… Je serai au stand Bragelonne de la Japan Expo ( D158 dans le Hall 5A), regardez comme il est beau ! Plus d’infos ici (merci à HV Gabriel pour les photos).
Les rencontres numériques Bragelonne
Me voilà donc invité au Rencontres numériques Bragelonne ! Je serai présent avec d’autres auteurs des catalogues Snark et Emma. Amis parisiens, j’espère que nous aurons l’occasion de nous voir !

Promo chez Bragelonne
Je profite de l’actualité de mon éditeur pour vous annoncer que jusqu’au 12 juillet, la version ebook des Pirates de l’Escroc-Griffe fait partie de l’opération » 3 ebooks pour le prix de 2 » sur toutes les plateformes numériques habituelles.
Comme vous pouvez le constater, je suis en bonne compagnie ! De plus, samedi 11 juillet, c’est le saturday book fever :
Euh, non, en fait c’est plutôt cette image :
Pour un jour, la version numérique de mon roman sera à seulement… 99 centimes, l’occasion idéale pour tester le format ebook ! Et découvrir les Mers Turquoises.

Les Pirates de l’Escroc-Griffe seront publiés chez Bragelonne !
C’est officiel, l’intégralité de ma trilogie va être publiée à partir du mercredi 18 mars ! Comme si cette bonne nouvelle ne suffisait pas, j’ai la chance et l’honneur de rejoindre l’éditeur de mes rêves, Bragelonne… Cette maison d’édition est connue pour avoir fait découvrir en France l’immense David Gemmel, Patrick Rothfuss et tant d’autres auteurs prestigieux : bien avant que Game of thrones ne devienne un phénomène de société, Bragelonne avait traduit en 2008 du George R.R. Martin. Aujourd’hui, on trouve dans son catalogue des géants tels que Stephen King, Arthur C. Clarke, Graham Masterton, Joe Abercrombie, Tim Powers, Raymond E. Feist, Clive Barker, Robert E. Howard, Peter Straub, Robert Jordan, Margaret Weis… Recevoir la confiance d’une si grande maison d’édition est extrêmement émouvant pour moi, d’autant plus que j’ai une histoire particulière avec elle. L’histoire d’une vie, en fait.
Comme bon nombre d’enfants des années 80, j’ai découvert la littérature de l’imaginaire avec Bilbo le Hobbit, Jules Verne ou H.G Wells. Le petit écran m’a aussi marqué : le mercredi après-midi, je ne manquais jamais un animé, en particulier les Trois Mousquetaires.
Bon, c’est vrai que les protagonistes étaient des chiens (!), mais sinon l’intrigue était fidèle à Alexandre Dumas, que j’adorais… J’aimais ce mariage entre fantastique, aventures et Histoire, et je me souviens avoir été impressionné par le pirate Rackham le Rouge du Secret de la Licorne.
Comme je ne savais pas encore lire, ces images étaient une source de frustration, j’avais envie de comprendre le texte qui accompagnait les illustrations, sans parler de tous ces romans de la bibliothèque familiale qui demeuraient inaccessibles. Quand j’ai appris à lire, un nouveau monde s’est offert à moi : je me suis mis à dévorer quantité d’ouvrages. C’est à cette époque que j’ai durablement été marqué par « les livres dont vous êtes le héros ».
J’en écrivais dans des cahiers (le premier s’appelait le Pays Maudit), et il m’arrivait même, lors des récréations, de raconter des « histoires interactives » devant mes camarades : je leur décrivais une situation, ils effectuaient un choix et j’improvisais la suite de leurs aventures… Je me sentais décalé car je préférais les monstres aux héros et rêvais de vivre des aventures comme dans l‘Île au trésor, la Guerre des Mondes, Vingt mille lieues sous les mers, Bilbo le Hobbit ou la Fameuse Invasion de la Sicile par les ours. Quand l’institutrice m’expliquait que les dragons n’existaient pas, j’éprouvais un mélange de tristesse et d’indignation. Je quittais alors ce monde ennuyeux en rejoignant la folle équipe du baron de Münchhausen sur la Lune. Je me demandais si mes grands-parents avaient vécu leur jeunesse dans un monde en noir et blanc, comme dans les vieux films, et à partir de quel âge on se transformait brutalement en adulte1. Tous les matins, j’essayais de déplacer un verre rempli d’eau par la force de la pensée. Pendant des années, je me lamentais sur la tragique extinction des dinosaures, les animaux les plus intéressants de la Création, et je me promettais de devenir explorateur afin de retrouver un plésiosaure dans le Loch Ness. Je passais des heures à essayer de localiser l’Atlantide sur une carte, et lorsque le chat venait me voir, je tentais durant le reste de l’après-midi de lui apprendre à lire… sans succès.
J’ai continué à m’évader durant l’adolescence avec Casus Belli, le Seigneur des Anneaux, le cycle du Champion éternel de Michael Moorcock (jeux de rôle oblige), H.P. Lovecraft (ah, L’appel de Cthulhu !), Anne Rice (et le World of Darkness), sans parler de Dune, Dragonlance, Dark Sun, la trilogie de l’elfe noir, Akira, la Tour sombre, Warhammer 40.000 ou bien encore la Croisade noire du Jedi fou. J’ai grandi avec ces univers au bord de la Méditerranée, regrettant que la Fantasy ne soit pas plus peuplée d’archipels infestées de pirates. Au cinéma, j’avais été impressionné par le film Pirates, que j’ai d’ailleurs toujours préféré aux Pirates des Caraïbes de Disney.
Dans les deux cas, ces aventures maritimes se déroulaient immanquablement sur Terre, et non dans un monde à la Donjon et Dragons, peuplé de monstres. Je canalisais ma frustration en imaginant des pirates dans mes parties de Star Wars, le jeu de rôle, ou des Eldars, les fameux Elfes de l’espace… J’inventais des univers pour mes amis comme le jeu de rôle les Huit Lances de Diamant, inspiré de mon premier livre dont vous êtes le héros, le Pays Maudit.
Plus tard, alors que j’étudiais l’Histoire à l’université, mes amis ont insisté pour que je lise Pierre Bordage, Serge Lehman et Roland C. Wagner. C’est à cette époque que j’ai réalisé qu’il existait une littérature francophone de genre contemporaine, très dynamique. Tiens… En 1999, j’écrivais mon premier roman, une œuvre fantastique inachevée, en partie rédigée lors de fouilles archéologiques non loin de Pétra, mais mon inspiration se perdit dans le sable du désert jordanien. La même année, je subissais de lourdes opérations pour me faire retirer deux tumeurs. Après tous ces événements, positifs comme négatifs, ce n’était pas seulement mon regard sur le monde qui avait changé, mais aussi mon écriture. Je réalisais qu’écrire demandait de la maturité.
Pendant ma convalescence, je me décidais à écrire des nouvelles pour le plaisir. J’avais beaucoup d’autres projets en tête, mais il m’était difficile de retrouver l’enthousiasme de mon premier roman. Essayer d’en écrire un autre me donnait l’impression d’être infidèle.
En 2000, j’étudiais encore à l’université lorsqu’un beau jour, j’aperçus dans les rayons de la Fnac une nouvelle collection de livres aux couvertures flamboyantes. Quel choc ! Qui pouvait bien publier de si beaux ouvrages de fantasy ? La maison d’édition s’appelait Bragelonne, en hommage à l’écrivain de mon enfance, Alexandre Dumas et son célèbre Vicomte de Bragelonne. Moi qui avait été élevé au Folio SF, je redécouvrais l’existence du grand format. Au-delà des illustrations, je me rappelle surtout de cette envie quasi-irrépressible d’acheter ces ouvrages juste en lisant les résumés, alléchants : les Orcs héroïques de Stan Nicholls, Richard Cypher et l’épée de vérité…
J’avais beau adorer cette maison d’édition, si quelqu’un m’avait dit que j’allais un jour, à mon tour, être publié par Bragelonne, j’aurais éclaté de rire ! Je n’avais même pas réussi à terminer l’écriture de mon premier roman…
En 2003, l’adaptation du Retour du Roi par Peter Jackson triompha au cinéma et remporta dans la foulée onze Oscars. Le Seigneur des Anneaux devenait un phénomène de société, au même titre que la Guerre des Étoiles. Savoir que le monde entier se passionnait pour l’Heroïc-Fantasy me rendait heureux, mais j’avais soif d’explorer d’autres rivages sans elfes, nains ou hobbits. Parallèlement, je réalisais que les histoires de pirates se passaient presque toujours sur Terre au XVIIe ou au XVIIIe siècle. Et si mon futur roman se déroulait au royaume des Mers Turquoise, avec ses hommes-iguanes réduits en esclavage ? Et si l’histoire tournait autour du capitaine Bretelle, un pirate qui n’avait jamais réussi un abordage ?
Ça y est, j’avais enfin un nouveau projet ! Pour m’ôter toute pression, je décidais de ne me donner qu’un seul objectif : terminer l’écriture du livre. Après l’échec de mon premier roman, inachevé, j’avais cruellement conscience que le défi n’était pas simple. Même si mon univers, le Monde-Fleur, était exotique, le récit devait rester une aventure dans l’esprit d’Alexandre Dumas. Je rédigeais donc chaque chapitre à la manière des feuilletons du XIXe siècle, avec les inévitables rebondissements et autres fins à suspens. Je me souviens qu’en 2005, l’année de mon premier voyage au Japon, je poussais le vice jusqu’à envoyer par mails des épisodes à mes amis qui attendaient une semaine pour lire la suite. Les mousquetaires noirs, les duels à la pistorapière, le cardinal Vélin, tous ces éléments constituaient des hommages à une époque romantique aujourd’hui révolue, mais aussi à la culture pulp, au steampunk, aux jeux vidéos ainsi qu’aux mangas. À mesure que j’avançais, je me rendais compte que je développais à travers mon équipage pirate, de façon inconsciente, une thématique qui me tenait à cœur : la quête du père, la famille, la différence, la tolérance, des sujets tragi-comiques que j’appréciais chez Wes Anderson (la Famille Tenenbaum, la Vie aquatique…). En 2010, j’avais enfin mon premier jet. Je n’avais plus qu’à le corriger. Naïvement, je croyais me rapprocher de l’édition…
Et puis, une nuit de mars 2011, alors que le sommeil me fuyait, je découvris sans le savoir le site qui allait changer ma vie : Cocyclics.
« La mare », comme l’appellent affectueusement ses membres, « les grenouilles »2. Un forum d’écriture créé par Syven (qui a ma gratitude éternelle), sur lequel on pouvait faire bêta-lire des textes, et en retour être bêta-lu. Et pourquoi pas, être publié par un éditeur partenaire comme Bragelonne ! Cette nuit là, je me pris à rêver d’une telle aventure… Au bout de quelques semaines passées sur ce site avec Fred, Gabrielle, Eric et bien d’autres grenouilles, j’avais plus progressé dans mon écriture qu’au cours des huit dernières années. Je réalisais alors qu’un premier jet ne constituait pas la fin, mais le début du voyage. Traduction : la première version des pirates de l’Escroc-Griffe était largement perfectible… Combien de fois je me suis félicité de ne pas l’avoir envoyée aux éditeurs !
Je passais deux années à me prendre des coups de fouet me livrer à des corrections acharnées. Grâce à ce forum virtuel, je nouais de solides amitiés bien réelles, dignes des trois mousquetaires… Je découvrais aussi que j’étais capable d’écrire d’autres bouquins (mais ceci est une autre histoire). En mai 2013, mon roman recevait enfin l’estampille Cocyclics, qui me donnait la possibilité de soumettre mon livre aux maisons d’édition telles que Bragelonne. Je reçus des retours positifs mais avant de me décider, je souhaitais attendre toutes les réponses. Sur les conseils de Pénélope Chester, j’allais aux Imaginales à Epinal passer le « speed dating ». Le principe était simple : chaque auteur disposait de quelques minutes pour présenter son projet à des éditeurs. Le jour J, je rencontre Pierre Bordage, avec qui je déjeune. Lorsque je lui annonce que je participe au speed-dating, il me dit qu’il va croiser les doigts pour les pirates ! Et quelques heures plus tard, le coeur battant, je me retrouve devant Stéphane Marsan en personne, le co-fondateur de Bragelonne… un grand moment ! Stéphane est enthousiasmé par le pitch du roman, on discute jeux de rôle… et il me demande de lui envoyer le tome 1. La suite, vous la connaissez…
Voilà pourquoi je suis si touché par la confiance que m’ont témoigné Stéphane Marsan et Claire Deslandes. Je ne remercierai jamais assez ces passionnés de l’imaginaire d’avoir cru en mes pirates… qui vont m’échapper pour vivre leur vie. J’ai aussi une reconnaissance infinie pour mes soeurs et frères de plume, les grenouilles de Cocyclics, qui m’ont encouragé durant toutes ces années, et une tendresse particulière pour Anne-Lorraine, mon âme-soeur, toujours là pour m’encourager. Le tome 1 sera disponible début 2015 en papier et en numérique dans la collection Snark, j’ai vraiment hâte de vivre ce moment avec vous !
EDIT 2016 : comble de bonheur, l’aventure s’est poursuivie avec une édition intégrale en grand format de ma trilogie, je raconte la suite de cette belle histoire ici.
1. Si quelqu’un connait la réponse…
2. Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai inventé la grenouille du capitaine Bretelle avant de découvrir la mare. Vous avez dit « destin » ?

Interview de Mathias Moucha, romancier aux éditions Bragelonne
Il y a plus d’un mois j’avais eu le plaisir de chroniquer Seuls, de Mathias Moucha. J’avais lu ce roman à l’époque où la collection Snark n’était encore que numérique. Comme Bragelonne vient d’annoncer que les livres sont enfin disponibles en deux versions, je profite de la sortie papier de Seuls pour recevoir ici même Mathias, qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions. C’est ma première interview, alors merci pour votre indulgence !
Bonjour Mathias, merci d’avoir accepté de monter à bord de l’Escroc-Griffe !
Bonjour, et bonjour à tous les lecteurs de ton excellent blog ! Oh, ça tangue ici, heureusement que je n’ai pas le mal de mer !
Seuls est ton premier roman. Qu’est-ce qui t’a poussé vers l’écriture ?
Eh bien, pour tout dire, c’est une histoire assez drôle en fait. Enfant, les mondes merveilleux me fascinaient, mais le déclic s’est produit lorsque j’ai vu à l’âge de quatorze ans le film Highlander : je voulais être un immortel et avoir un sabre ! Oui, même pour un ado, j’étais un peu puéril, je sais ! Cependant, comme je n’étais pas complètement débile, j’ai tout de suite compris que je ne serai jamais immortel… mais que je pouvais parcourir ce genre d’univers en racontant des histoires. Voilà, c’est ainsi que tout a commencé…
Depuis quand t’intéresses-tu à l’imaginaire ?
Depuis toujours. Les personnages qui m’ont marqué enfant se nomment Peter Pan, Luke Skywalker, Indiana Jones, Marty McFly, Arsène Lupin, le capitaine Némo… L’imaginaire, c’est l’enfance qui demeure en chacun de nous, non ?
Le fait que ton premier roman soit fantastique, plutôt que SF ou fantasy, c’est un choix délibéré ?
Non, un hasard. J’écris depuis très longtemps une saga de fantasy, et comme une saga c’est au bas mot 1000 à 1200 pages, je me suis dit qu’il serait peut-être plus sage de commencer avec un roman plus court, histoire d’apprendre un peu le « métier ». Et ce thriller fantastique convenait parfaitement à ce format.
Sans vouloir dévoiler l’intrigue, dans Seuls il est question d’une vieille paire de lunettes, un objet à priori banal… D’où te vient cette idée originale ?
Je voulais absolument écrire l’histoire de gens ordinaires, plongés dans une situation qui les dépasse. Dès le départ, l’idée était de les mettre en contact avec un objet d’apparence parfaitement anodine, mais qui bien sûr cache quelque chose de terrible. Une paire de lunettes faisait bien l’affaire, et avait l’avantage de porter en elle une symbolique forte.
Qu’est-ce qui te fait le plus peur dans une histoire ?
Me dire que cela pourrait réellement m’arriver. Moi qui ne suis ni flic, ni agent secret, et qui ne vis pas au fin fond de la jungle amazonienne ou en Irak.
L’intrigue de Seuls se déroule en République tchèque, un pays que tu connais très bien. Est-ce que ça a rendu l’écriture de ton roman plus facile ?
Oui, bien sûr. Placer cette intrigue en République tchèque me procurait deux inestimables avantages : d’abord, une certaine atmosphère se dégage naturellement de ce pays : Prague, la Bohème, l’Europe de l’Est, l’ancienne Autriche-Hongrie… et c’est primordial, l’atmosphère, dans ce genre de récit. Ensuite, j’ai la chance de bien connaître ce pays, y compris des lieux peu connus, ce qui m’a permis de décrire assez facilement les différents décors, du mobilier aux couleurs, jusqu’aux odeurs. Tout ceci me permettait de faciliter l’immersion du lecteur dans le récit, ce qui encore une fois est un point plus que primordial dans ce type d’histoire.
Le président de la République tchèque te convoque dans son bureau : il a peur que ton livre effraie les touristes, aussi te demande-t-il de vanter les mérites de Prague dans ta prochaine interview. Pourquoi cette capitale mérite-t-elle d’être visitée ?
Tout simplement parce que c’est une ville fabuleuse, avec une véritable âme, qui a magnifiquement résisté au temps.
Peux-tu nous parler de tes futurs projets ?
Je travaille sur une trilogie fantasy depuis de très nombreuses années. Le tome 1, Les Gardiens de la république, est achevé et en recherche d’éditeur, et j’écris actuellement le tome 2. C’est très différent de Seuls !
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
De toujours avoir d’aussi bonnes critiques ! Seuls est très bien accueilli et cela est vraiment gratifiant. Quand on lit dans une chronique qu’un lecteur n’a pas réussi à poser le roman avant de l’avoir terminé, on se dit qu’on n’a pas passé tout ce temps dessus en vain !
Merci d’avoir répondu à toutes ces questions !
Merci à toi, à tous tes lecteurs, et à tous mes lecteurs !

Les Foulards rouges épisode 1 : Lady Bang and The Jack
Bagne, planète-prison où le danger se cache partout, au cœur de chacun de ses sinistres habitants, et même derrière chaque goutte d’eau irradiée.
Lara est un Foulard rouge, une sorte de chasseur de primes qui est peut-être sur le point de réaliser un rêve fou : s’évader…
Après Fortune Cookies et Seuls, je continue mon exploration de la Galaxie Snark avec les Foulards rouges, la toute dernière œuvre de Cécile Duquenne, déjà auteur de Quadruple assassinat dans la rue morgue. Mon article est court car je n’ai eu le temps de chroniquer que le premier épisode de cette science-fiction qui s’annonce intéressante à plus d’un titre : comme il s’agit d’une série, elle bénéfice de plusieurs couvertures que je trouve toutes plus magnifiques les unes que les autres !
Rassurez-vous, le texte n’est pas en reste : dès les premières lignes, on rentre dans l’ambiance de cet univers baroque, à mi-chemin entre le western et le planet opera, aux côtés de Lara. Une femme forte à la personnalité torturée, qui n’aime pas tuer, mais qui est obligée de cacher ses failles pour survivre. La survie, tel est le maître-mot de cette histoire désespérée :
D’un simple coup d’œil, au-dessus du garrot, il remarqua le trou dans la cuisse, littéralement ; une balle passée à quelques millimètres de l’os.
Sur Terre, une blessure heureuse.
Sur Bagne, un arrêt de mort.
Un monde rude, qui martyrise les corps et les âmes : au bout de quelques années passées sur cette sinistre planète désertique, les habitants de Bagne font plus que leur âge, la faute aux radiations. La quête d’une eau pure est donc essentielle…
J’ai beaucoup aimé l’aspect steampunk de ce premier épisode : les francs Newton, les parties de poker sordides, les Smith & Wesson… et le Hubb, un camion doté d’une benne habitable, capable de parcourir ces paysages désolés. Pour moi, il y a aussi une atmosphère post-apocalyptique étrange, un mélange improbable entre les Mystères de l’Ouest et Mad Max, ainsi qu’un suspens qui m’a rappelé Silo. Petit plus sympa : le premier épisode est gratuit ! Au final, les Foulards rouges est un page turner en puissance, en espérant que la suite soit de la même qualité. Seul bémol : pour la version papier, il faudra attendre que tous les épisodes soient sortis en numérique dans quelques mois.

Seuls
Après Fortune Cookies, je continue à découvrir la nouvelle collection de Bragelonne, Snark. Au programme aujourd’hui, Seuls, un premier roman de Mathias Moucha qui va basculer progressivement dans le fantastique… et le drame.
Dans ce thriller surnaturel, on plonge dans un univers à la fois familier et étranger. Familier parce que Prague est une ville européenne hors du temps qui a échappé aux bombardements des deux guerres mondiales. Étranger, parce que la langue tchèque, que l’on retrouve dans les dialogues ou les titres d’ouvrages ésotériques, amène beaucoup de dépaysement et de tension : les personnages, de plus en plus paranoïaques, sont confrontés à un monde occulte qui les dépasse. J’ai aimé Stéphane, véritable écorché vif, toujours sur le fil du rasoir.Pendant un moment, on s’attend à un huit clos dans une maison sinistre, jusqu’au moment où l’intrigue s’accélère façon Dan Brown. Cet aspect conspirationniste m’a beaucoup plu même si, comme souvent dans les thrillers de ce type, l’allusion aux Cathares et aux Nazis semble être un passage obligé. Mais l’histoire est tellement haletante qu’on pardonne facilement ces facilités, pour découvrir un final plein de suspens. L’auteur apporte dans les dernières pages des réponses à certaines questions, mais j’ai apprécié le fait qu’il conserve un certain mystère, et pour cause : il n’y a pas pire monstre que celui qui demeure invisible ! Cette paire de lunettes présente une ironie dramatique énorme, un objet anodin qui permet de mieux voir, mais qui pourtant plonge nos héros dans les ténèbres.
Un court récit aussi simple qu’efficace, une atmosphère glaçante, un style pulp clairement assumé… Seuls me rappelle certaines histoires de Poe et de Lovecraft, celles qui vous laissent un arrière goût amer une fois la dernière page tournée.

La Voie de la Colère
Le général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l’Empire, mais il n’est plus aujourd’hui qu’un ivrogne échoué au fond d’une taverne. Alors qu’il raconte à une historienne ses exploits, un assassin sans visage se met à frapper au cœur de la République.
Le roman d’Antoine Rouaud est un véritable événement dans la Fantasy francophone et pour cause : il s’agit du premier livre de ce genre à bénéficier d’une sortie mondiale ! Stéphane Marsan a dit « c’est la plus grande découverte que j’ai faite depuis dix ans ». « La Voie de la Colère » est-il ce grand roman dont tout le monde parle ?
L’histoire commence dans une taverne de Masalia au temps d’une république balbutiante : une historienne retrouve l’ancien général Dun-Cadal. Le vieux guerrier aurait caché l’épée de l’Empereur peu avant sa chute. Alors qu’un assassin rôde dans la cité, Dun-Cadal raconte ses aventures passées avec un orphelin du nom de Grenouille, un jeune garçon qui n’avait qu’une ambition : devenir le plus grand des chevaliers.
Il est toujours très risqué pour un auteur d’alterner entre deux histoires, une au présent et l’autre via des flashbacks, car il y a un risque que le lecteur préfère l’une des deux. Antoine Rouaud ne tombe pas dans ce piège car on est rapidement happé par les deux intrigues, intimement liées : comment l’Empire a-t-il sombré ? Qui est ce mystérieux assassin qui rôde ? Ces questions n’en finissent pas de hanter le lecteur, qui enchaîne les chapitres. Lors de la première partie, Dun-Cadal a clairement eu ma préférence, au détriment de l’impétueux Grenouille. J’attendais avec impatience le milieu du roman pour savoir comment l’intrigue allait évoluer, car généralement la dynamique s’essouffle. Et j’avoue avoir été bluffé :
ATTENTION, CE PASSAGE RÉVÈLE DES MOMENTS-CLEFS DU LIVRE
avec un culot monstre, l’auteur dévoile l’identité de l’assassin (!) et change de point de vue (dans les flashbacks) pour adopter celui de Grenouille. La prise de risque ne s’arrête pas là : Antoine Rouaud se permet de revenir sur les événements de la première partie sans se répéter. L’émotion est au rendez-vous, car on comprend mieux certaines zones d’ombre.
Au-delà de cette (poignante) histoire de vengeance (les adieux entre Laerte et Esyld sont déchirants), j’ai adoré la structure adoptée, qui rappelle dans une certaine mesure le film Rashōmon d’Akira Kurosawa : deux points de vue différents battent en brèche la notion même de vérité. L’Empereur était-il un despote ? Un révolté qui change d’identité au point de combattre ses propres alliés ne devient-il pas un traître à sa cause ? Le fait que le protagoniste principal s’appelle « Laerte » est tout sauf un hasard. On pense au « Laërte » d’Hamlet, personnage tragique obsédé par la vengeance, mais aussi à Lorenzaccio : le héros romantique qui joue un double jeu, la lâcheté hypocrite de certains « républicains », la question du pouvoir… Antoine Rouaud revisite avec brio Musset, la Renaissance italienne et le mysticisme de la Guerre des Étoiles pour nous livrer un drame épique dans lequel les questions morales prédominent.
FIN DES RÉVÉLATIONS
Si l’univers de cette œuvre demeure très classique (le seul point faible selon moi), il n’en demeure pas moins qu’à la fin de ma lecture, j’ai eu envie de relire immédiatement ce livre pour mieux apprécier l’intrigue. En ce qui me concerne, c’est un signe qui ne trompe pas, « la Voie de la Colère » est un grand (premier) roman. Il restera dans les mémoires, qu’on se le dise !
