Festival Fantasy de Vallauris

 

Le week-end dernier, j’ai eu la chance d’être invité à la première édition du festival fantasy de Vallauris, et pour un coup d’essai, il faut bien reconnaître que c’était un coup de maître ! La décoration steampunk était sublime, et le public au rendez-vous.

 

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J’ai eu le privilège de rencontrer des auteurs que j’apprécie, et la joie de retrouver Carina Rozenfeld, la bienveillance incarnée, ainsi que Lionel Davoust, qui m’a initié à la synthwave (Lionel, je t’adore !).

J’ai également fait la connaissance d’Ange, alias Anne Guéro qui a co-écrit le mythique Ayesha, l’un des meilleurs romans jamais publiés chez Bragelonne. Coïncidence incroyable, Anne a dirigé un temps Casus Belli, un magazine de jeu de rôle que je dévorais, mais aussi des scénarios pour In nomine satanis magna veritas et Bloodlust, des jeux auxquels je jouais ! On a beaucoup discuté d’éthique et de spiritualité, c’était très enrichissant.

 

 

Avec Pierre Bordage, nous avons parlé d’Eden Log, de notre passion commune pour l’Inde et les philosophies orientales, largement présentes dans les Guerriers du Silence. J’ai été captivé par ses récits de voyage. Lors d’un repas, je n’ai pu m’empêcher de lui avouer qu’il avait été un véritable « porte-bonheur » six ans auparavant : alors que je n’étais pas publié, j’ai déjeuné avec lui (et Victor Fleury, qui n’avait pas encore écrit l’Empire Électrique pour Bragelonne !) aux Imaginales 2013, à Epinal. Le soir même, je devais rencontrer pour la première fois mon futur éditeur, Stéphane Marsan, lors du speed dating littéraire… Ce jour là, Pierre me dit qu’il va croiser les doigts. Et voilà que je me retrouve de nouveau à table avec lui… cette fois en qualité d’auteur invité ! Si, lors de mes études en fac d’histoire à la fin des années 90, à l’époque où je lisais dans ma chambre étudiante niçoise les guerriers du silence, une voyante m’avait prophétisé un tel futur, je pense que je lui aurai ri au nez…

Tournoi Soulcalibur VI

Les thèmes des tables rondes étaient intéressants, j’ai particulièrement aimé « Fantasy et mythes », un sujet qui me passionne, brillamment modéré par Stéphane Manfrédo. J’ai eu le plaisir d’échanger avec Pierre, Lionel et l’enthousiaste Sylvie Miller. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons été bavards ! La vidéo HD est disponible ici 

 

 

Grâce à cette intervention, j’ai fait la connaissance de jeunes auteurs en devenir, passionnants et passionnés, qui se sont laissés tentés par ma trilogie, ainsi que d’autres lecteurs tout aussi attachants, sans parler des amis de longue date que j’ai retrouvés. Un moment très sympathique que je ne suis pas prêt d’oublier.

 

 

Le samedi soir, j’ai profité de mon retour dans la région pour revoir des amis d’enfance avec qui nous avons fait une partie de jeu de rôle sadique, « l’Appel de Cthulhu« , le scénario était concocté par mes soins, gnac gnac… Ambiance Stranger Things, 25 ans après…

 

 

Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce festival, j’espère qu’il réussira à s’implanter durablement dans les années à venir, il le mérite vraiment ! Bonus : quelques photos d’Antibes et de Nice, regardez le nom du voilier…

 

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Un immense merci à Carole Cerrito, Jeanne Cagnon-Tripodi, Stéphane Manfrédo, et Damien Gaudin, ainsi qu’à toute l’équipe de l’organisation. Longue vie au festival !

EDIT : ajout de nouvelles photos

Trois raisons d’aimer la Fantasy

Pas évident au pays de Descartes de s’affirmer en tant que lecteur de Fantasy (et d’en écrire). Lorsqu’on reconnait être passionné par ce genre littéraire/cinématographique, on se heurte rapidement au snobisme dont est victime la SFFF* en général. Ce syndrome peut se résumer par ce dialogue-type que vous avez sûrement déjà vécu.

Snob lambda : – T’aime bien ces trucs, toi ?

Geek lambda : – Euh, tu sais que la Science-Fiction a accouché de chefs-d’oeuvre ?

(Regard perplexe du snob lambda) : – Comme quoi ?

Geek lambda : – Ben 2001 l’Odyssée de l’Espace par exemple. C’est un Kubrick, mais tu savais que c’était aussi un bouquin d’Arthur C. Clarke ?

Et là, forcément, le débat devient faussé car vous pouvez être sûr que lorsque vous allez citer Blade Runner, Rencontres du Troisième Type, Alien, l’Empire Contre-Attaque, Starship Troopersla Mouche, Donnie Darko, Solaris, Retour vers le FuturTerminator, V pour Vendetta, Dark City, E.T., The Thing, Cloud Atlas, Akira ou Robocop, le snob vous répondra froidement :

– Oui, mais là ce sont des chefs-d’oeuvre du Septième Art, ce n’est pas de la Science-Fiction, c’est du grand cinéma.

Inutile de dire que face à une telle personne, oser parler de romans fantasy comme le Seigneur des Anneaux, Conan le Barbare ou Game of Thrones revient à avouer que vous êtes un attardé qui croit encore aux dragons. Alors au prochain ricanement, vous n’avez qu’à lui prouver que la Fantasy a autant de légitimité que la littérature blanche. Il vous faut juste trois arguments.

Argument numéro un : la Fantasy est une littérature aussi vieille que l’Humanité

Pour faire simple : l’un des textes les plus anciens de l’Histoire, l’Épopée de Gilgamesh, n’est ni plus ni moins que le récit d’un super-héros sumérien capable de vaincre un géant et un taureau céleste, qui va ensuite partir en quête d’Ut-napishtim, survivant du Déluge, afin d’obtenir la vie éternelle. Au Moyen-Orient, cette épopée a eu à l’époque autant de succès que le Seigneur des Anneaux. Je ne parle même pas des religions de l’Illiade et l’Odyssée, de la mythologie antique et de son bestiaire peuplé de cyclopes, de minotaures, de centaures et de chevaux ailés…

C’est à ce moment précis que le snob lambda vous rétorque :

«  Ça c’est de la mythologie, moi je te parle de grands écrivains. Cite-moi un seul romancier issu de ta chère « fantasy » qui ait marqué la littérature, en dehors de George R.R. Martin et J. R. R. Tolkien« 

Argument numéro deux : depuis longtemps, des écrivains prestigieux écrivent de la Fantasy

Je déteste ce terme de « prestigieux », mais malheureusement dans ce genre de discussion vous êtes parfois obligé de pousser votre adversaire interlocuteur dans les cordes. Commencez avec Lewis Caroll et Les Aventures d’Alice au pays des merveilles (1865), avant d’enchaîner avec L. Frank Baum et son Magicien d’Oz, J. M. Barrie (Peter Pan) et lord Dunsany, auteur de la Fille du roi des Elfes, qui a eu une influence sur, tiens donc ! la dark fantasy de Lovecraft. Poursuivez votre travail de sape avec Robert E. Howard, Terry Pratchett et Stephen « la Tour Sombre » King et enfin terminez avec Michael Moorcock, le punk de la Fantasy : franchement, vous avez déjà vu un héros shakespearien de la trempe d’Elric ? On parle quand même d’un nécromancien drogué qui tue involontairement sa cousine son amante à cause d’une épée buveuse d’âmes ! On pourrait d’ailleurs arriver au même constat avec Glen Cook et la Compagnie Noire, une histoire de mercenaires qui se vendent au plus offrant, sans parler des guerriers de David Gemmel. On est loin du manichéisme supposé propre au genre, non ?

« Bon d’accord il y a des romans fantasy écrits par des romanciers célèbres, J.K Rowling ou Robin Hobb, et même des univers sombres, mais rien ne vaut les grands auteurs classiques et leurs oeuvres réalistes.« 

Après avoir encaissé ce coup bas, pour gagner du temps trollez votre interlocuteur.

Argument numéro trois : le réalisme, ça ne veut rien dire

« Madame Bovary, Salammbo et Germinal ne sont pas plus réalistes que Bilbo le Hobbit, le Monde de Narnia et Harry Potter. »

Pendant que votre adversaire s’étrangle d’indignation, poursuivez tranquillement votre démonstration en assénant le coup de grâce : les trois œuvres citées plus haut sont des fictions. S’il est vrai que Flaubert a étudié l’archéologie avant d’écrire Salambo, ainsi que les effets de l’arsenic pour Madame Bovary, il n’en demeure pas moins qu’une oeuvre de fiction n’est rien d’autre qu’une fenêtre biaisée sur cette chose abstraite qu’on appelle le réel, avec tout ce que cela implique de subjectivité. Si plusieurs photographes peuvent prendre des clichés très variés d’un même paysage avec des appareils différents sans jamais pouvoir restituer toute la richesse perçue par un oeil humain, est-il raisonnable de classer une littérature supposée noble, en genres et sous-genres ? Les impressionnistes et les surréalistes ont depuis longtemps rendu caduque la conception d’un art classique indépassable. De la même façon, les auteurs de Fantasy accèdent à une vérité, l’auteur du Seigneur des Anneaux en est le plus bel exemple.

Tolkien en 1916

Tolkien en 1916

Lorsque l’ancien combattant J. R. R. Tolkien écrit son épopée il est, comme Frodon, un soldat qui a été blessé au front. À l’instar de son personnage, il a survécu aux tranchés tandis que nombre de ses proches n’en sont jamais revenus (Boromir, Théoden/  l’ami d’enfance Rob Gilson, le poète Geoffrey Bache Smith). Pourquoi est-il encore en vie alors que ses frères d’armes, promis à de grandes carrières littéraires, sont morts ? Comment retrouver la banalité du quotidien après une telle épreuve ? La guerre a été une initiation cruelle qui poussera le romancier, comme n’importe quel survivant d’un grand drame collectif, à s’interroger sur le sens de l’existence.

Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort. Et les morts qui mériteraient la vie. Pouvez-vous la leur rendre, Frodon ? Alors, ne soyez pas trop prompt à dispenser la mort en jugement. Même les grands sages ne peuvent connaître toutes les fins.

Gandalf, la Communauté de l’Anneau

Dans le Seigneur des Anneaux, Frodon ne se remettra jamais vraiment de sa vieille blessure qui le fait souffrir, et la mélancolie qui le gagne l’incitera à quitter la Terre du Milieu pour voguer vers Valinor, l’île des Elfes. Une mort symbolique, libératrice, véritable catharsis pour Tolkien. Le Seigneur des Anneaux est moins une fresque guerrière que l’histoire d’une belle amitié telle qu’on pouvait la vivre dans l’enfer des tranchées. Dans l’une de ses lettres, l’écrivain compare les Marais des Morts et la Porte Noire du Mordor « au Nord de la France, après la bataille de la Somme », il a probablement été marqué par l’effroi des chevaux face aux chars d’assaut allemands, véritables monstres d’acier…

D’un certain point de vue, le Seigneur des Anneaux est d’un réalisme saisissant puisque cette trilogie porte les stigmates de la Grande Guerre. L’auteur traumatisé utilise ses personnages pour se livrer à des réflexions universelles : qu’est-ce que l’héroïsme ? Pourquoi un homme ordinaire arrive-t-il à accomplir des actes extraordinaires ? Comment agir avec courage quand le monde lui-même semble dénué d’espoir et que la mort parait inéluctable ? À travers les paroles de Gandalf, Tolkien amène une réponse humaniste à toutes ces questions :

Tout ce que nous avons à décider, c’est ce que nous devons faire du temps qui nous est imparti.

Dong !

La Fantasy n’a pas à être comparée à la littérature blanche parce que catégoriser des livres ou opposer des genres comme je le fais, c’est procéder à une ghettoïsation puérile dont personne ne sortira grandi. Il y a de bons et de mauvais romans de fantasy… comme dans n’importe quelle autre littérature. À l’heure où la mondialisation pousse les lecteurs à acheter massivement les mêmes best-sellers écrits par un nombre restreint d’auteurs à succès, la Fantasy, comme la Science-Fiction, est précieuse, car elle permet d’adopter un autre regard sur le monde. Savoir changer de point de vue n’est pas seulement une preuve d’intelligence, c’est aussi le meilleur moyen de s’évader pour échapper aux affres de la conformité. Imaginer, rêver, c’est se prémunir de tous les fanatismes, ainsi que du nihilisme matérialiste qui guette le monde moderne.

Vive la Fantasy ! Et comme dirait Aragorn…

* SFFF signifie « Science-Fiction Fantastique Fantasy »

Published in: on avril 10, 2015 at 7:28  Comments (45)  
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Les Outrepasseurs

Une couverture magnifique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Londres, 2013. Peter, un adolescent sans histoires, échappe de justesse à un attentat prémédité par de redoutables ennemis : les « fés ». Il rencontre alors les membres d’une société secrète, les Outrepasseurs. Ces derniers lui révèlent un héritage qui va changer le cours de sa vie…

S’il y a des livres qui ont réussi à me désarçonner, les Outrepasseurs en fait assurément partie. Au bout d’une soixantaine de pages, l’auteur de Au service des insectes nous propulse en plein Moyen-Âge ! Je ne m’attendais pas du tout à ça, et je dois avouer avoir été un moment perdu par les nombreux personnages, ainsi que les changements de point de vue. Etait-ce bien nécessaire ? me suis-je demandé à plusieurs reprises. Eh bien la réponse est oui : à mesure que l’intrigue se ressert sur certains protagonistes, le récit monte en puissance dans son dernier tiers, avec le personnage du Chasseur, un méchant d’anthologie absolument terrifiant (et sensuel), qui m’a un peu rappelé le démon Darkness du Legend de Ridley Scott.

 

Darkness

 

Si vous cherchez un conte de fées façon Walt Disney, passez votre chemin. Le roman de Cindy Van Wilder est une oeuvre sombre, une célébration des inquiétantes fables d’autrefois. Ses créatures se montrent impitoyables, et terrorisent des villageois qui ne peuvent s’en remettre qu’à eux-mêmes… et à un moine qui va mener son enquête. L’auteur dresse un tableau pessimiste de la nature humaine, à travers une vertigineuse plongée dans l’ignorance et le fanatisme. Ses personnages luttent contre de multiples antagonistes, coincés entre deux cultures destinées à se heurter violemment : chrétienté contre paganisme. Les Outrepasseurs sont influencés par le roman de Renart et ses figures animalières cathartiques qui transgressent les tabous de l’époque. Et c’est là où l’écrivain fait preuve d’une grande intelligence : à l’heure où une bit-lit anglo-saxonne parfois stéréotypée inonde les librairies, Cindy Van Wilder s’inspire du folklore européen pour livrer une fantasy francophone ambitieuse, une relecture du mythe du loup-garou.

Le procès de Renart

La romancière a accompli un travail minutieux pour nous restituer l’ambiance pesante qui pouvait planer sur une société traditionnelle du XIIIe siècle marquée par les interdits. Le personnage tragique de Niels, tout en contradictions, m’a interpelé. Ce père de famille, au prime abord détestable, est un homme de son temps : mis sous pression par sa communauté, il se retrouve confronté à un choix moral intenable… Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cindy Van Wilder ne ménage pas ses personnages, avec notamment une chasse (au garou) particulièrement poignante.

Au final, ce tome 1 est une longue exposition, certes, mais une exposition nécessaire pour comprendre la psychologie de Peter, un héros schizophrène qui devrait enfin jouer son rôle de protagoniste principal dans le tome 2. Les derniers pages, riches en tension, laissent en effet présager une suite mouvementée !

D’autres avis : la bibliothèque de Glow, Earane, la Pile à lire, Esther, Aelys, À l’ombre des nénufars.

PS : cet article a été rédigé dans le cadre du challenge SFFF au féminin.

SFFF_au_feminin

Published in: on mars 21, 2014 at 8:50  Comments (22)  
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… Et le site devint un blog

Après plusieurs années de sevrage, j’ai décidé de me relancer dans l’aventure des blogs !

– un blog ?! s’exclame la foule en délire (oui, la foule est en délire, j’ai le droit d’écrire ce que je veux après tout).

En fait, depuis longtemps, j’ai envie de chroniquer les romans, films, ou séries SF/Fantasy/Fantastique qui me tiennent à cœur. Certes, il y a Facebook, mais je ne voulais pas imposer à certains amis qui ne lisent pas, n’aiment pas l’Imaginaire, ou n’apprécient guère les longs articles mes élucubration réflexions. Vous trouverez ici :

– des billets enthousiastes (quand j’aime quelque chose, je perds souvent tout sens critique, c’est vraiment un défaut chez moi, mais je me soigne)
– de la mauvaise foi (surtout avec Twilight et les nouveaux Star Trek)
– des critiques de romans essentiellement francophones, à cause de ma « PAL », comprenez « pile à lire », plus haute que l’Empire State Building. Chaque fois que je regarde cet empilement d’ouvrages, la honte me submerge et j’ai envie de me donner des coups de fouet tel un moine de l’Opus Dei, alors qu’en plus j’ai détesté le Da Vinci Code, c’est dire mon degré de perversité.
– Des nouvelles de mes soumissions éditoriales ainsi que de mes projets en cours.

Vous ne trouverez pas :

– un rythme de parution régulier (si je commence à me fixer des deadlines, ça va me décourager, je préfère ne pas me mettre la pression)

Tenir un blog me permettra également de patienter avant la publication des Pirates de l’Escroc-Griffe, la trilogie que j’ai écrite et qui a reçu l’estampille Cocyclics il y a quelques mois (mon interview est ici). En attendant sa parution, vous retrouverez sur la colonne de droite différents aspects de l’univers des romans, ainsi que les belles illustrations de Céline Lacomblez. Avant le prochain article, un cadeau bonus : Céline nous livre un Goowan dans une version colorée, que j’aime beaucoup. À bientôt !

Goowan

Published in: on septembre 25, 2013 at 12:58  Comments (14)  
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