S’inspirer, c’est souffrir


– Il faut avoir de l’inspiration pour écrire des livres !

Quel auteur n’a jamais entendu cette phrase au détour d’une conversation ? Ah, « l’écrivain inspiré » ! une idée reçue qui a la vie dure… Bien sûr, je n’en veux pas aux gens de croire en ce stéréotype vieux comme le monde. Chez les Grecs, on parlait volontiers d’extase, de furor poeticus, l’artiste se transformant en possédé !

Les Romains étaient plus pragmatiques : ils distinguaient le talent, l’ingenium, de  l’inspiration proprement dite. Mais avec le Christianisme, plus possible d’échapper à une inspiration in spiritum. Cette conception surnaturelle de l’écriture triomphera au XIXe siècle avec les poètes romantiques. Tout cela explique pourquoi l’écrivain est aujourd’hui considéré comme un branleur qui attend tranquillement que les idées tombent du ciel un inactif, et non une personne qui fréquente les ateliers d’écriture pour travailler sa technique. Et même travailler tout court…

Au même titre que le peintre, le romancier a une image de dilettante qui lui colle à la peau. D’ailleurs, les médias rappellent régulièrement que les Français écrivent beaucoup, ce qui renforce l’idée que l’écriture est une activité facile réservée aux oisifs « inspirés ». Pourtant, très peu de gens terminent la rédaction d’un premier roman. Pour franchir ce palier décisif il faut des semaines, des mois, parfois des années de travail et beaucoup de temps et de persévérance, j’en avais d’ailleurs longuement discuté avec vous. Mais qu’est-ce qui peut pousser une personne à se livrer à une activité si ingrate ? En posant la question, on a un début de réponse.

La frustration

Un terme aussi négatif va probablement choquer pas mal d’amis auteurs, et pourtant je pense qu’il est essentiel. Faut-il avoir souffert dans sa vie pour écrire ? A priori, on pourrait répondre que non. La question parait même saugrenue : l’écriture est avant tout une passion, un plaisir ! Enfin, surtout au premier jet… Après l’euphorie des premiers mois, les corrections arrivent ! Quand on travaille des années sur un texte, il faut bien avouer qu’être écrivain peut s’avérer pénible.

La joie des corrections

Si un auteur s’impose un second métier, en plus d’un travail alimentaire, cela signifie bien évidemment que, pour lui, écrire relève du masochisme d’un besoin essentiel. Que l’on exerce cette activité pour soi ou dans le but d’être publié, peu importe. Tous les écrivains seront à-peu-près d’accord pour reconnaître que l’écriture tient une place importante dans leur quotidien.

Et alors ? Quel rapport avec un éventuel mal-être ?

On ne doit pas forcément avoir vécu des drames insensés pour être « inspiré ». Le pauvre Tsutomu Yamaguchi, seul homme a avoir survécu aux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, n’a jamais ressenti le besoin d’écrire. Avec son horrible expérience, il aurait pourtant pu créer une œuvre artistique comme la magnifique nouvelle de Akiyuki Nosaka, la Tombe des lucioles, qui a d’ailleurs été adaptée par le studio Ghibli. Néanmoins, j’ai le sentiment que la plupart des auteurs ont commencé à écrire parce qu’ils ont, à un moment de leur vie, éprouvé le besoin d’échapper à leur quotidien en racontant une histoire. Comme si l’écrivain ressentait une frustration. Il lit des livres, visionne des films, vit des événements, mais à un moment donné, cela ne suffit plus. Il veut partager un récit plus ou moins imaginaire (je reviendrai sur ce point à la fin).

Bon, d’accord, mais George R.R. Martin n’a pas forcément vécu le quart du dixième de ce qu’il fait subir à ses personnages de Game of thrones !

Oui, et tant mieux pour lui. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas torturé. Récemment, Jérôme Cigut a écrit sur son blog un article passionnant, « écrire sur le vécu ». Au fil de notre discussion, il m’a appris que Stephen King, encore enfant, a vu un ami d’enfance se faire tuer par un train. Bien qu’il n’en ait pas un souvenir clair, cet épisode traumatisant a inspiré à l’auteur sa fameuse nouvelle le Corps, qui a elle-même inspiré le magnifique long-métrage Stand by me. Quand on découvre dans l’autobiographie Écrire l’enfance de Stephen King, il apparait évident que l’auteur a ressenti le besoin de partager ses névroses. Lorsqu’Anne Rice invente le personnage de Claudia pour Entretien avec un vampire, sa fille Michèle vient d’être emportée par une leucémie à l’âge de six ans… Une fois encore, si peu d’entre nous ont vécu d’horribles tragédies, la mort nous concerne tous, hélas. Un deuil n’est-il pas la plus grande des frustrations ?

Chagrin inconsolable, Ivan Kramskoy, 1884

Chagrin inconsolable, Ivan Kramskoy, 1884

Le deuil n’est pas forcément le sentiment de perdre un être cher, il peut-être aussi lié à d’autres événements comme le passage à l’âge adulte, ou bien un exil douloureux dans un pays lointain. D’un point de vue plus positif, on peut considérer que l’existence humaine n’est qu’une suite de deuils que chacun d’entre nous devra gérer du mieux possible pour apprécier pleinement la vie à sa juste valeur. Peut-être que l’écrivain ne fait qu’emprunter une voie philosophique particulière pour progresser dans ce lent apprentissage ? Il n’est donc pas le seul à être inspiré au sens large :  on peut concevoir qu’un athé puisse devenir chercheur en mécanique quantique afin de comprendre les lois scientifiques qui régissent l’univers, et ainsi donner un sens à sa vie. Un religieux partira dans un pays pauvre s’occuper de personnes défavorisées pour consacrer son existence aux autres et/ou à Dieu. Un athlète de haut niveau se réfugiera dans le sport pour canaliser son agressivité, et se réaliser, tandis qu’un chef d’entreprise parti de rien créera une entreprise qui changera la face du monde…

Nous sommes tous des gens inspirés

C’est d’ailleurs, peut-être, le postulat d’Éric-Emmanuel Schmidt  : dans son uchronie la part de l’Autre, Adolf Hitler réussit son concours d’entrée au Beaux-Arts et devient… un artiste, car il a canalisé ses frustrations héritées d’une enfance difficile. Si on part de ce postulat optimiste, au moment de se retrouver devant sa feuille blanche chaque écrivain, célèbre ou inconnu, est à égalité. Quel que soit son vécu, son inspiration, il s’en nourri pour aller aussi loin que nécessaire dans l’émotion. Que l’on écrive un conte pour enfants, ou une tragédie, cette émotion est la matière première qui donne à un livre son caractère universel. C’est pour cette raison que les classements par genres sont si artificiels. On oppose la littérature blanche à celle de l’imaginaire, la réalité à la fiction, mais au final, seule l’émotion importe. Certaines personnes méprisent la littérature jeunesse parce quelle serait « puérile », et pourtant Max et les maximonstres est un récit sombre qui traite de la colère, telle qu’on peut la ressentir durant l’enfance. Inversement, il y a énormément de lumière dans le film la Vie est belle de Roberto Begnini, une histoire qui se déroule en grande partie dans un camp de concentration.

La vie est belle, l'amour plus fort que tout

La vie est belle, l’amour plus fort que la mort

Max et les Maximonstres, un conte inquiétant

Max et les Maximonstres, un conte inquiétant

Ces deux oeuvres atypiques sont la preuve qu’on peut, grâce à son vécu, s’approprier certains sujets pour en livrer une (re)lecture différente selon sa propre sensibilité… et son inspiration. Pour Freud, un être humain est, sa vie durant, partagé entre ses pulsions de vie et de mort. À défaut d’être inspiré, peut-être que l’écrivain, comme d’autres artistes, est plus sensible à ce combat Éros vs Thanatos. Pour lui, s’inspirer, c’est souffrir. Mais souffrir, c’est également s’inspirer. À mon humble niveau, en 1999 j’ai vécu l’une des périodes les plus riches de mon existence. J’ai eu le bonheur et la chance de participer à des fouilles archéologiques en Jordanie, non loin de Pétra, mais j’ai également connu la souffrance et la frustration en étant cloué sur un lit d’hôpital pendant de longues semaines, à cause de graves problèmes de santé. Et comme tout le monde, j’ai vécu le deuil d’une rupture…

Cette année là, j’ai beaucoup écrit.

D’autres articles de la blogosphère sur l’inspiration : Nathalie Bagadey, Syven, Vestrit.

PS : un grand merci à Marie Caillet, Célia Deiana, Carole Rxq, Angou Levant, Saile, @ARRIBASNatalia, @avalyn_w et @paindesegle pour les idées de GIF !

Published in: on mars 28, 2014 at 8:36  Comments (40)  
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40 commentairesLaisser un commentaire

  1. Bel article, qui traite bien des conceptions sur l’inspiration et de ce qui se passe en réalité !

  2. Waow, mais quelle réactivité ! 😀 Merci Cindy, heureux que cet article te parle 😉

  3. Article très intéressant, comme d’habitude ! Tu n’as pas évoqué un aspect qui me semble aussi important, le fait d’écrire par jeu, par défi de réaliser et terminer un tout cohérent. Pour moi, écrire se rapproche d’une construction par exemple (les fous qui se lancent dans la construction de leur maison, ceux qui font des tour eiffels avec des allumettes, les passionnés de cuisine qui mettent 4h à élaborer un plat, etc.). Cette dimension ludique me parait également importante.

    • Merci Mathias, j’ai volontairement occulté cet aspect pour adopter un ton plus polémique, car mine de rien je trouve que l’écriture est une activité dépréciée. Mais bien évidemment, l’aspect ludique est très important pour l’auteur, je comprends tout à fait ce que tu veux dire 😉

  4. Très intéressants ce « petit » article ^^ Et qu’en est-il quand écrire devient une souffrance nécessaire ? 😀

    • Hahaha 😀 Là c’est encore plus compliqué ! Hélas, c’est ce qui arrive à certains auteurs, parfois autodestructeurs dans leur approche de l’écriture, je pense notamment à Charles Bukowski… Tu as bien raison de parler de cette possibilité, cela montre bien qu’il n’y a pas une seule voie pour écrire un roman, et d’ailleurs je suis sûr que certains auteurs ne seront pas en phase avec cet article… C’est tellement compliqué d’appréhender cette « inspiration ». Merci pour ton passage 😉

  5. Très bel article, mais je ne suis pas d’accord. Désolée. Pourquoi écrire, avoir de l’imagination, relèverait-il donc de la frustration ? O_o Pourquoi faudrait-il un terreau de tristesse pour construire une oeuvre ? Pour ma part, j’écris parce que j’ai envie de raconter des histoires, des histoires que j’aurais aimé lire et que je ne trouve pas. Là, bien sûr, tu peux y voir une forme de frustration, celle de ne pas trouver de lecture qui me sied. ^^
    Tu dis que tu as été malheureux et que, par contre coup, tu as beaucoup écrit ? J’ai connu un deuil il y a peu et ça n’a en rien changé mon rythme de travail, tout simplement parce que ça n’a pas de rapport. Il y a des choses qui ont changé suite à ce deuil, mais pas le temps passé devant mon écran.
    L’écriture est une passion mais aussi et surtout un travail et aussi et surtout un besoin. Alors, certes il y a du plaisir à retrouver des personnages familiers et se perdre dans leurs aventures, mais est-ce réellement pour oublier le passé ou le présent ? N’est-ce pas juste un plaisir comme manger un bon repas ou boire un bon cru ?

  6. Tu as tout à fait raison de parler de plaisir 😉 C’est d’ailleurs, maladroitement peut-être, ce que je dis en ce qui concerne le premier jet. En fait pour moi, la frustration est déjà une souffrance : enfant, quand on s’ennuie et qu’on s’évade dans des mondes imaginaires, c’est une fuite vers quelque chose qui nous fait rêver, et qu’on aimerait expérimenter. Tu le dis d’ailleurs très bien : « pour ma part, j’écris parce que j’ai envie de raconter des histoires, des histoires que j’aurais aimé lire et que je ne trouve pas. Là, bien sûr, tu peux y voir une forme de frustration, celle de ne pas trouver de lecture qui me sied. ^^ »

    Inversement, quand on écrit des choses plus sombres, je pense que c’est une manière de sublimer ses névroses, à mon humble avis. Concernant le deuil, je ne pense pas qu’il modifie le rythme de travail d’un écrivain professionnel, « le temps passé devant ton écran » comme tu l’écris. Mais au niveau de la plume, je suis de ceux qui pensent qu’on progresse même, parfois, sans écrire : un projet sur lequel on est coincés depuis des années va comme par magie se débloquer du jour au lendemain. Là encore, pour moi ce n’est pas l’inspiration qui se produit comme par magie, mais plutôt une lente maturation, on apprend du vécu… C’est ce que je voulais exprimer avec l’idée du deuil, et son impact sur l’écriture. Comme je le disais, en 1999 j’écrivais beaucoup. Je travaillais sur un premier roman qui est resté inachevé. Je sentais qu’il manquait quelque chose au récit, mais du haut de mes 22 ans je ne savais pas quoi. C’est seulement ces derniers mois que j’ai compris que je n’avais tout simplement pas la maturité nécessaire pour écrire cette histoire tourmentée, parce que son héros avait cette maturité qui me faisait défaut, ce vécu…

    Tout ça pour dire que l’inspiration est, à mon sens, moins un phénomène surnaturel qu’une expression de notre vécu.

    Merci pour ta contribution au débat, que je trouve intéressante 😉

    • Si je peux me permettre, ton manque de maturité face à ton héros, ce n’est pas une question d’inspiration. A mon sens, l’inspiration n’est là que pour te donner une idée, une base de travail pour un roman. La création des personnages, l’intrigue, pour moi, ce n’est déjà plus de l’inspiration. C’est du travail, de la recherche. Et il est clair qu’on ne peut pas raconter l’histoire d’un personnage mature si on n’a pas soit même une certaine maturité car on ne sera pas crédible. C’est valable aussi pour un personnage particulièrement rusé ou retors, il faut l’être soi même pour lui donner la vie. On est limités par nous même et notre vécu. Mais bon, ceci dit, je n’ai aucune envie de vivre ce que je fais subir à mes personnages. C’est là que l’imagination est bien pratique, surtout dans les mondes de l’imaginaire. 🙂

  7. Je pense que sans parler de frustration, consciemment ou non, on mets beaucoup de soi dans ses textes en effet. Parce que notre vie, nos passions, nos souffrances, sont autant de matériel qui rejoignent le terreau de notre inspiration.
    Ainsi, ces derniers temps, j’explore pas mal la solitude dans mes nouvelles. Ce n’est pas un processus conscient où je me suis dit « hey, si j’exorcisais ma vie ? », mais je ne peux nier d’où viennent ces histoires. Après tout, ne parle-t-on pas le mieux des choses qu’on connait ? 🙂

    • Vestrit : je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis, je pense même que j’aurais du te laisser écrire l’article tellement c’est joliment dit (je suis sérieux !). Merci pour ta jolie contribution au débat ! 😉

  8. Bénédicte : En fait, tout dépend de ce qu’on appelle l’inspiration. Si tu as une idée, mais qu’ensuite tu as déjà un synopsis ultra-détaillé de ton histoire (bref, que tu fais partie des auteurs « structurants »), je suis d’accord avec toi (je procède ainsi). En revanche, ce n’est pas le cas pour les scripturants qui écrivent à l’instinct, sans synopsis, et qui n’ont aucune idée de la fin de leur histoire. Dans ce cas précis, je trouve que l’écriture est déjà plus viscérale : j’ai déjà écrit des nouvelles dans cet état d’esprit, et je trouve que le fait que l’écriture soit moins « maitrisée » (au sens noble) donne justement plus d’occasions à l’auteur de faire parler son vécu. Un peu comme si on écrivait « à nue », sans artifices. Dans ce cas de figure, l’inspiration au sens de vécu est selon moi fondamentale. Vaste débat en tout cas ! 😀

  9. Meuhhh…je ne suis pas écrivain(e), je n’écris rien mais je lis beaucoup.
    Alors, suite à ton article, y a plein de trucs qui me viennent en tête de façon assez bordélique – je déverse:
    Filiation, transmission, éternité, exister, perdurer, etc…
    Je pense que dans chaque oeuvre: littéraire, artistique, cinématographique, musicale…il y a la notion de vouloir laisser une trace de qui on est. Tout être vivant se bat pour la survie de son espèce. L’être humain se démarque peut-être par un instinct de survie mais aussi de valeurs.
    Ne dit-on pas qu’une personne « accouche » d’une oeuvre? Il y a inspiration, création…je suis DIEU! 😉 Tel le fils prodige tant attendu dans lequel on place tous ses espoirs, une continuité de soi, la possibilité de faire ce que l’on n’a pas pu faire…
    Nous sommes ce que l’on a vécu, ce que l’on vit et ce que l’on vivra. De ce fait, l’inspiration peut être, effectivement, souffrance. Mais que ce passe t-il si l’on n’est pas inspiré? La page blanche? Avons nous suffisamment vécu? Avons nous finalement quelque chose à dire? Avons nous quelque chose à transmettre? Sans pour autant tomber dans des vérité absolues et enfoncer des portes déjà ouvertes? Ou se rendre compte du néant qu’est notre vie = angoisse.
    L’écriture est un outil thérapeutique utilisé depuis longtemps. Et c’est une grande souffrance que de devoir/pouvoir jeter sur une feuille blanche une partie de soi, les méandres de son cerveau, exposer ses blessures, ses réussites, son vécu, son imagination, ses valeurs, ses idées, ses aspirations, etc..bref se mettre à nu et quand on est un tant soit peu pudique, l’exercice est laborieux 🙂

    C’est vraiment bordélique ce que j’écris ^^

    Bref, je pense que nous sommes tous inspirés, C’est juste que certains arrivent à le matérialiser (livres, films, musiques etc…), d’autres essaient mais ce n’est pas concluant, d’autres n’essaient même pas, parce qu’ils sont persuadés de ne rien avoir à dire, d’autres parce que c’est trop douloureux… Et il y a ceux qui sont inspirés, qui matérialisent et excellent dans le domaine. Et ceux là deviennent des sources d’inspiration pour tout ceux qui pensent ne rien avoir à dire, pour les pudiques, pour les handicapés de la vie. Car, enfin, ils savent qu’ils ne sont plus seuls, sans pour autant avoir besoin de le dire! 🙂

    J’ai rien compris! lol

  10. Je te rassure Carole, ce que tu as écris est très clair ! J’aime beaucoup ce passage :

    « Bref, je pense que nous sommes tous inspirés, C’est juste que certains arrivent à le matérialiser (livres, films, musiques etc…), d’autres essaient mais ce n’est pas concluant, d’autres n’essaient même pas, parce qu’ils sont persuadés de ne rien avoir à dire, d’autres parce que c’est trop douloureux… Et il y a ceux qui sont inspirés, qui matérialisent et excellent dans le domaine. Et ceux là deviennent des sources d’inspiration pour tout ceux qui pensent ne rien avoir à dire, pour les pudiques, pour les handicapés de la vie. Car, enfin, ils savent qu’ils ne sont plus seuls, sans pour autant avoir besoin de le dire! »

    Je suis tout à fait d’accord avec cette vision étendue de l’inspiration. Et je plussoie également ce que tu dis avec l’idée de vouloir laisser une trace, en tout cas moi je fonctionne comme ça. C’est probablement extrêmement orgueilleux, mais j’aime croire qu’il restera un peu de moi si j’arrive à être publié…

    Merci pour ta visite 😉

  11. Oh non ce n’est pas orgueilleux…c’est Humain 🙂
    Ravie que t’es compris quelque chose dans tout ça. Je sais pourquoi je n’écris pas! Je comprends rien à ce que j’ai dit quand je me relis XD

    • Et moi je comprends tout, c’est l’essentiel ! 😀

  12. « t’aies »

  13. Pour ma part, j’écris parce que j’étais persuadée, ado, que j’étais faite pour ça, et qu’on (mes parents, les profs sauf de rares exceptions) ne m’ont en rien encouragée à le faire. Dans mon cas, c’est clairement une revanche. Pour leur dire à tous, même si plusieurs ne sont plus de ce monde : Vous voyez, punaise, j’avais raison !!! Ce n’est pas très positif comme sentiment, mais c’est un de mes moteurs.

  14. « ne m’a », voilà ce qui arrive quand on ne relit pas son post avec assez d’attention.

    • Dans mon cas, c’est clairement une revanche.

      L’essentiel, c’est le résultat ! 😀

  15. Mais qui ce George H.R. Martin que tu cites ? 😉

    Oui, très bel article « inspiré » !

    A.C.

  16. Hahaha 😀 Bien vu, c’est corrigé ! Merci A.C. 😉

  17. Bel article et intéressante discussion ! Je partage ta vision des choses, sur l’inspiration venue d’une frustration. Pour moi, lire suffisait lorsque j’étais enfant puis ado. Mais j’avais besoin de lire pour échapper à une certaine pesanteur. Jusqu’au jour où je me suis fatiguée d’oeuvres mal traduite et, avec l’inconscience et l’orgueil de mes dix-neuf ans, j’ai décidé que je pouvais « faire mieux que ça ».
    Ce n’est qu’après des années de distance que j’ai compris à quel point mon premier roman parle de ce que je traversais à l’époque où je l’écrivais !

  18. Jusqu’au jour où je me suis fatiguée d’oeuvres mal traduite et, avec l’inconscience et l’orgueil de mes dix-neuf ans, j’ai décidé que je pouvais « faire mieux que ça ».

    Waow, c’est génial que cette frustration t’ait poussé si loin ! Ca me rappelle la mienne, lorsque je n’étais pas encore au CP : illettré, je demandais à ma mère de me lire des contes, je me rappelle encore très bien ce sentiment de ne pas pouvoir découvrir un livre ! Dès que j’ai su lire, j’ai dévoré quantité de bouquins… 🙂

  19. Très chouette article !
    Je partage en partie l’avis de Bénédicte. Pour moi, l’inspiration n’est pas le « bloquant », c’est ailleurs que se passe la frustration chez moi personnellement. L’insatisfaction et le doute principalement. En revanche, la frustration n’apparait pas dans le premier pan de l’écriture, elle est davantage une résultante que le déclencheur. Ecrire est un plaisir avant tout. Si je me force, ce n’est pas productif. Quoique, ça dépend des circonstances et dans ce cas, je me concentre sur un aspect qui n’engendre pas ce déplaisir éventuel.
    Quand à écrire pour le fun, pour le défi, comme le suggère Mathias comme possible projet d’écriture, je ne sais pas. Personnellement, il faut que ça me parle. Pas forcément par rapport à ce que j’ai vécu même si je crois que l’on met de soi dans ses romans, mais surtout parce que ça évoque une réaction chez moi, quelle qu’elle soit d’ailleurs.

  20. Merci pour ce retour intéressant Earane, c’est toujours fascinant de découvrir « la mécanique » de chaque auteur ! On pourrait écrire une encyclopédie à ce sujet 😉

  21. Hello hello !

    Je n’avais pas eu le temps de venir lire cet article la semaine dernière, mais il est passionnant, dis donc, de même que les commentaires !
    Moi je me retrouve totalement dans ce qu’a dit Carole, avec le sentiment d’être « Dieu » sauf qu’au bout d’un moment l’histoire et les personnages créent leur propre cohérence et « m’échappent » un peu. :-p

    De toute façon, là où je te rejoins c’est que cette « frustration » se retrouve dans l’intrigue : il n’y a pas d’histoire où tout va bien, sinon on s’ennuierait terriblement à la lire. C’est la façon dont les personnages réagissent à l’adversité qui est intéressante et d’ailleurs c’est pour cela que les contes d’autrefois finissaient quand tout allait bien « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». 😉

    Et merci d’avoir cité mon article. ♥

    Nathalie Bagadey alias Citarienne
    PS : j’ai adoré les illustrations, surtout la 3ème sur ce que les gens pensent des auteurs !

    • Merci ! 😀 J’adore cette sensation quand les personnages s’échappent, je pense que c’est toujours bon signe 😉 C’est vrai que la tension dans un roman, le « conflit » comme l’appelle Yves Lavandier, c’est important. Certains auteurs n’hésitent pas à tuer des personnages qui n’ont plus de problèmes 😦 L’écrivain est peut-être un chat sadique qui joue avec les protagonistes de son histoire…

  22. Ben il est passé où mon commentaire ? 😥

    • Argh, il s’est mis automatiquement dans les spams, heureusement que tu l’as signalé !

      • Ouf, l’aurait été dommage de le louper, nan ? :-p
        Blague à part, je me demande ce qui se passe en ce moment sur mes comptes mails, twitter et Internet, ça spamme à fond… 😥
        Je suis bonne pour changer tous mes mots de passe…

  23. Tu as peut-être donné une adresse email pour un concours ou un jeu sur Internet ? Je te conseille effectivement de changer tes mots de passe : même si c’est pénible, la méthode la plus sûre est d’avoir une liste de mots de passe, tous différents, pour tes mails, Twitter, Facebook etc. Au moins 12 caractères avec deux chiffres et une majuscule, c’est l’idéal…

    • Je connais un super moyen pour ça : il faut choisir un titre de livre ou de film qui nous a marqué. Puis noter les initiales de ces mots et le nombre de lettres qui les composent… et hop on a un super mot de passe original et peu trouvable (sauf si on prend LE livre dont tout le monde sait qu’on est fan, bien sûr.)
      Ex : « the sword of truth » donne tsot3525
      HIH 😉

      • Oui, je procède de même ! Dire que certains utilisent encore « motdepasse » ou « 123456 » ! ^^

  24. […] peu plus que ça, notamment quand je racontais mon quotidien d’auteur curieux, ou plutôt mon curieux quotidien d’auteur. Je suis content que mes articles, éclectiques, aient suscité des réactions (et, parfois, de […]

  25. […] plus d’heures à écrire. Ça devenait aussi naturel que de respirer. Comme je le disais dans cet article, n’importe quel auteur sait que l’inspiration relève en grande partie du mythe : au […]

  26. […] cette question qui m’a longtemps fait sourire. Il y a quelques années, j’ai écrit sur ce blog que l’inspiration n’était qu’un mythe, qu’elle s’entretenait à […]

  27. Bonjour Jean-Sébastien,

    Tout d’abord je te souhaite un bon anniversaire !

    Je découvre tes articles, ils sonnent juste et ton parcours correspondant en partie au mien, a attisé ma curiosité. J’ai débarqué sur « S’inspirer, c’est souffrir » qui m’a beaucoup fait rire. Mon année sabbatique a commencé sous les « Alors, ça y est, tu es en grandes vacances ?!! ». Mais tandis que je me lève toujours à l’aube et que je suis à fond dans cet « étrange marathon » que tu as traversé, chaque jour -que dis-je, chaque minute- je décompte le temps qu’il reste avec une angoisse qui croît à mesure que l’année décroît. Sortir boire une bière avec des amis ? Naaan mais les gens ne réalisent tellement pas le boulot que j’ai !

    Je suis donc dans le troisième mois d’une année sabbatique dédiée à l’écriture que j’ai demandée après toutes les hésitations que tu as dû ressentir également. J’ai arrêté (mais pour d’autres raisons) une activité sportive physique, la boxe française, pour une activité physiquement très ciblée consistant en l’agitation frénétique de mes petits doigts vernis sur mon clavier. J’en ai mal au dos, plus encore aux jambes, mes yeux s’écarquillent au-delà de mes lunettes… Envisager la méditation dis-tu ? …

    Cliché de tes articles, j’écris un roman lequel, sans les expériences de « souffrances » et « deuils » que tu nommes, n’existerait pas. Auteur de nouvelles, je me rends compte qu’elles en sont également nourries pour la plupart. « Nourries » ou « inspirées » justement car l’écriture n’est pas, à mon avis, la thérapie ni le journal intime de l’écrivain. Malheur ou bonheur, je pense qu’il faut être marqué par une très forte émotion pour en faire ressentir aux lecteurs. Reste à savoir l’écrire.

    Sans doute dois-je te dire que je n’ai aucune connaissances en fantasy, que je n’ai pas lu tes livres que je découvre à peine mais que je vais y remédier et que je suis admirative de ton parcours littéraire ! Je l’envie même ! Je suis aussi curieuse de savoir si tu as repris quelque emploi alimentaire ou si tu peux maintenant te permettre de t’en passer ?

    Belle carrière Jean-Sébastien et bonne continuation !

    Gaëlle

  28. Merci Gaëlle pour ce commentaire poignant (et merci de m’avoir souhaité mon anniversaire !). Bravo pour cette année sabbatique ! On ne le dira jamais assez, mais il faut avoir un certain courage (à moins que ce ne soit de la folie ?) pour se lancer dans un tel projet. C’est génial si tu as cette opportunité ! Je suis d’accord sur l’idée que l’expérience d’une émotion très forte peut vraiment servir dans l’écriture.
    En ce qui concerne mon quotidien, je suis toujours auteur à plein temps. J’en vivote plus que je n’en vie, mais j’ai d’autres projets de bouquins, et de toute façon cette activité s’insère dans un projet de mode de vie alternatif… L’essentiel étant que personne, autour de moi, n’en souffre !
    Merci encore pour ton retour enthousiaste, j’espère qu’on aura l’occasion d’en parler dans la vraie vie, peut-être à un salon ?

    Bon courage pour tes projets !


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