Vers un nouvel âge d’or de la Fantasy ?

Je viens de terminer le dernier épisode de la série télévisée OCS His dark materials : à la croisée des mondes, les larmes aux yeux et le cœur serré. Quelle fantasy douce-amère, à mi-chemin entre le monde des enfants et celui, bien plus cruel, des adultes… Servi par un générique flamboyant, une jeune actrice prodigieuse révélée dans Logan et des « Panserbjørnes » (ours en armures !) enragés, le cycle basé sur la trilogie de Philip Pullman ne ménage jamais le spectateur : personnages non manichéens, critique frontale du christianisme, enfance sacrifiée… Cet « anti-Narnia » doit donner des cauchemars aux dirigeants de Disney ! Et fait largement oublier le demi-échec du long-métrage (trop) familial de 2007, la Boussole d’Or.

La semaine dernière, une autre saga me faisait chavirer, celle de The Witcher, et c’est peu de le dire : moi qui n’avais pas accroché au jeu vidéo sur PlayStation 4, je n’ai désormais qu’une envie : rallumer ma console afin de retrouver Geralt de Riv et la sorcière Yennefer, LE personnage charismatique de cette magnifique série Netflix, inspirée des romans de Andrzej Sapkowski. The Witcher, c’est un peu le lointain héritier de Conan et de la culture pulp façon sword and sorcery : beaucoup d’action et d’humour, à des années-lumière du réalisme pessimiste de Game of Thrones, et c’est tant mieux, car il aurait été suicidaire d’imiter la recette du mythique programme d’HBO.

Comme si cela ne suffisait pas, j’ai aussi eu un coup de cœur pour Carnival Row, une série qui se déroule dans un monde urban fantasy inspiré de l’époque victorienne, les créatures féériques étant les victimes d’une ségrégation raciale. Loin d’être un copié-collé de la Grande-Bretagne du XIXe siècle, la série d’Amazon Prime dispose d’un gigantesque background :  un univers à l’histoire très ancienne, une riche mythologie celtique, des rues qui grouillent de faunes, de kobolds et de trolls, des machines steampunks impressionnantes… et une Cara Delevingne qui obtient enfin un rôle intéressant.

Après avoir été émerveillé par toutes ces histoires, je me demande si nous ne sommes pas en train de connaître, vingt ans après le triomphe du film la Communauté de l’Anneau, un nouvel âge d’or de la fantasy tant je suis sidéré par la qualité d’écriture de ces trois séries féministes contemporaines. Des séries qui possèdent une profondeur abyssale en matière d’univers, à l’image du poétique prequel de Dark Crystal : Le Temps de la résistance.

Alors que les deux trilogies de Peter Jackson n’ont pas engendré de mode cinématographique durable autour de la fantasy, il en va autrement du petit écran. Le succès mondial de Game of thrones a en effet convaincu les networks qu’il existe un vrai public amateur du genre. Avec les progrès des effets spéciaux, et la hausse des budgets*, ce qui relevait du domaine du rêve il y a encore quelques années devient une réalité sur Netflix, Amazon Prime, HBO ou la BBC. Il faut dire qu’adapter un roman en série télévisée est plus facile qu’au cinéma, il y a beaucoup moins de censure, et surtout une marge de manœuvre quasi infinie pour les scénaristes. Un livre nécessite une intrigue dense de dix heures avec des personnages fouillés ? Aucun problème, il suffit d’écrire une saison ! J’en viens presque à regretter que le futur Dune de Denis Villeneuve ne soit pas une série télévisée… Cerise sur le gâteau, toutes ces œuvres attirent une horde de réalisateurs à qui Disney Hollywood refuse de confier des longs-métrages, des artistes talentueux qui ont soif de cinéma, et qui se retrouvent aux commandes de programmes ambitieux comme le prochain Seigneur des Anneaux d’Amazon.

Si la Fantasy n’est plus un sous-genre de l’imaginaire gettoïsé réservée aux geeks adeptes de jeux de rôle, va-t-elle enfin prendre ses lettres de noblesse en France** ? En attendant d’obtenir la réponse à cette question, on ne peut que se réjouir d’une telle variété au niveau de ces shows de premier plan***. Cette situation me donne l’impression de redevenir un ado des années 90, quand n’importe quel fan de SF n’avait que l’embarras du choix entre Star Trek, Babylon VStargate et autre Farescape… bien que la qualité des scénarios et des CGI d’aujourd’hui soit sans commune mesure avec cette période faste. Quel bonheur de savoir que The Witcher serait le plus gros carton de l’histoire de Netflix ! J’ai comme l’impression qu’il se passe en ce moment quelque chose d’incroyable en matière de Fantasy, un engouement planétaire qui me donne le sourire… et une envie folle d’écrire.

En conclusion, ce mème conçu par votre serviteur.

Bonus, cette magnifique reprise qui tourne en boucle sur mon ordinateur :

* On parle d’un budget d’un milliard de dollars pour les 5 saisons du Seigneur des Anneaux, soit 200 millions de dollars par saison… À titre comparatif, la dernière saison de GOT a coûté « seulement » 90 millions de dollars.

** Selon le Figaro, Bragelonne a vendu 80.000 exemplaires de The Witcher… juste pour les fêtes de fin d’année.

*** Sans parler du fait qu’une nouvelle génération de lecteurs découvre les romans de Philip Pullman et Andrzej Sapkowski, la preuve que différents médias ne sont pas forcément en concurrence.

Un article qui explique pourquoi j’ai raison

Un petit message pour vous rassurer après plusieurs mois d’absence sur ce blog, je continue d’écrire des romans… même si je ne suis plus trop sur les réseaux sociaux. Je ne veux pas vous faire le coup du « j’ai quitté Facebook », mais je me suis juré d’y être beaucoup moins présent, car je suis lassé, non pas des gens, mais des polémiques, souvent violentes.

 

Les échanges de la vraie vie me manquent, comme mes amis d’ailleurs ! Je privilégie désormais les rencontres dans le monde réel, avec ce que cela comporte de nuances… Quel bonheur retrouvé ! Et quel plaisir de revoir des copains/copines auteurs/autrices avec le sourire dans des festivals comme celui de Mancieulles, sans parler des ateliers d’écriture… Dans la vraie vie, on se querelle moins que sur Facebook, alors que nous sommes pourtant tous différents, peut-être parce que nous ne sommes pas tout à fait les mêmes personnes sur ces réseaux. Nos murs (qui portent si bien leurs noms) ne sont que les ersatz de nos vraies personnalités, des simulacres caricaturaux qui finissent par nous dresser les uns contre les autres.

 

J’ai l’impression que l’architecture de Facebook est conçue pour rendre les débats binaires, qu’on poste un message ou qu’on le commente, et je ne veux plus être piégé dans des controverses sans fin qui ne changeront rien, ni personne. Nous avons beau partager 90% de choses en commun, un beau jour nous allons forcément nous quereller sur les 10% qui ne « collent pas », et tout ça à cause d’un message, parce que sur Facebook on se définit en fonction d’un sujet qui nous tient à cœur. Or, dans la vraie vie, nous sommes beaucoup moins autocentrés : si j’invite des amis à la maison, ce n’est pas pour leur faire signer des pétitions, critiquer leurs idées politiques, leur prouver que j’ai bon goût en matière de cinéma ou les convertir au bouddhisme. S’ils viennent chez moi, c’est pour que nous passions un bon moment en nous concentrant sur ce qui nous relie, et non sur ce qui nous oppose. Lors d’une soirée, mon désir de donner un avis sur tout est relegué au second plan, car l’essentiel est de faire en sorte que cette soirée demeure conviviale.

 

Sur Facebook, ce désir est au cœur de tout, pour une raison bien simple : se défouler réagir à l’actualité est le principe même de ce média qui fonctionne à la dopamine, dixit ce petit documentaire Arte.

Un mur Facebook n’est rien de moins qu’un concentré d’égocentrisme, une « vitrine » a priori rassurante qui nous persuade que notre cercle « d’amis » a  les mêmes valeurs que vous, ce qui amène inévitablement des phénomènes de groupe sur d’innombrables sujets de société, ce qu’on appelle la bulle de filtre : à cause de Facebook, nous sommes tous devenus des donneurs de leçons, des moralistes en puissance… et donc des trolls polémistes, persuadés que notre opinion est majoritaire : c’est le concept d’auto-propagande.

Vous allez me répondre que les gens intelligents évitent les controverses (et vous aurez raison, je connais de véritables « moines zen » qui ne se sont jamais disputés sur Facebook, je les admire), mais le problème est plus profond que ça. Quand quelqu’un écrit un commentaire ou un post a priori modéré et argumenté, c’est un leurre, car il s’en suit souvent un échange qui va progressivement polariser, pour ne pas dire binariser, les points de vue. Et ce phénomène psychologique s’applique aussi bien à la politique, qu’à l’écologie, la laïcité, l’éducation, l’économie, le sport, l’éthique, la recherche scientifique… Facteur insidieux, plus on a « d’amis », plus il est difficile de fédérer : on écrira forcément un statut qui ne sera pas consensuel (sauf si l’on ne met que des photos de chatons mignons). On aura beau prendre « soin » de s’entourer de personnes qui ont les mêmes opinions que nous (une forme de narcissisme loin d’être souhaitable), on risque de se « radicaliser » à partir du moment où il y aura des divergences.

Or qui peut se targuer de posséder un ami disposant exactement des mêmes convictions que lui sur la peine de mort, l’avortement, l’euthanasie, le végétarisme, la justice, l’Art, l’Histoire, le féminisme, l’anti-racisme, les grèves ou les relations internationales ? C’est strictement impossible, il y aura toujours au moins des nuances dans chacun de ces points de vue, et c’est tant mieux. Le problème, c’est que Facebook n’est pas du tout pensé pour nous réunir, nous sommes au contraire ghettoïsés dans des bulles qui « éclatent » à la moindre polémique, des bulles qui nous poussent à nous replier toujours plus sur nous-mêmes et nos supposés « amis ». À la prochaine crise, il suffira juste de virer de notre cercle le « facho » qui n’est pas d’accord avec nous, et le problème sera réglé… en apparence, car en réalité, nous sommes tous le facho d’un autre, sans exception. Les réseaux sociaux nous rendent intolérants, puisque nous construisons notre propre prison, une chambre d’échos qui nous enferme dans une certaine vision du monde confortant nos convictions.

Facebook, c’est un peu le café bourré de monde dans lequel on trouve des activistes portant plein de pancartes issues de toutes les causes possibles. Imaginez-vous une seule seconde aller dans la rue en brandissant continuellement une série de panneaux affichant vos convictions personnelles sur tout et n’importe quoi ? On vous regarderait bizarrement… Et pourtant il existe une véritable tyrannie de l’émotion en rapport avec l’actualité, qui est presque toujours dramatique, ce qui rend les commentaires extrêmement casse-gueules… et toutes nos interactions entièrement conditionnées par cette même actualité, puisqu’il faut « absolument » se positionner, être « pour » ou « contre ». Dénoncer et juger. Dans ces conditions, Facebook tend à rendre les échanges amicaux de plus en plus superficiels : pourquoi se voir dans la vraie vie alors que de toute façon on se « suit » sur Internet ? Pas besoin de s’investir dans une quelconque amitié, il suffit de mettre un « J’aime »de temps en temps sur un statut… J’ai l’impression que cette paresse conformiste cause des dégâts.

 

Pour le dire plus simplement : je pense que Facebook rend fou. C’est pour cette raison que je ne réagis plus sur des sujets brûlants et que je me suis beaucoup détaché de ce média. Je suis persuadé que Facebook est un outil pratique pour rester en contact avec des proches dispersés aux quatre coins du monde (ce qui est le cas de ma famille), échanger quelques mots avec des gens passionnants qu’on n’aurait jamais croisé dans la vraie vie et, bien sûr, faire découvrir ses créations artistiques, sans parler de la joie de communiquer avec ses lecteurs ou d’organiser des ateliers d’écriture… Mais je pense également que Facebook est moins un « réseau social » qu’un terrain de football virtuel qui nous enferme dans nos préjugés, qu’on soit de droite ou de gauche, croyant ou athée, vegan ou régime carné, OM ou PSG, pardon, je m’égare… Toutes ces polémiques ne sont que des prétextes pour projeter nos colères, nos peurs, et en définitive nos névroses. Des matchs idéologiques qui ne sont en réalité que des querelles d’ego, et qui ne m’intéressent plus du tout, la vie est tellement courte… Communiquer dans le monde réel est déjà suffisamment difficile en soi, par écrit cela devient mission impossible, il n’y a pas assez de nuances. Les Grecs l’avaient d’ailleurs bien compris en privilégiant l’art de la rhétorique, l’oral étant supérieur à l’écrit.

Ne m’en veuillez donc pas si je préfère désormais vous voir dans la vraie vie plutôt que sur ce ring qu’est devenu Facebook, c’est bien plus agréable. Prenez soin de vous ❤

Published in: on janvier 15, 2020 at 9:22  Comments (12)  

Dix ans

Tempus fugit : à ma grande surprise, WordPress m’a rappelé que le 13 août 2009, je créais ce site. Mon premier roman était alors en cours d’écriture. Je rêvais d’une édition chez Bragelonne, qui venait de publier le Nom du vent. Mon site n’hébergeait qu’une carte rudimentaire des Mers Turquoise, mais on trouvait déjà certains appendices liés à mon univers imaginaire. Quelques années plus tard, http://www.escroc-griffe.com devenait ce blog.

En 2009, Internet était radicalement différent : Facebook n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui, je préférais d’ailleurs Twitter, que je consultais tous les matins sur mon iPhone 3GS. Lire des ebooks était pénible : l’iPad n’était qu’une rumeur, et le Kindle ne se vendait qu’aux Etats-Unis.

En 2009, j’avais un Nabaztag, Barack Obama était président et le monde pleurait la mort de Michael Jackson. Netflix n’existait pas, les séries se trouvaient facilement sur Megaupload.

On regardait Lost, Dexter, Misfits, 24 heures chrono, Community, tandis que Battlestar Galactica s’achevait en fanfare. Je me passais la bande-annonce d‘Avatar entre deux parties de Fuel sur Playstation 3. Le Marvel Cinematic Universe n’était qu’un rêve, et The Dark Knight plus populaire qu’Iron Man.

Internet et le monde ont totalement changé, mais je trouve rassurant que les blogs demeurent des espaces de discussion et de réflexion privilégiés, avec une temporalité plus lente que sur les réseaux sociaux. Pour moi, la blogosphère est un peu la mémoire du Web, car un article est bien plus facile à retrouver qu’un statut Facebook ou un tweet.

Je profite de cet anniversaire pour vous remercier de votre fidélité au fil des ans. Et vous annoncer que les interminables corrections du tome 1 de ma nouvelle trilogie vont bientôt prendre fin : mon manuscrit sera (enfin) prêt d’ici décembre, avant d’être soumis à mon éditeur. J’ai hâte de vous en dire plus…

 

Published in: on août 13, 2019 at 7:58  Comments (12)  

Ces jeux qui nous bouleversent

 

Littérature, cinéma, série télévisée… Jamais les conteurs n’ont disposé d’autant de médias pour susciter de l’émotion. C’est le cas de certains jeux vidéos qui laissent une trace indélébile, plus mémorables que certains films, et pour cause : dans une salle de cinéma on ne peut pas influer sur une histoire. C’est le constat que j’ai eu ce lundi en terminant (pour la seconde fois !) un chef d’œuvre, le premier volet de la trilogie Mass Effect. Dans cet épisode on incarne le commandant John Shepard (ou son homologue féminin). En 2183, l’Humanité est désormais capable de se déplacer à travers l’univers grâce à l’effet cosmodésique, connu des autres espèces sous le nom de « Mass Effect », suite à la découvertes de technologies extra-terrestres sur Mars.


Dans ce space opera grandiose, Shepard devra effectuer des choix cornéliens qui auront des répercussions immenses, pour la galaxie… ainsi que ses proches. C’est d’autant plus impressionnant que le jeu vidéo dispose d’un énorme avantage immersif comparé à un long-métrage : on peut facilement passer une centaine d’heures avec des personnages à explorer des planètes… Shepard peut même vivre des histoires d’amour !* Ce qui rend certaines décisions d’autant plus cruelles…. Vers la fin du premier Mass Effect, il faut résoudre un dilemme : lors d’une bataille désespérée, deux membres de l’équipe, situés à deux lieux différents, se retrouvent en danger, or le vaisseau spatial ne peut se déplacer qu’à un endroit à la fois… Après de longues hésitations, lorsque j’ai finalement annoncé par radio à l’officier Kaidan Alenko que je ne pourrais pas le rejoindre, celui-ci m’a répondu qu’à ma place il aurait agi de la même façon.

Kaidan Alenko

Bien sûr, il a fallu consoler le soldat survivant que j’ai choisi de sauver et qui était bouleversé, lui dire que c’était ma décision et non la sienne… Plus tard, en passant devant les casiers de mes personnages (afin d’organiser leur équipement), je n’ai pu m’empêcher de culpabiliser en voyant celui de Kaidan, fermé pour toujours. Je me suis demandé si mon avatar n’aurait pas dû mourir à sa place ! Kaidan m’accompagnait depuis le début, il m’avait même sauvé la vie lors d’une mission délicate, sans parler du fait qu’on avait eu l’occasion de discuter longuement de son passé (Kaidan m’avait un jour confié qu’il souffrait de migraines à cause d’implants cybernétiques de seconde génération, gosse il avait en effet servi de cobaye contre son gré dans un laboratoire peu scrupuleux…). Faire naitre dans le cœur du joueur la culpabilité du survivant est une prouesse incroyable de la part des scénaristes ! Un autre moment fort de mon expérience sur Mass Effect : une mission prise d’otages qui consistait à perdre le moins de civils possible. Bien qu’il s’agissait d’une intrigue secondaire, j’ai passé au moins une heure à faire en sorte qu’il n’y ait aucune victime innocente. Après l’heureux dénouement, j’ai été contacté par l’amiral en personne, qui m’a avoué « être impressionné ». J’avais plusieurs réponses possibles à formuler et j’ai choisi « je n’ai fait que mon travail ». Il se trouve que le jeu a pris en compte non seulement cette réplique, mais aussi le résultat de la prise d’otage, avec cette réaction de l’amiral sur un ton admiratif : 

Dans mon armée, j’aimerais avoir plus de soldats qui ne font « que leur travail », Shepard, vraiment. Cinquième flotte, terminée. 

Chair de poule assurée ! 

Les créateurs de jeux vidéos ne sont plus seulement des conteurs, mais également des psychologues archi-talentueux, comme le prouve The Last of Us, dont l’intrigue démarre le jour d’une apocalypse zombie. On incarne Joel, un père de famille qui tente de sauver sa fille, Sarah, lors de l’introduction. Hélas, Joel échouera lors d’une séquence tragique absolument poignante. Lorsque le jeu reprend après une ellipse de vingt ans, Joel a désormais la cinquantaine fatiguée. Il est devenu un survivant qui a appris à se battre dans un monde post-apocalyptique où règne la loi du plus fort. Sa routine est chamboulée le jour où on lui confie Ellie, une ado qui a grandi dans un bunker et qu’il doit escorter dans le cadre d’une mission ultra-secrète déterminante pour l’avenir de l’Humanité. Le problème, c’est qu’en tant que joueur, vous avez déjà été traumatisé par le décès de la fille de Joël, et vous n’avez aucune envie de vous attacher à nouveau à une gamine qui peut mourir à chaque instant ! Mais il se trouve qu’Ellie est une adolescente adorable qui n’a jamais connu le monde extérieur, encore moins celui d’avant l’apocalypse. Une ado qui ressemble à la fille de Joel si celle-ci vivait encore… Peu à peu, vos défenses émotionnelles tombent une par une, notamment quand Ellie découvre avec émerveillement des girafes au milieu des ruines de Pittsburgh…

Les scénaristes arrivent à vous manipuler à un degré rarement atteint dans un jeu, en vous faisant vivre la dernière étape d’un deuil virtuel ! Avec un tel enjeu, impossible de lâcher la manette car on veut bien évidemment connaitre la fin de l’histoire et savoir si Joel et Ellie vont survivre.

Dans Horizon Zero Dawn, c’est un peu la situation inverse : alors que l’Humanité est revenue à l’âge de pierre depuis que les machines dominent la planète, vous incarnez Aloy, une orpheline ostracisée qui vit en marge d’une société tribale, et qui ne peut compter que sur elle-même. Un beau jour, Aloy découvre un artefact technologique qui permet de pirater les robots, et qui lui donne accès à des informations concernant le monde d’il y a mille ans. Aloy part alors à la recherche de ses origines… Odyssée émouvante, récit initiatique épique servi par une musique mélancolique, Horizon Zero Dawn est le seul jeu dont la fin m’a fait pleurer.

En tant qu’auteur de romans, je ne peux qu’être admiratif devant le travail accompli par ces artistes. Ces trois œuvres sont moins des jeux que des histoires qui changent le regard qu’on porte sur le monde. À la manière d’un grand film, il y a un avant et un après Mass Effect, The Last of Us et Horizon Zero Dawn, parce qu’il s’agit avant tout de récits universels qui posent des questions philosophiques sur ce qui nous définit en tant qu’être humain, que ce soit la justice, le droit à la différence ou l’altruisme… Des questions aussi vieilles que l’Humanité, et malheureusement toujours d’actualité.

Cet article est dédié à la mémoire de l’officier Kaidan Alenko.

* Mass Effect est même l’un des premiers jeux vidéos à avoir permis au joueur de choisir une romance homosexuelle.

 

 

Published in: on juillet 9, 2019 at 8:30  Comments (9)  

L’audiobook, un art de lire

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’heureuse surprise d’apprendre qu’Orange offrait jusqu’en janvier un audiobook par mois à ses abonnés.

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Une annonce qui tombait à point nommé : même si ces œuvres étaient courtes, j’avais adoré l’adaptation de l’Appel de Cthulhu, ainsi que celle de certaines lettres de Lovecraft. Depuis longtemps je voulais tester des audiobooks plus longs avec ce « nouveau » mode de lecture qui remonte en réalité… à l’Antiquité. Les Romains pratiquaient déjà les recitationes, des lectures « publiques » en fait destinées aux privilégiés. Jusqu’au Moyen-Âge, l’immense majorité de la population n’avait pas accès aux livres… sauf quand un lettré lisait devant une assemblée. La littérature a fini par se démocratiser avec l’école publique vers la fin du XIXe siècle, tandis que la lecture à haute voix restait, plus qu’un luxe, un art réservé à une élite. Le lecteur devait en effet savoir lire, comprendre le contexte social et culturel de l’œuvre, mais aussi posséder une bonne diction… et l’adapter à l’auditoire selon un principe « je vois, je prononce, j’écoute ». Un art plutôt difficile : quand Jorge Luis Borges perdit la vue, il choisit le grand écrivain Alberto Manguel afin qu’il devienne, excusez du peu, son lecteur officiel !

Aujourd’hui, grâce aux progrès de la technologie, n’importe qui peut s’offrir ce luxe et écouter un acteur célèbre lire un roman, quand il ne s’agit pas l’auteur lui-même. Une innovation fabuleuse pour les personnes non-voyantes, ainsi que les lecteurs qui manquent de temps. À une époque où la lecture est concurrencée par Netflix, les tablettes, les jeux-vidéos et les réseaux sociaux, je me suis demandé si l’audiobook n’avait pas enfin trouvé sa place. J’ai donc téléchargé l’application Kobo by FNAC.

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Avant d’aller plus loin, je dois vous faire une confession extrêmement choquante qui risque de changer à jamais la perception que vous avez de moi. Bon, allez, je me lance.

Il y a encore un mois, je n’avais jamais lu le Trône de fer*.

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Voilà, je me sens mieux.

J’ai commencé à écouter Game of thrones… en faisant la vaisselle, un casque bluetooth sur les oreilles. Ne me jugez pas : au début, j’avais moi-même peur de désacraliser cette œuvre en procédant ainsi mais dès les premières minutes, l’émotion est au rendez-vous grâce à l’impressionnant travail de Bernard Métraux, un comédien totalement impliqué dans cette adaptation pour le moins titanesque. Homme ou femme, il donne vie à chaque personnage, et gagne en finesse au fil des chapitres : si au début je trouvais son interprétation « paysanne » de Robb Stark un peu rustique, par la suite il a « corrigé le tir ». Il a même réussi à m’émouvoir lorsque Catelyn Stark veille sur son fils Bran, plongé dans le coma, et qu’elle dit froidement adieu à John Snow.

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L’audiobook m’a ouvert les portes d’un nouveau monde insoupçonné : je peux découvrir un livre sans perdre mon temps lors d’une activité physique rébarbative comme le ménage ou la vaisselle. Grâce à ce format particulier, l’audiobook me donne envie de m’attaquer à de longues multilogies, ce que je n’aurais pas forcément fait avec une « lecture-papier » un peu plus fatigante. Il y a également une vraie valeur ajoutée car j’écoute la performance d’un acteur qui va livrer sa vision du texte. C’est, bien sûr, à double tranchant : on peut être allergique au timbre de voix d’un artiste… mais, pour moi en tout cas, le charme a opéré.

J’ai tellement aimé vivre cette expérience que je vais profiter de l’opération d’Orange et continuer à télécharger d’autres romans du Trône de fer jusqu’en janvier. Ensuite, si cette opération se termine, je pense passer sur Audible à cause d’un dernier avantage, et non des moindres : le prix. Ainsi avec le tome 1 du Trône de fer, pour 22 euros, soit l’équivalent de deux places de cinéma, vous avez 17 heures de lecture… ce que je trouve déjà bon marché tant le travail accompli pour l’adaptation est conséquent. Audible va encore plus loin en proposant des abonnements résiliables à tout moment : après 30 jours gratuits, pour 10 euros par mois, vous avez le droit de télécharger mensuellement un audiobook parmi un catalogue de 250.000 titres pour le moins fourni. On trouve du Bragelonne (Carbone Modifié, les douze rois de Sharakhaï, la voix du sang, Légende, Seul sur Mars…) mais aussi bien d’autres œuvres emblématiques comme la Tour Sombre, American Gods, la forme de l’eau, les guerriers du silence, Hypérion, Même pas mort, Gagner la guerre, le Seigneur des Anneaux, l’Assassin Royal, Harry Potter, Hunger Games… Et si on n’a vraiment plus du tout le temps d’écouter des audiobooks, il est possible de mettre en pause l’abonnement ou de l’arrêter à tout moment, on conserve cependant les livres téléchargés. L’application fonctionne sur n’importe quelle plate-forme (ordinateur, smartphone, tablette, lecteur MP3, Amazon Echo…).

Et les pirates de l’Escroc-Griffe dans tout ça ? Pour l’instant une adaptation n’est pas d’actualité, mais un jour qui sait…

* Je sais, c’est extrêmement décevant, mais j’avais tiqué sur le fait qu’il s’agissait d’une saga en plusieurs tomes qui n’était pas encore achevée. Depuis la Tour Sombre, j’avoue avoir du mal avec les histoires qui s’étalent sur plusieurs décennies, je voulais lire Game of thrones d’une traite, juste après avoir vu la fin de la série télévisée. D’ailleurs, est-ce que vous pensez que George Martin terminera un jour le Trône de fer ? Pour ma part j’ai des doutes…

Published in: on juillet 19, 2018 at 9:09  Comments (8)  
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En bref

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Je n’ai pas réussi à terminer mon premier jet avant le 31 décembre, mon histoire souffrant de gigantisme aïgu, mais cela ne m’empêchera pas de vous souhaiter une belle fête de fin d’année. Prenez soin de vous et à bientôt !

Published in: on décembre 31, 2017 at 1:16  Comments (16)  

« Round one, fight ! »

Quelques nouvelles du front suite à mon absence (assumée) sur les blog et les réseaux sociaux : pour avancer sur mon projet (en retard), il a fallu que je récupère du temps libre, et j’ai donc été contraint de sabrer dans certaines activités. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous annoncer que j’ai mis un coup d’accélérateur en ce qui concerne mon écriture : à cet instant précis, mon manuscrit fait 275.000 signes (pour info le tome 1 des pirates fait 700.000 signes, soit un grand format de 450 pages). Je sais que 275.000 signes, ça a l’air peu, mais en ce moment je carbure à environ 10.000 signes par jour…. ce qui signifie qu’il y a de bonnes chances pour que le premier jet soit terminé le 31 décembre. Puis viendra une douloureuse période de corrections suite aux retours de mes bêta-lecteurs fétiches. Je ne ferai d’ailleurs pas de sentiment à ce niveau : si ce projet ne les emballe pas, je lancerai à nouveau un chantier jusqu’à ce que l’histoire soit satisfaisante, car il n’est pas question de vous décevoir. Si, au contraire, mes bêta-lecteurs sont enthousiastes, je présenterai à mon éditeur le manuscrit aux Imaginales 2018 afin de savoir si Bragelonne est de nouveau partant pour cette aventure.

Bon, il est temps de retourner au combat. À bientôt !

Published in: on novembre 30, 2017 at 5:18  Comments (9)  

Un art de vivre

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Cette semaine, alors que mon blog fête ses quatre années d’existence, j’ai reçu des messages enthousiastes de jeunes auteurs qui lisent les articles de ma section spéciale, le dojo de l’écriture, des messages qui m’ont particulièrement touché.

Comme je l’écrivais dans mon dernier article, un auteur a besoin d’être heureux. Écrire est un art de vivre, un dao solitaire, mais savoir que ce blog, au fil des ans, contribue de plus en plus à aider des écrivains me comble de joie.

Merci infiniment pour votre confiance ❤

Published in: on septembre 27, 2017 at 9:18  Comments (2)  

Une nouvelle section sur le blog

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Grâce aux salons, ainsi qu’aux réseaux sociaux, j’ai constaté que beaucoup de jeunes auteurs suivent ce blog afin de progresser dans l’écriture… j’en suis très touché, merci pour votre confiance ! Je me permets de vous signaler l’existence d’une nouvelle section, intitulée le dojo de l’écriture, qui vous permettra de retrouver plus facilement les articles de la catégorie « Aide à l’écriture ». Elle sera mise à jour régulièrement. Bonne semaine, et bon courage pour vos projets !

Published in: on avril 18, 2017 at 10:35  Comments (2)  

En bref

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Cette semaine, je risque d’être quelque peu absent… seulement virtuellement, car je vais participer au salon du Livre à Metz, de vendredi à dimanche. Un gros événement, avec pas moins de 35.000 visiteurs attendus ! L’imaginaire ne sera pas en reste puisqu’on retrouvera les incontournables Laurent Genefort et Paul Beorn. Si vous êtes dans le coin et que vous avez envie de bavarder, je serai au stand « Librairie d’en face », dans le chapiteau « grande librairie ». En attendant, demain aura lieu un autre événement : la sortie numérique de mon  intégrale, pour une durée limitée d’un mois seulement. Si vous êtes sur liseuse et que vous ne connaissez pas encore ma trilogie, c’est l’occasion de faire des économies de la découvrir.

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Sinon je voulais aussi vous dire que j’avance à grands pas sur ma nouvelle trilogie. Pendant quelques semaines j’étais bloqué dans mon écriture à cause d’un problème… qui n’en était pas vraiment un, mais grâce à une discussion avec mon amie auteure Dominique Lémuri, les obstacles que mon esprit avait construit se sont dissipés. C’est un vrai bonheur que de retrouver cet univers, je me sens dans la peau d’un Peter Pan adulte redevenu jeune qui retourne dans un Pays Imaginaire… qu’il avait un peu oublié.

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Même si l’histoire sera complètement accessible à une personne qui n’a jamais lu les pirates de L’Escroc-Griffe, je me rends compte que trois tomes, ce n’était pas suffisant. Comble de l’ironie, en tant que lecteur j’ai toujours un peu râlé quand les écrivains déclinent leur saga en sept volumes (ou plus). Aujourd’hui, je réalise qu’écrire une histoire sur plusieurs trilogies est peut-être la formule qui me correspond le mieux… enfin, l’avenir le dira.

À bientôt les amis !

Published in: on avril 4, 2017 at 7:51  Comments (4)  
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