ne sais pas ce que les éditeurs préfèrent quand on est un « écrivaillon » en devenir.
Merci Louisia 🙂 Pour ton projet, surtout ne change rien ! Les éditeurs préfèrent vraiment le one shot. Et puis même pour « un écrivain en devenir », c’est un format pratique : si ton premier roman ne marche pas, cela ne prête pas à conséquence… Je pense que c’est très sage de ta part de commencer ainsi 😉
Ah ah ah ! Je pense que tu peux imaginer ma tête devant ton article !
D’accord sur tous les points, et contente de voir que je ne suis pas la seule fan de « Ça », qui reste bluffant tant dans la structure que dans la restitution des ambiances et des personnages. Iil me semble que l’édition que j’ai lue (en grand format il y a bien longtemps) était en deux volumes, mais n’empêche. Grand bouquin.
Actuellement je suis en train de jurer qu’on ne m’y reprendra plus, bien sûr (obligée d’écrire un petit bout du t3 pour « caler » un passage du t1). Mais en même temps, c’est complètement fascinant ces correspondances sur plusieurs volumes ! 😀
😀 C’est clair que tout ce travail d’harmonisation est passionnant, bon courage pour ton tome 3 😉
Article très intéressant, surtout de voir le point de vue de quelqu’un qui a dû élaborer sa trilogie :).
Dans le domaine de l’imaginaire, c’est vrai qu’on a beaucoup de longs cycles, trilogies ou autres. Je crois que c’est aussi parce qu’en fantasy notamment, on imagine un univers et qu’on a souvent tendance à voir grand. Des auteurs arrivent à écrire des one-shot, ou des nouvelles, à se concentrer sur une ville plutôt que de nous balader sur tous les continents… Mais on doit ressentir le besoin de poser un contexte pour que le lecteur comprenne bien, se sente immergé dans un univers riche dont on lui donnerait beaucoup de détails tout en lui lassant comprendre qu’il ne voit qu’une partie de l’iceberg et du coup on se dit qu’un roman n’y suffira pas et qu’il faudra plusieurs parties.
Par contre, il me semble qu’en version originale, Ça n’est pas une trilogie mais un gros roman qui a été divisé d’un seul tenant. En France J’ai Lu l’a effectivement découpé en 3 tomes (le premier s’arrêtait au milieu d’une phrase, si je me souviens bien XD) et chez Le livre de Poche, il est en deux tomes mais ce n’est pas un découpage prévu par King.
Merci pour la précision sur Ça, effectivement King n’avait pas prévu ce découpage, étrange de se dire que j’ai découvert ce livre dans cette édition 🙂 Mine de rien, ça a son importance, il n’y a qu’à voir le cycle de l’Assassin Royal, haché en morceaux en VF. La lecture est du coup très différente !
« divisé d’un seul tenant »: je devrais me relire quand même, des fois.
J’ai aussi découvert le livre par l’édition J’ai Lu, les couvertures qui forment une frise m’avaient bien marquée. Ça me manque un peu, d’ailleurs, ces illustrations parfois d’un goût douteux et sanglante de la défunte collection épouvante.
Effectivement, elles étaient très choquantes pour l’époque, du « jeunesse » un peu gore !
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