Chappie


 

Si des scientifiques du futur tentaient de recréer un réalisateur à partir de l’ADN de James Cameron et de David Cronenberg, il est fort probable que l’hybride s’appellerait Neill Blomkamp. Cinéaste pétri de talent, le metteur en scène sud-africain est l’enfant terrible du cinéma de Science-Fiction des années 2010. Dès son premier film, District 9, il livre un incroyable film subversif sur l’apartheid. Le thème de la ségrégation revient dans Elysium, dystopie imparfaite mais ô combien bien plus aboutie que de nombreux blockbusters estivaux. Pour Chappie, Blookamp explore à nouveau des sujets qui lui tiennent à cœur en faisant preuve d’une efficacité redoutable avec une science sans conscience qui n’est que ruine de l’âme. L’histoire de ce robot est un véritable conte de fée cyberpunk, l’hommage poignant d’un geek à Ghost in the Shell, Robocop, Pinocchio, Apple Seed et Short Circuit !

Un bel hommage à Apple Seed

Un bel hommage à Apple Seed



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Un conte de fée ultra-référenciel aussi cruel qu’émouvant, qui nous questionne sur notre propre humanité : l’homme naît-il bon ? Blookamp semble le penser en nous dépeignant cet androïde profondément attachant, kidnappé par un gang violent. Chappie va être confronté à la jungle urbaine de Johannesburg, mais aussi au regard de son créateur. Le voyou qui prend le robot sous son aile est de prime abord un salopard habitué à la loi du plus fort, mais l’ingénieur qui a créé Chappie n’est-il pas tout aussi monstrueux ? On peut se poser la question tant le gain de la conscience est source de souffrance pour un être artificiel : la scène de la lapidation, bouleversante, est aussi poignante que certaines séquences d’I.A. du maître Spielberg.



 

Si on peut reprocher au long-métrage quelques raccourcis scénaristiques et des méchants parfois caricaturaux, il n’en demeure pas moins que Chappie est un film hallucinant, servi par des effets spéciaux fabuleux et un rythme trépidant. Du début jusqu’à la fin, le spectateur n’a de cesse de s’angoisser pour ce robot indestructible et pourtant si vulnérable. Oeuvre transhumaniste comme peut l’être la série Real Humans, Chappie est un conte touchant dans l’ère du temps : avons-nous le droit de créer des individus conscients susceptibles de souffrir ? Peut-on employer des robots pour assurer l’ordre ou mener des guerres contre des êtres humains ? Ces questions risquent de devenir de plus en plus brûlantes dans les prochaines décennies…

D’autres avis : Lhisbei, Anudar

Published in: on mars 10, 2015 at 11:41  Comments (7)  
Tags: , ,

The URI to TrackBack this entry is: https://escroc-griffe.com/2015/03/10/chappie/trackback/

RSS feed for comments on this post.

7 commentairesLaisser un commentaire

  1. District 9 offrait une belle réflexion, un peu trop noyée sous un déluge d’action en fin de film à mon goût. Mais Blomkamp prouve que action et réflexion peuvent cohabiter dans un film de SF grand public (je n’ai pas vu Elysium, je ne peux pas juger).

    Tant mieux si Chappie suit cette même ligne de conduite.

    Blomkamp est un réalisateur à l’avenir radieux, et maintenant il va se tourner vers Alien 5, miam… 😉

    • Oui, du coup avec cet essai transformé j’avoue être aussi affamé que toi ! 😀

  2. Je n’avais pas du tout aimé District 9, et j’avais été sacrément déçue par Elysium, même si l’histoire me bottait à fond au départ, donc je serais plutôt partie dubitative à propos de ce nouveau film mais je dois bien avouer que Chappie (chapo ? Pardon, c’était vraiment naze) m’intrigue beaucoup. J’adore la thématique des robots et de l’IA, donc je le note ! Peut-être que ce sera le film qui va me réconcilier avec le réalisateur. 🙂

    • Hahaha, ne t’excuse pas, ça se tente 😀
      Si tu n’as pas aimé les deux premiers films, je ne sais pas si tu vas vraiment apprécier ce nouvel opus de Neill Blomkamp… ça sera le film de la dernière chance 😉

      • Je suis allée le voir hier ! Et conclusion : je ne regrette absolument pas de lui avoir donné sa chance, malgré mes deux précédents échecs avec le réalisateur. J’ai beaucoup aimé, Chappie m’a bouleversée et j’ai trouvé Dev Patel excellent (bon, en revanche, Hugh Jackman et Sigourney Weaver ne servent pas à grand-chose selon moi mais bon, c’est bankable on va dire ^^). Bref, merci, parce que je crois que sans ton avis enthousiaste, je n’y serais pas allée !

  3. Oh je t’en prie, heureux que tu aies accroché, même s’il est clair que Hugh Jackman et Sigourney Weaver ne servent pas à grand chose ^^

    J’ai également été touché par cette belle fable, un véritable conte de fée moderne poético-trash ! Je réfléchis souvent à la thématique de l’Intelligence Artificielle, et j’avoue être de plus en plus réticent à l’idée qu’on puisse développer une technologie semblable. Contrairement à beaucoup de monde, je n’ai pas peur du syndrome Terminator, en revanche l’idée qu’on puisse créer des êtres innocents susceptibles de souffrir me révulse. En fait, je suis assez pessimiste sur la question : la guerre en Syrie et en Irak montre bien que les gouvernements occidentaux ont, et c’est bien normal, la hantise d’un assaut terrestre avec cela implique de pertes. Il y a de plus en plus de drones aériens de combat, et il est fort probable que cette robotisation des forces armées occidentales s’accélère…

  4. […] Commençons par Chappie de Neill Blomkamp (réalisateur de District 9 et Elysium). Ce film est bourré de défauts : problème de rythme, scènes bancales, scénario prévisible, manque de finesse dans la caractérisation des personnages (qui évoluent bien mais le spectateur a du mal à y croire quand même). La thématique du robot qui accède à la conscience a déjà été traitée et Neill Blomkamp ne révolutionne pas le genre. Du côté des acteurs, Dev Patel est parfait (rattrapez Indian Palace si vous pouvez ), Hugh Jackman réussit à être mauvais (en prime il réussit à paraître plus large que grand : trop de gonflette ça déforme et le short colonial ça enlaidit) et le talent de Sigourney Weaver est sous exploité. Malgré ces défauts, je reste admirative du travail de Neill Blomkamp : une image au rendu hyper réaliste, presque documentaire, une peinture en creux de la société et de l’avenir de l’homme, certaines scènes filmées du ciel qui sont exceptionnelles. Et par dessus tout, ce qui me scotche encore plus, c’est la foi inébranlable qu’il a en l’homme (qui rend sa rédemption possible), en la science, en l’avenir et l’espoir, même ténu, qu’il garde et chérit dans chacun de ses films (même si cet espoir ne concerne qu’une minorité). D’une certaine manière, Neill Blomkamp nous montre un chemin possible. Et rien que pour cela, j’ai aimé Chappie. Lire les avis de Anudar et Escrocgriffe. […]


Laisser un commentaire