Apologie du synopsis

Ca y est, je suis sur le point de terminer le synopsis de travail de mon prochain roman ! J’ai commencé à l’écrire… cet été. Oui, vous avez bien lu : j’ai consacré près de six mois de ma vie à un synopsis de travail de 60.000 signes*, insipide à lire… comme tous les synopsis d’ailleurs. Est-ce du masochisme ? Dans cet article, je parlais de la différence entre les structurants et les scripturants. Tous les auteurs le savent, le monde se divise en deux catégories : les architectes et les jardiniers. Quand on commence à écrire, la question qui revient immanquablement sur la table est : comment mon cerveau fonctionne ?

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Pour ma part, je suis architecte : avant d’écrire mon roman, j’établis un plan (le fameux syno) avec un début, un milieu et une fin. Je sais déjà quel climax (la « séquence forte ») est susceptible de toucher le lecteur. D’autres écrivains préfèrent travailler différemment, et ne supportent pas de connaître le dénouement. Ils progressent au fil de leur inspiration, coupant les branches qui dépassent : on dit d’eux qu’ils jardinent. Bien sûr, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méthode et, de la même façon, on est jamais complètement l’un ou l’autre de ces archétypes.

Toujours est-il que j’ai constaté que le synopsis de travail est souvent mal aimé. J’ai même des amis écrivains qui le haïssent, parce que le synopsis est capable de vous bouffer le cerveau.

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Un spécimen intéressant de synopsis gigantis, communément appelé synopsis, occupé à chasser une proie. Sa victime, une auteure, n’a malheureusement aucune chance d’échapper à son piège mortel.

J’aimerais pourtant prendre sa défense. Je sais que ça peut étonner, je vous vois déjà venir :  » pourquoi ce type passe six mois sur un synopsis, alors qu’il aurait pu, dans le même laps de temps, écrire le premier jet de son bouquin ? »

C’est vrai, j’aurais largement pu fournir une première version en moins d’un an. Mais une des leçons que j’ai retenues avec ma trilogie, c’est de ne pas se lancer les yeux fermés dans un projet complexe… au risque d’y consacrer douze ans.

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Autant dire une éternité

Certes, ce délais extrêmement long s’explique en partie parce qu’il ne faut jamais commencer par une trilogie, mais honnêtement, si j’avais, au tout début, travaillé sur trois synopsis minutieusement détaillés, cette série aurait été moins difficile à écrire. Pour ce qui est de mon quatrième bouquin, un roman historique fantastique, j’ai complètement changé mon fusil d’épaule. Vu que je devais effectuer des recherches colossales (grosso modo : connaître dans les moindres détails l’Empire romain au IVe siècle après J.-C., la mentalité de ses habitants, mais aussi la vie quotidienne à cette époque, de la cuisine à la mode vestimentaire), j’ai lu quantité de livres sur l’Antiquité tardive avec l’angoisse de me dire que ça allait être plus compliqué et restrictif que de créer un univers imaginaire. Je ne pouvais pas plus me tromper ! Non seulement c’est tout aussi enthousiasmant, mais en plus l’Histoire, la vraie, m’a apporté quantité d’éléments pertinents et originaux que je n’aurais jamais osé imaginer, et qui sont pourtant véridiques. J’aborde ici un point fondamental : c’est parce que j’ai choisi de travailler sur un synopsis que mon intrigue a pris une épaisseur qu’elle n’avait pas à la base. Si j’avais commencé par un premier jet sans trop me prendre la tête, je  me serais retrouvé à coup sûr coincé au milieu de mon intrigue, ne serait-ce qu’à cause des recherches. Au mieux elles m’auraient coupé net dans mon élan, au pire elles m’auraient démontré que mon scénario ne collait pas avec l’Histoire (ce que je voulais éviter à tout prix). Une grosse incohérence ou un problème de structure peut provoquer la réécriture  complète d’un bouquin…

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Un autre point tout aussi essentiel : un synopsis amène du liant à l’histoire. Pendant des mois j’ai travaillé sur l’idée-force de mon intrigue, sa colonne vertébrale, et la tentation était grande de recourir à un maximum d’événements, de personnages, mais aussi de lieux… Le risque, c’est d’aboutir à une histoire brouillonne qui part dans tous les sens. Pour obtenir ce liant, il a fallu se recentrer sur une question essentielle, à savoir : que cherche mon personnage ? En décidant de ne traiter que quelques thèmes, on arrive rapidement à savoir ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Un peu comme lorsqu’un réalisateur veut consacrer un film à la Seconde Guerre mondiale : impossible d’avoir une approche globale, car il y a des dizaines de millions de protagonistes éparpillés aux quatre coins du monde ! Ce qui compte ce sont les personnages et l’histoire qu’ils vont vivre. Il faut donc adopter une échelle plus restreinte. Spielberg a consacré un film aux hommes qui ont participé au Débarquement de Normandie en 1944 (Il faut sauver le soldat Ryan), mais par la suite, en qualité de producteur, il a privilégié un autre point de vue sur l’événement : dans l’émouvante série Band of brothers, on suit le destin incroyable mais véridique des membres de la Easy Company, parachutés pendant ce même Débarquement derrière les lignes ennemies. Les deux visions sont complémentaires car les thématiques sont différentes : alors que Ryan renvoie à un dilemme moral (sacrifier plusieurs vies pour en sauver une), Band of brothers a une approche plus documentaliste en essayant de nous faire comprendre comment une profonde camaraderie a permis à des hommes ordinaires de survivre à des événements extraordinaires.

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Band of Brothers, l’une des plus belles séries HBO qu’il m’ait été donné de découvrir, à voir une fois dans sa vie. En plus vous n’avez pas d’excuses, il n’y a qu’une seule saison de 10 épisodes !

Mon synopsis m’a une nouvelle fois rappelé, si je l’avais oublié, combien il est important de savoir changer de point de vue pour rester au niveau de ses personnages, que l’intrigue se déroule au milieu d’une bataille spatiale gigantesque ou dans une cave exiguë. Peu importe la taille du synopsis de travail et sa complexité, on devrait toujours pouvoir le résumer en une phrase, le fameux pitch (mais ceci est une autre histoire). Cela ne veut pas dire que les architectes ont raison et les jardinier tort ! Comme je le disais au début de l’article, on est jamais complètement l’un ou l’autre, et je connais des jardiniers qui travaillent avec des plans relativement détaillés.

Tout ça pour dire que je ne regrette absolument pas d’avoir consacré six mois de ma vie à mon synopsis, car en réalité je me suis épargné plusieurs années de calvaire, et surtout de longues périodes de stagnation. C’est ce qui m’est arrivé à plusieurs reprises sur le tome 2 des Pirates : il n’y a rien de pire que de ne pas savoir comment certains événements capitaux doivent s’enchaîner  entre le début et la fin du bouquin ! Bien sûr, je ne suis pas à l’abri de mauvaises surprises sur mon prochain roman, mais quoi qu’il arrive, l’écriture du premier jet sera moins long, c’est une certitude.

*Pour ceux qui l’ignorent, les auteurs n’évaluent jamais la taille d’un manuscrit en nombre de pages, mais en signes « espaces comprises ». Cet usage tient au fait que le nombre de pages varie en fonction des traitements de texte, de la police choisie, de la mise en page… bref, de la typographie. Vous trouverez le nombre de signes de votre manuscrit dans votre traitement de texte favori.

Published in: on janvier 6, 2017 at 10:49  Comments (38)  

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38 commentairesLaisser un commentaire

  1. […] D’ailleurs, vous devez absolument savoir si vous êtes architecte ou jardinier, mais ceci est une autre histoire. Le problème avec ces trois chantiers, c’est qu’en tant que jeune écrivain, vous […]

  2. J’avoue que, même si mes documents de travail ne ressemblent pas à un « synopsis » tel que tu l’entends (dans mon cas, ça prend de plus en plus la forme de schémas ou de jeux de cartes, chacune avec la description de scène), je comprends tout à fait ton sentiment d’éviter grâce à lui « des années de calvaire »… Je me sens tout de suite beaucoup plus sereine quand je débute l’écriture avec un semblant de plan (tout en sachant qu’il va être modifié ensuite, mais il n’empêche…) : c’est une sorte de « filet » de sécurité sur lequel je peux tomber pour mieux repartir ensuite !

    • C’est passionnant ce que tu racontes, « la technique du filet de sécurité »… Ca mériterait un article de ta part avec un point de vue « jardinier » 😉

  3. Si le contexte historique de ton futur roman se situe au Bas Empire romain, j’avoue être très intriguée!

    • Merci Aelinel ! Oui, le bouquin se déroulera durant cette période qui me fascine depuis de nombreuses années. En fac d’Histoire, je n’ai malheureusement pas eu le loisir d’approfondir cette époque puisqu’on étudiait surtout les deux premiers siècles de l’Empire. Du coup je me régale au niveau des recherches 😉

      • Oh toi aussi tu étais en fac d’histoire? Tu étais romaniste également? Oui, c’est vrai que les deux périodes de prédilection étaient la République et le Haut Empire. Le Bas Empire était un peu laissé de côté. Tu m’étonnes! Ça doit être génial de renouer avec les livres d’histoire. Pour ma part, cela devient occasionnel. Je ne lis plus que des romans historique ou de la SFFF.

        • Oh génial ! Ravi de retrouver une romaniste 😀 Oui, c’est génial, j’ai l’impression de reprendre les études, sans les inconvénients des partiels 😀 Je garde un souvenir ému de Cicéron, ainsi que TD, j’avais fait un oral sur Néron et la domus aurea, c’était terrible !

          • Oui, on l’avait étudié également en TD mais ce n’était pas moi qui avais fait l’exposé. En revanche, j’avais travaillé sur les deux villas de Pline le Jeune à Côme et Laurentinum, je m’étais éclatée! Ah quelle belle époque! Mais, je me suis rendue compte que j’ai énormément perdu de connaissances depuis ce temps-là!

            • Excellent ! Oui, on oublie vite en effet, mais c’est normal 😉 Imagine ce que doivent dire les médiévistes… ^^

  4. Pour ma part, je suis une jardinière avec une légère tendance architecte (disons que je brosse vite fait des fiches persos pour mes persos principaux et quelques grandes lignes d’intrigues avant de me lancer dans le 1er jet). Par contre, étant aux prises avec les corrections (raaaaaaaaah <= ceci est le cri du coeur de l'auteur qui en est à sa n-ième relecture/phase de corrections), je te rejoins totalement sur la nécessité de bien préparer les gros projets. J'ai une trilogie qui patiente dans un coin (tout du moins, je pense que y a matière à une trilogie), donc là, je me prépare mentalement au fait que cette fois, il faudra architecturer beaucoup plus que d'habitude si je ne veux pas m'arracher les cheveux par la suite ^^"
    Donc oui, le syno, ça peut être ennuyeux à faire, mais ça peut aussi être d'une grande nécessité ! 😉

  5. C’est super pour ton projet de trilogie 😉 C’est clair que dans ce cas le synopsis est vraiment un outil génial ! Bon courage pour tes corrections 😉

  6. Et du coup, pas de tortue géante ? 😉

    • Hahaha 😀 Non, pas cette fois 😉 Ca sera un récit plus adulte, plus sombre aussi (même si les tomes 2 et 3 avaient des passages carrément glauques). Des fois je prends peur en me disant « est-ce que tu ne vas pas perdre tes lecteurs ? » mais je pense que l’histoire en vaut vraiment la peine, et elle me tient à cœur. On va voir ce que ça donne ! 🙂

      • Si le livre est bon, tu ne risques pas de perdre des lecteurs, au contraire 😉 J’ai hâte de voir ça, bon courage !

        • Merci l’ami ! On va croiser les doigts 😉

  7. […] Source : Apologie du synopsis | L’Escroc-Griffe […]

  8. C’est vrai que j’ai tendance à me perdre dans les détails de construction de l’univers quand j’écris un truc complexe et fouillé. J’aime bien ton idée de colonne vertébrale. La trame centrale de mon dyptique est plutôt claire dans ma tête, donc là j’en suis à la réécriture et j’avais commencé une sorte de syno en résumant chaque scène, mais j’ai douté de l’intérêt et de la methode, j’ai trouvé ça trop pénible et j’ai arrêté. Peut-être devrais je en refaire une mais moins détaillé, c’est ça qui est dur, le choix. C’est pas ce que demande pas mal de maison d’édition d’ailleurs, le synopsis résumé ? Pourrais tu nous donner un exemple concret de deux scènes résumés stp ?
    J’avais aussi fait une sorte de code alphabétique pour chaque scène, dans l’idée de pouvoir les deplacer ou les supprimer plus facilement, mais j’ai douté de l’utilité et j’ai arrêté, penses-tu que c’est important de faire ce genre de découpage? As tu déjà testé quelque chose de similaire ?

    Pendant que j’y suis, si t’as une sorte de méthode ou de grille de relecture pour la réécriture ça m’intéresse beaucoup 🙂

    • Effectivement, ce n’est pas évident de résumer chaque scène ! Paradoxalement, je ne m’en fais jamais trop quand je bosse sur mon synopsis de travail car je m’autorise quand même de légères transgressions lors de l’écriture à proprement parler (encore heureux !)/. Pour ta première question, il faut bien faire la différence entre le synopsis de travail et le synopsis de soumission, ce sont deux outils très différents. Le synopsis de travail n’a pas vocation à être « sexy », alors que le synopsis de soumission (de loin, le plus pénible à rédiger…) est là pour dévoiler complètement l’intrigue à l’éditeur… Pour l’exemple que tu me demandes, est-ce un extrait de synopsis de travail ou de soumission ?
      En ce qui concerne le code alphabétique de chaque scène, on en revient au problème du liant que j’évoquais dans l’article. Le liant n’est pas seulement une colonne vertébrale, il est aussi le motif qui est omniprésent dans une oeuvre, à mes yeux du moins. C’est pour cette raison qu’il est délicat de déplacer des scènes « mécaniquement » (même si c’est possible). En ce qui me concerne je déplace peu de scènes, j’ai surtout tendance à supprimer les séquences inutiles pour aller à l’essentiel. C’est amusant qu’on en parle car justement je tenais beaucoup à un passage dans mon synopsis, que je suis en train d’abandonner parce qu’il ne fait pas progresser l’intrigue et en plus, il arrive comme un cheveu sur la soupe. Pour la méthode de relecture ou réécriture, je ne saurai trop te conseiller, si tu ne le connais pas déjà, le forum d’écriture Cocyclics, spécialisé dans l’imaginaire. LE forum qui a changé ma vie et a permis à de nombreux écrivains connus d’être, par la suite, publiés : :https://tremplinsdelimaginaire.com/

      • oh oui je ne vois pas trop non plus l’intérêt de déplacer des scènes puisque oui y’a une cohérence propre, c’était plutôt un choix prévisionnel pour aider à la révision du texte, soyons fou avec l’éditeur par ex, mais en fait tu as raison si c’est cohérent c’est inutile. Je crois aussi que ça a été un moyen pour moi de me préparer à l’idée que le texte peut être soumit à de rudes changements !
        Ah en effet je pensais pas que le synopsis de travail et de soumission étaient différents, donc ce serait le syno de soumission qui m’intéresse 🙂 et encore mieux, les deux mon capitaine ! pour voir les différences 😛

        sinon oui je connais cocyclics mais j’ai pas l’envie de m’y impliquer, j’ai un esprit assez indépendant et je préfère faire mes révisions et réécritures de mon dyptique quand ça me chante, en alternance avec des nouvelles, quitte à y passer trois ans ! après j’ai la chance d’avoir trouvé une correctrice pour ce que j’écris donc ça déjà c’est trop bien 😀 et puis c’est encore un peu trop un chantier pour le présenter à d’autres personnes 🙂
        Je parlais fiche de relecture car un conseillé littéraire en avait mis une sur son blog mais c’était assez obscur, voilà. Et toi maintenant, tu n’es plus sur cocyclics non ? Comment fais-tu pour la réécriture ? Cela dit, tu n’y es pas encore, mais t’as du apprendre des astuces, comme faire le syno avant 😛

        • Ok 😀 Pour mon synopsis de soumission, je te donne la version 17 (oui, tu as bien lu…). C’est la toute dernière version du synopsis du tome 1, pour info la version 1 faisait 10 pages, était incompréhensible, il a fallu tailler à mort… Résumer mon tome 1 est l’une des choses les plus complexes que j’ai effectué dans ma vie, et de loin… Ca venait probablement de l’effet trilogie.

          Tu peux télécharger le fichier ici, il est tel quel, avec les fautes et coquilles éventuelles, je ne l’ai jamais retouché 🙂 AVIS A TOUS : ATTENTION, LE FICHIER DEVOILE TOUTE L’INTRIGUE DU TOME 1. FUYEZ PAUVRES FOUS !
          https://www.dropbox.com/s/3p9wifhvnk76kvh/synopsisV17.pdf?dl=0
          Je l’ai envoyé à de nombreuses maisons d’édition (Hachette, Gallimard…). En réalité il était plus ou moins différent selon les maisons d’édition (quand il fallait être court je virais la partie « contexte ») mais c’est la version basique

          EDIT : je n’ai pas réussi à retrouver mon synopsis de travail, mais en fait c’était une sorte de synopsis de soumission très épais en beaucoup plus incompréhensible ^^ Je crois que je l’ai effacé quand j’ai senti que le tome 1 était terminé, et que j’avais surtout besoin d’un synopsis de soumission.

          Voici également (séquence émotion) le pitch que j’ai raconté de vive voix à Stéphane Marsan, mon éditeur, lors de mon entretien au speed dating littéraire des Imaginales 2013, je le connaissais par coeur… C’est ce résumé qui l’a intrigué. Tu noteras qu’un vrai pitch, c’est juste les deux premières phrases de ce texte maximum, mais je n’ai pas pu m’empêcher de lui donner le plus d’infos possible, sachant que je n’avais que quelques minutes pour le convaincre 😀

          Un jeune orphelin à la recherche de son père rencontre un vieux pirate désabusé qui n’a jamais réussi un abordage. Ils partent à la recherche d’un trésor légendaire à bord de l’Escroc-Griffe, un navire manœuvré par un équipage haut-en-couleur : un colosse narcoleptique, un cuisinier hypocondriaque, un canonnier fou…
          Les pirates naviguent à la surface du Monde-Fleur, un monde doté de huit pétales qui se referment chaque soir, et amènent une nuit sans étoiles. Au milieu de ce monde s’étend le Royaume des Mers Turquoises, un océan sur lequel vivent deux races. Deux mille ans auparavant, les Hommes ont réduit en esclavage les Kazarsses, des hommes-iguanes. Les Hommes attribuent aux Kazarsses la responsabilité du Cataclysme, une catastrophe qui a causé l’apparition du Maelström, un gigantesque tourbillon. Depuis ce jour, les mousquetaires noirs de l’Église de Brôm détruisent les noiretefacts, des machines utilisées par les Kazarsses et créés par les mystérieux dieux Chénis. Il existe également un autre antagoniste, un personnage tragique appelé l’Amiral-Fantôme. Ce mort-vivant ne trouvera le repos que lorsqu’il aura fait pendre le dernier des pirates.
          Les Pirates de l’Escroc-Griffe vont traverser les Mers Turquoises pour chercher un trésor légendaire perdu dans les Terres Interdites, appelées ainsi parce que l’Église de Brôm cache un sinistre secret.

          PS : ça me fait vraiment drôle de partager ces fichiers « déclassifiés ». Autrefois ils étaient pour moi ultra-confidentiels car je craignais le plagiat 😀

          Dommage que tu aies tiré une croix sur Cocyclics, car c’est un tremplin idéal, une mine d’or d’informations et surtout une communauté attachante et passionnée, mais bon je n’insiste pas 😉 Je vais moins sur ce forum qu’avant, mais plusieurs membres sont devenus dans la vie des amis très proches (on se téléphone quasi-quotidiennement !), et on continue de se bêta-lire nos manuscrits comme au bon vieux temps 😉

          • Merci pour le partage de ce fichier hautement confidentiel ça me touche 🙂 ah oui deux pages lol c’est très court j’imaginais pas ça comme ça ! C’est bien de commencer par le contexte tiens, d’autant que c’est un peu complexe 🙂 normalement les explications de ton contexte sont disséminés le long de ton récit ? roh va falloir que je m’y mette moi, *un peu honte de ne pas encore avoir lu le tome 1*.

            • Hihi 😀 De rien ! Pour le contexte, effectivement on peut procéder comme tu dis mais comme tu l’as deviné, mon univers est tellement particulier que j’ai préféré suivre avec cette méthode, qui est aussi valable. Pour info, j’ai eu des refus argumentés très sympas de Gallimard et Hachette qui m’ont servi à améliorer le manuscrit lors des corrections éditoriales chez Bragelonne 🙂

  9. Bien, bien, bien… tout d’abord, bonne année mon ami.  
    Ensuite, tu as devant toi un ultra jardinier. un type (moi) qui ne fait aucun plan (jamais en 46 romans écrits).
    Mon plus long plan fut une feuille de papier A4. J’étais très longtemps inquiet de ça, je me disais, c’est pas possible, les autres font tous des plans, pourquoi pas moi.
    Je connaissais bien à l’époque Jérôme Bucy édité dans la même maison d’édition que moi, mais aussi chez Belfond. Lui agissait exactement comme toi… d’où mon interrogation. Et puis, j’ai lu Écriture de Stephen King qui avoue travailler comme moi (ou plutôt moi comme lui, restons modeste   ). Pas de plan, l’inspiration à la volée.
    En fait, je pourrais parler des heures de ma procédure d’écriture, bien moins simpliste qu’il n’y parait. Ainsi, quand j’ai commencé à écrire Néa, je ne connaissais pas la fin du tome 1, je n’avais aucune idée du tome 2 et 3, de ce qu’elle était vraiment. Je connaissais son pouvoir, j’avais en tête la première scène dans un marais, j’ai entamé l’écriture. Le reste est venu naturellement. Le roman aurait-il été meilleur avec un synopsis ? Peut-être, peut-être pas. Il n’y a aucune méthode bonne ou de mauvaise. La seule qui vaille est celle qui convient à l’écrivain, celle qui lui permette d’atteindre le résultat attendu (avec comme validateur, les lecteurs eux-mêmes).
    Moi, architecte, j’aurais déjà arrêté d’écrire. Trop long, trop contraignant, trop restrictif, j’ai besoin de découvrir, de vivre l’histoire, ses forces, ses faiblesses, de me surprendre moi-même. C’est ce qui me fait avancer. M’enlever ça, c’est m’enlever toute spontanéité.
    J’ai un ami, architecte dans l’âme. Il a commencé un synopsis, six mois après, il n’avait toujours pas écrit une ligne… depuis, il a abandonné l’écriture.
    Alors, aucun risque comme méthode ?
    Non, je ne vais pas te mentir, il m’est arrivé de me planter sur certains romans (toujours dans les tiroirs), mais qu’importe, j’ai tellement d’histoire à raconter, de récits à vivre…
    En tout cas, bravo pour ta rigueur, rigueur qui ne peut qu’amener un futur roman de qualité.

  10. Merci l’ami pour ton retour passionnant (et merci d’avoir eu la patience de commenter également sur Facebook !). Bravo pour ton talent ! Il y a également beaucoup de rigueur de ton côté, j’en suis persuadé. Comme le dit un proverbe bouddhiste, « qui parcourt une voie les parcourt toutes ». Je trouve ça génial que l’écriture permette autant de cheminements différents, l’aventure n’en est que plus belle… Grosses bises 😉

  11. Bon, eh puis moi, comme tu le soupçonnes, c’est un joyeux b..l ; avec des plans que je ne suis pas toujours (en fait je suis les plans proches : les trois ou 4 chapitres qui sont en vue, après… ben, je sais en gros où ça va, mais dire que c’est précis… ). Moi qui planifie plein de trucs dans ma vie (avec carnet, bullet journal, etc), je ne sais pas vraiment planifier mes textes. Quand j’écris, il y a souvent une idée nouvelle qui me vient, que je trouve bien meilleure que l’idée d’origine et qui s’impose. C’est l’enfer, en fait. Je t’envie.

  12. Ecoute, c’est que ça doit se passer ainsi 😉 En tout cas, ça n’enlève rien à la qualité de tes textes que j’adore ❤ J'ai constaté aussi qu'il y a quelque chose qui change au fur et à mesure qu'on écrit des bouquins : je trouve que c'est de plus en plus facile d'ordonner ses idées, un peu comme un cuisinier qui, au début de sa carrière, tâtonne avec ses recettes et suit scrupuleusement les consignes. Au fil du temps, il apprend de plus en plus à composer avec les ingrédients, quitte à en changer un au dernier moment. A mon avis c'est ce qui se passe avec le synopsis : au début c'est presque un cahier des charges contraignant, ensuite il devient juste un support qui permet d'être plus créatif…

    Vaste sujet dont on pourrait parler la nuit entière 😉

  13. Salut, oui je peux comprendre ce que tu ressens! J’ai besoin de connaitre le dénouement quand j’écris mes griffonneries, le mode jardinier, ça me transforme un peu en scénariste de «Lost»: je sais où je commence mais je sais pas où je vais, décider au fur et à mesure, au final ça finit par faire un méli-mélo de trucs pas très clairs (désolé pour les fans de Lost !)

  14. Hahaha 😀 Je te comprends, je suis fan de Lost, et même si je n’ai pas été déçu par la fin (je savais qu’il était IMPOSSIBLE que les créateurs de cette série terminent sur quelque chose de cohérent 😀 ) plusieurs choses m’ont chiffonné (y compris les mensonges des scénaristes au fil des ans !). Je suis devenu architecte par la force des choses… Tu écris de la fantasy ?

  15. Bonjour Escroc-Griffe, oui j’avais commencé de la fantasy, mais ça faisait trop tolkiennien (Tolkien est un peu ma divinité, bon tout fan de fantasy doit l’apprécier un minimum je pense), donc je me penche plus sur mon projet de roman SF/anticipation… Hélas avec les cours, le mémoire à rendre cette année je sais pas trop si je trouverai le temps :/

  16. Bonjour Sun Tzu, ah le temps, le nerf de la guerre de l’auteur, on en revient toujours à ça ! C’est vrai qu’à l’université ce n’est pas évident d’écrire, mais j’espère que tu trouveras une plage horaire satisfaisante ! Bon courage pour ton projet 😉

  17. […] Vous vous souvenez de cet article dans lequel j’expliquais que j’avais passé six mois à bosser sur le synopsis […]

  18. […] mois pour profiter pleinement du bonheur de sa venue. Quand je me suis enfin remis à écrire un synopsis, j’ai rencontré une difficulté de taille : je n’arrivais pas à me concentrer sur mon […]

  19. […] en substance Pierre Bordage. Lors d’un déjeuner à Epinal aux Imaginales, il affirmait que les romanciers se classaient en deux catégories : les structurants qui travaillent selon un plan, e…Pierre Bordage se définit volontiers comme scripturant, car il ne supporte pas de connaître […]

  20. […] un exemple et imaginons un synopsis (écrit avec les pieds faute de temps, désolé) qui s’appellerait… je ne sais pas, […]

  21. […] bien, ni mal. De la même façon qu’il est toujours intéressant de savoir si l’on est architecte ou jardinier, il est tout aussi utile de connaître ses limites, ne serait-ce que pour éviter le burnout. En […]

  22. […] avez insérer des images, des cartes, des photographies, des PDF… Mais à l’inverse, si vous n’êtes pas architecte mais jardinier, vous pouvez également vous servir de Scrivener comme d’un traitement de texte classique au […]

  23. […] ! Dans ces conditions, il doit absolument veiller à conserver le fameux liant. S’il est architecte, c’est plus facile, mais on ne peut occulter le fait que la vie se charge de bouleverser […]


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